Texte de Marie Michaud et de Robert Lepage
Mise en scène de Robert Lepage
Avec Robert Lepage, Marie Michaud et Tai Wei Foo
Parmi les nombreux personnages créés par Robert Lepage, un seul a connu un exil permanent: Pierre Lamontagne, ultime figure de La Trilogie des dragons qui, à la fin du spectacle, part étudier l’art en Chine.
On le retrouve vingt ans plus tard, en plein cœur de Shanghai, où il tient une galerie d’art. Vient à sa rencontre une amie, Claire Forêt, qu’il a connue dans une autre vie à l’École des beaux-arts. Publiciste montréalaise, attirée comme tant d’autres par la manne chinoise, elle jette un regard bien occidental sur l’existence de Pierre. Survient Xiao Ling, une artiste chinoise qui expose ses œuvres à la galerie de Pierre. Confrontée à des choix déchirants, la jeune femme renvoie Claire à de lointains espoirs inassouvis. Dans une Chine effervescente et paradoxale, la rencontre de ces trois personnages provoquera chez chacun des changements définitifs.
Après le succès foudroyant des pièces La Face cachée de la lune et Le Projet Andersen, présentées au Théâtre du Trident, Robert Lepage nous offre à nouveau sa dernière création: Le Dragon bleu. Lauréat du Prix Europe pour le Théâtre 2007, il signe, avec sa complice Marie Michaud, un spectacle qui porte sa marque unique, ingénieuse et hautement visuelle.
Scénographie: Michel Gauthier
Accessoires: Jeanne Lapierre
Environnement sonore: Jean-Sébastien Côté
Costumes: François St-Aubin
Éclairages: Louis-Xavier Gagnon-Lebrun
Conception des images: David Leclerc
Chorégraphies: Tai Wei Foo
Une Production d’Ex Machina en coproduction avec le Théâtre du Trident, Le Théâtre du Nouveau Monde, La comète (scène Nationale de Châlons-en-Champagne), La Filature, Scène Nationale de Mulhouse, MC2: Maison de la Culture de Grenoble. En collaboration avec le Grand Théâtre de Québec.
Trident - Grand Théâtre de Québec
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131
Conférence de presse - 10 décembre 2008
Gill Champagne accueillait Robert Lepage et Marie Michaud en conférence de presse, mercredi 10 décembre, au Théâtre du Trident. Après une tournée en France et à Los Angeles, Lepage, qui en est à sa septième mise en scène au Trident, nous présente Le dragon bleu, dernière figure née de la Trilogie des dragons. Il y incarne le personnage de Pierre Lamontagne, 20 ans plus tard, où il vit à Shanghai en tant qu’artiste. La pièce, coécrite avec sa complice Marie Michaud (qui interprète aussi le personnage de Claire Forêt, amie de Pierre), nous peint une Chine en plein bouleversement, à l’heure où les choix deviennent impératifs… Dans la mythologie chinoise, le dragon bleu est celui qui dort sous la neige, promesse encore floue d’un renouveau. Peut-être est-ce le troisième personnage de la pièce, celui d’une jeune artiste chinoise, qui incarnera ce printemps.
Selon les deux artistes, le portrait est plus authentique, plus vrai puisqu’ils ont réellement eu la chance de fouler le sol de cette lointaine contrée. C’est aussi l’occasion de parler du Québec d’une autre façon, ajoute Lepage, de mieux raconter notre pays, à travers un regard porté sur les choses étrangères.
par Isabelle Girouard
La dernière production tant attendue d’Ex Machina, Le Dragon Bleu, est enfin arrivée sur la scène du Trident. Liée à la Trilogie des Dragons, qui fut présentée pour la première fois par le Théâtre Repère en 1985, la pièce aura d’abord été l’objet de séances de travail en juin 2007, puis fut tournée en France presque un an plus tard avant d’atterrir dans la capitale. Elle résulte du travail d’écriture de Robert Lepage et de sa complice Marie Michaud, ainsi que de l’apport de la jeune comédienne chinoise Tai Wei Foo venue s’ajouter au duo.
C’est le personnage de Pierre Lamontagne (Lepage) partit étudier en Chine que l’on retrouve 20 ans plus tard, en plein cœur de Shanghai, où il tient maintenant une galerie d’art. Son amie Claire Forêt (merveilleusement interprété par Michaud), qu’il a connue aux beaux-arts, est de passage au pays pour une raison bien précise. Ces retrouvailles en pays étranger feront surgir bien des confrontations et d’anciens sentiments, mais ouvriront en même temps la porte sur un chemin insoupçonné. En effet, le personnage de la jeune artiste chinoise, Xiao Ling (Tai Wei Foo), viendra modifier le cours de choses.
La Trilogie des dragons et Le Dragon bleu ont été inspirés par la mythologie chinoise dans laquelle les quatre dragons –le vert, le rouge, le blanc et le bleu- symbolisent les saisons. Le dragon bleu est associé à l’hiver, il dort sous la neige. Il représente la mort et incarne la renaissance. Ce sera probablement le troisième personnage, cette jeune artiste, qui viendra fermer la boucle des saisons, au milieu de cette Chine effervescente et moderne. D'ailleurs, c’est avec un point de vue plus réaliste sur le lieu, plus vrai, que Lepage fait évoluer ses personnages, puisqu’il y est vraiment allé. Ainsi, le choc des cultures a bel et bien été vécu. Le recul est évident, et ce qui résulte de cette probable réflexion est merveilleusement mis en scène dans la représentation. En somme, si on se sent tout de même en terre étrangère dans Le Dragon Bleu, reste que les lunettes québécoises à travers lesquelles on regarde sont bien prononcées. Loin de nous la Chine exotique qu’on se surprend parfois à imaginer…
Mais n’allons pas croire que le spectacle manque d’audace ou de spontanéité. Lepage est fidèle à lui-même, et nous surprendra plus d’une fois par son inventivité.L’ingéniosité de la mise en scène, marquée par l’usage des technologies (certains mécanismes motorisés, par exemple) est notable. L’histoire entière est soutenue par ce support, mit en scène à travers le ludisme et l’humour tranquille que l’on reconnait à l'artiste. Cependant, la poésie de cet ensemble est malheureusement ombragée par le manque de maitrise des supports techniques. Certains changements de scènes sont interminables et carrément dérangeants, sans compter les maladresses parfois très bruyantes des techniciens. Espérons que l’équipe saura s’adapter rapidement aux difficultés engendrées par les choix de mise en scène.
Il est de convenance de dire que Le Dragon Bleu est une force tranquille qui dort, dans tous les sens du terme.