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Salle Jean-Grimaldi, (Cégep André-Laurendeau)
1111, rue Lapierre, porte #4 (coin boul. De La Vérendrye), LaSalle
514.367.6373
19 octobre 2008


Cyrano de Bergerac

Texte de Edmond Rostand
Mise en scène de Marie Gignac
Avec Normand Bissonnette, Serge Bonin, Frédérick Bouffard, Éva Daigle, Jean-Michel Déry, Hugues Frenette, Denis Lamontagne, Maryse Lapierre, Eric Leblanc, Jean-Sébastien Ouellette, Lucien Ratio, Ansie St-Martin (les comédiens peuvent changer)

Le récit se passe en France au XVIIe siècle au temps de la chevalerie. On rencontre Cyrano de Bergerac, valeureux homme d’esprit et d’épée affublé d’un nez démesuré qui, croit-il, l’enlaidit. Depuis toujours, il est secrètement amoureux de sa cousine Roxane, qui n’a d’yeux que pour le jeune Christian. Celui-ci, quoi que séduisant et courageux, est incapable de se déclarer auprès de sa douce. Il fait donc appel à Cyrano, ce rimeur intrépide qui, quoique désespéré, accepte d’aider son ami. Sous l’identité de Christian, il écrira les lettres à Roxane. La belle sera complètement séduite par la verve et la passion de l’auteur qui conservera ce lourd secret jusqu’au seuil de la mort.

«Pour sonder l’amour d’un homme, au physique disgracieux, pour une femme toute en beauté entichée d’un jeune homme vulnérable, un auteur a écrit à la fin du XIXe siècle la plus belle histoire du monde, celle de Cyrano de Bergerac.

C’est cette légende qui, tout jeune, a su me réconforter lorsque, doutant de ma propre image, je me plus à rêver à l’amour. Le petit Cyrano que j’étais aurait aimé vivre en puisant toute la force et toute la fougue en ce personnage. Car, honteux aussi de ce que j’avais à offrir aux regards, j’osais croire que la beauté fut ailleurs, en nos âmes, et qu’en cela, le temps me donnerait raison. Où j’en suis par rapport à cela, cela a peu d’importance, mais depuis, le temps m’a donné du coffre, de la vie.

Cette année, Cyrano ce sera moi. Puissiez-vous entendre ce texte comme à l’aube du langage, comme un murmure incertain et ainsi vous confondre en l’existence du plus célèbre Gascon. Puissiez-vous respirer du même souffle que lui et jouir de ce verbe et de cette truculence
à nulle autre pareille.»

Hugues Frenette
Comédien

Les concepteurs : Michel Gauthier, Virginie Leclerc, Stéphane Caron
Assistance Hélène Rhéault
Éclairages André Rioux

Une production du Trident

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Dates antérieures

Le Trident
Du 4 au 29 mars 2008
supplémentaires 16, 17 et 18 décembre 2008

par Magali Paquin

Comment résister à une plume imprégnée de l’encre sublime d’un amour aussi passionnel? Les cœurs ne peuvent que battre au rythme de celui de Cyrano de Bergerac, celui qui, affublé d’un nez enlaidissant, doit se contenter de conquérir pour un autre le cœur de sa belle cousine Roxane. Doté d’imagination, d’esprit et dévoré d’une passion d’autant plus brûlante que secrète, le héros panaché enfanté par Edmond Rostand a trouvé gloire et notoriété depuis 1897. Et cette production lui rend assurément honneur, augurant un succès aussi imposant que l’appendice nasal de l’indomptable amoureux.

La direction rigoureuse de la metteure en scène Marie Gignac prévient la confusion qui résulte souvent de l’entrecroisement de nombreux acteurs sur scène. Car treize comédiens et comédiennes se partagent ici une trentaine de rôles, qu’ils soient principaux ou de figuration, et dont l’interprétation est heureusement d’égale valeur. Mais c’est le talent de Hugues Frenette qui se révèle particulièrement saisissant dans la peau d’un Cyrano campé avec une formidable vraisemblance, justesse et truculence. L’acteur s’approprie le héros et lui octroie un souffle propre et original, défi admirablement bien relevé pour un personnage passé à la postérité sur la scène comme au grand écran. Lourd fardeau que de porter ainsi sur ses épaules le succès d’une pièce, mais quelle opportunité pour tout comédien! Gageons que cette performance sera soulignée lors du prochain Gala des Masques…

Marie Gignac apprécie manifestement les grands espaces scéniques. À la manière du Pirandello qu’elle a dirigé en 2005, le rideau est levé sur les coulisses, valorisant la vastitude de la scène tout en exposant en toute transparence les dessous de la pièce. Plusieurs changements de costumes se font au vu et au su du public, les comédiens attendent dans l’ombre leur entrée en scène et les projecteurs deviennent éléments du décor, se convertissant en lampions vacillants dans la nuit. Loin de souffrir de certains éclectismes, la pièce possède la grande qualité d’allier en toute harmonie le classique au contemporain. L’œuvre de Rostand, bien que remaniée et coupée par endroits, conserve sa cohérence et la puissance langagière d’un discours en alexandrins. D’autre part, le travail scénographique de Michel Gauthier a mené à la création de structures et d’escaliers de métal qui suffisent, par leur mobilité et leur polyvalence, à transporter le spectateur d’un lieu à un autre. La panoplie d’accessoires dont ces installations sont bourrées renverse leur apparente froideur. Si les superbes costumes de Virginie Leclerc collent à la mode vestimentaire de l’époque, la trame sonore de Stéphane Caron crée un pont temporel par l’originalité de ses notes discordantes, d’ailleurs insolites à la première audition.

Ç’aurait pu être un mauvais présage. Dès les premières minutes de la pièce, l’épée de Cyrano s’est rompue lors d’un duel en provoquant l’hilarité du public. L’incident fut habilement contourné par les comédiens et l’enchaînement fit rapidement oublier cette anicroche. Les applaudissements soutenus et l’ovation unanime et spontanée de la foule témoignent d’une réussite lumineuse. Malheur à ceux qui ne sont pas encore procuré de billets : Cyrano de Bergerac jouera à guichets quasi fermés jusqu’à la fin mars. Des supplémentaires sont cependant prévues… les 16, 17 et 18 décembre 2008. Hâtez-vous de réserver vos places.

08-03-2008