Du 16 septembre au 11 octobre 2008, supplémentaire 15 oct. 20h
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Marie de l'IncarnationMarie de l'Incarnation ou La déraison d'amour

Texte de Jean-Daniel Lafond en collaboration avec Marie Tifo
Mise en scène Lorraine Pintal
Avec Marie Tifo

Conçu à partir de la correspondance entre Marie Guyart dite Marie de l’Incarnation et son fils Claude, resté en France, ce texte trace un portrait émouvant de cet illustre personnage féminin venu s’établir à Québec, il y a 400 ans. Grande mystique et femme d’action, elle a marqué et changé le visage de cette ville.

Marie de l’Incarnation quitte la France en 1639 et fonde le Monastère des Ursulines à Québec. Bâtisseuse et pionnière mémorable, elle rédigea environ 13 000 lettres au cours de sa vie. Écrites à la plume, la nuit, à la lueur de la chandelle, ses lettres racontent des scènes pittoresques, croquées sur le vif. Sans contrainte, elle se révèle tout entière et l’on peut sentir son cœur de mère, d’amie, de moniale et de patriote vibrer à travers ses nombreux échanges épistolaires.

Jean-Daniel Lafond dépeint la force intérieure de cette remarquable aventurière et évoque, à travers sa vie, son engagement physique et spirituel. Côtoyant ce grand personnage depuis plusieurs années, Marie Tifo incarne cette femme extra-ordinaire, première vraie écrivaine en Amérique, à trois étapes de sa vie: enfant, jeune fille et femme engagée.

Scénographie: Michel Gauthier
Costumes: Catherine Higgins
Éclairages: Denis Guérette
Musique: Yves Dubois
Chorégraphie: Jocelyne Montpetit
Assistance à la mise en scène: Claude Lemelin

Une coproduction du Théâtre du Trident
et du Théâtre du Nouveau Monde,
en collaboration avec le Grand Théâtre de Québec

Trident - Grand Théâtre de Québec
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

par Isabelle Girouard                                                            

Marie Guyart naquit à Tours en 1599. Cette fille de boulanger traversera, 40 ans plus tard, l’immense Atlantique. C’est pour remplir les desseins de la couronne, c'est-à-dire de fusionner les nations françaises et amérindiennes, que le navire accostera sur nos côtes, à Québec, marquant ainsi le début de la conversion des « sauvages » à la foi chrétienne. Bien que nous rappelant le colonialisme et ses erreurs, la vie fascinante de cette mystique religieuse du 17e siècle nous est exposée de façon sublime à travers sa correspondance, importante source ethnographique de l’histoire canadienne. Enfant, elle eut déjà des visions, scellant ainsi un destin de femme vouée à l’amour de Dieu. Elle se marie en 1617 et donne naissance à un garçon, qu’elle aura seule à sa charge puisque son mari mourra deux ans plus tard. L’appel de l’invisible se fait indéniablement sentir : elle entre au couvent des Ursulines de Tours en 1631, confiant son fils à sa sœur. Sa vocation est d’aimer, d’éduquer et de convertir les âmes impures À ce moment, la France est désireuse d’élargir son territoire et soutient généreusement les missionnaires ; c’est ainsi que Marie Guyart ouvre son couvent d’enseignement en 1639 au Québec, où elle s’éteindra à l’âge de 73 ans.

Marie de l’Incarnation ou la déraison d’amour nous souffle la vie de cette femme par la narration de correspondance dédiée à son fils. C’est Jean-Daniel Lafond qui signe la reconstitution des écrits, faisant une pierre deux coups en présentant son long-métrage inspiré des écrits de la mystique, Folle de Dieu, tout ça dans le cadre du 400e de Québec.   Toutefois, on peut se demander comment le propos sera reçu et compris à une époque où colonialisme et catholicisme sont pointés du doigt. Il émane de l’œuvre théâtrale une puissance terrible qui n’est pas sans laisser le spectateur indifférent. Devant nous, une femme se livre à la lente ascension spirituelle, n’aspirant qu’à s’unir avec le divin. Il est intéressant de noter que les mystiques de l’époque vivaient leur foi non seulement dans l’ascèse, mais aussi à travers des épanchements passionnels, tel qu’on peut l’observer dans les écrits de Thérèse d’Avila. C’est cette force latente que nous recevons de Marie de l’Incarnation, force qui puise son origine dans la chair même. La relation qu’elle entretient avec son Dieu laisse libre cours aux exaltations amoureuses et au désir brûlant de faire corps et âme avec l’objet de sa passion. La mise en scène de Lorraine Pintal entretient vivement cette ferveur, en ne laissant rien de superflu, rien qui pourrait détourner l’attention du spectateur sur le personnage et son intériorité. En somme, auteur et metteure en scène semblent avoir voulu mettre l’emphase sur l’aspect idéaliste et exalté de la vie d’une femme religieuse, envoyant aux oubliettes l’aspect plus terre-à-terre de son existence. Ainsi rentrons-nous à la maison avec l’impression d’avoir vécu un moment d’une extrême poésie, un peu flottant.

Il convenait de garder pour la fin, comme un dessert,  quelques mots sur la présence de Marie Tifo. Judicieux choix ! Cette grande comédienne s’offre à nous une fois de plus, dans toute sa générosité et son émotivité, sachant parfaitement donner corps au personnage. D’ailleurs, on fit appel à la chorégraphe Jocelyne Montpetit, afin de préciser et d’enrichir le langage corporel.  

Quelle belle équipe que celle de Marie Tifo et Lorraine Pintal !

20-09-2008

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