La face cachée de la lune Avec Yves Jacques
La Face cachée de la Lune présente deux frères confrontés à la mort récente de leur mère. André est un ambitieux annonceur de météo à qui tout réussit et Philippe, un perpétuel étudiant au doctorat, fragile, incertain et toujours sans emploi. Profondément touchés par cette perte, ils prennent conscience de tout ce qui les sépare mais aussi de la relation fraternelle qui les lie. En toile de fond, se dessine la course vers la Lune entre les Soviétiques et les Américains.
Après avoir présenté les dernières créations théâtrales de Robert Lepage, Le Dragon bleu et Le Projet Andersen, le Théâtre du Trident vous offre La Face cachée de la Lune. Cette célèbre œuvre québécoise, créée au Trident en 2000, avait alors connu un véritable succès et remporté de nombreux prix. Cette fois-ci, Yves Jacques interprète les deux rôles joués à l’origine par Robert Lepage.
Manipulations Éric Leblanc
Conception
Adam Nashman, Peder Bjurman, Pierre-Philippe Guay, Laurie Anderson, Marie-Claude Pelletier, Bernard White, Marie-Chantale Vaillancourt, Pierre Robitaille, Sylvie Courbron
Une production d’Ex Machina en coproduction avec le Théâtre du Trident et en collaboration avec le Grand Théâtre de Québec
Trident - Grand Théâtre de Québec
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131
par Odré Simard
Onze ans après sa création, la reprise de La face cachée de la lune est un cadeau formidable que le théâtre du Trident offre à ses spectateurs pour célébrer ses 40 ans. Robert Lepage étant devenu une icône internationale, c’est une chance de pouvoir encore assister à ses créations dans sa ville natale, Québec. Malgré les années qui ont défilé, la pièce n’accuse aucune ride et demeure toujours aussi fascinante et émouvante. Interprété à l’origine par Lepage lui-même, ce solo de deux heures et quart, sans entracte, est interprété depuis maintenant quelques années par Yves Jacques, qui y démontre tous ses talents. Le comédien pourrait se voir décerner le titre « d’athlète théâtral », tant son jeu relève presque de l’exploit.
Deux frères au tempérament des plus opposés confrontent l’abyme qui les sépare à la suite du décès de leur mère. L’un est un annonceur météo homosexuel, intransigeant et à qui la vie réussit, l’autre est un éternel étudiant candidat au doctorat en philosophie de la culture, pessimiste et prisonnier de son incapacité à avancer. Parallèlement à cette brisure familiale, nous assistons en trame de fond à la course à la lune entre les Américains et les Soviétiques, un sujet primordial qui se retrouve dans la thèse de Philippe. Il nous est donc présenté, dans cette œuvre touchante, l’importance du lien fraternel en opposition avec le rêve de l’infiniment grand, la fuite vers un ailleurs qui nous fait oublier la petitesse de l’être humain.
Lepage n’a pas construit sa renommée sur du vent, car, même si on a déjà vu La face cachée de la lune ou encore regardé la version cinématographique, nous ne pouvons qu’être fascinés devant cette œuvre très solide, à l’histoire bien fignolée et aux images puissantes. Avec brio, Yves Jacques glisse constamment dans la peau des deux frères et réussit sans contredit à nous faire croire à leur existence propre. La scénographie est à couper le souffle, tant au niveau de l’ingéniosité déployée qu’à celui de l’efficacité des transformations de la scène au service de l’histoire. Le ludisme dans la réutilisation des multiples objets scéniques est toujours un vrai régal pour le spectateur; une planche à repasser qui devient à la fois plusieurs instruments de mise en forme physique ou bien une motocyclette, ou encore un cercle vitré qui devient soit une porte de machine à laver, un hublot de fusée, une horloge, un bocal de poisson rouge, etc.
La face cachée de la lune reste un véritable plaisir pour les yeux et une réflexion sur l’existence, sur la nécessité de savoir reconnaître et considérer ce que nous avons de plus important dans la vie.