L'effort désespéré d'un homme qui plonge en lui-même pour s'arracher à la douleur et se libérer de la dépendance amoureuse.
Des mots évocateurs, de la musique cuivrée, une peine d’amour… Il n’en fallait pas plus pour inspirer l’homme de théâtre qu’est Robert Lepage. Ce spectacle s’inscrit dans une trilogie de ses pièces solo. Précédé de Vinci (1986) et suivi par Elseneur (1998), Les Aiguilles et l’opium, dont la création remonte à 1991, puise sa source dans les univers du poète et dramaturge français Jean Cocteau (1889-1963) ainsi que du compositeur et trompettiste américain Miles Davis (1926-1991). Robert Lepage livre ici une nouvelle mouture de cette œuvre qui a été couronnée de succès partout sur la planète.
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Scénographie : Carl Fillion
Costumes : François Saint-Aubin
Éclairages : Robert Lepage
Musique : Jean-Sébastien Côté
Projections : Lionel Arnould
Assistance à la mise en scène : Normand Bissonnette
Accessoires : Claudia Gendreau
Assistance aux éclairages : Bruno Matte
Crédit photo : Hélène Bouffard et Stéphane Bourgeois / Design : diese.ca
Mardi au samedi – 20 h
Les deux derniers samedis à 16h - 5 et 12 octobre
Dimanche 16h, entre la 2e et la 3e semaine - 29 septembre
Vendredi-causerie 20 septembre
Mardi avant-scène 24 septembre (Assistez à une entrevue intimiste avec un des artistes de la production. Dès 19h15, dans le Foyer de la salle Octave-Crémazie)
Coût : entre 35$ et 55$ selon les jours et les forfaits
La pièce sera aussi présentée au TNM du 6 au 31 mai 2014
Production Ex Machina en coproduction avec le Théâtre du Trident et le Théâtre du Nouveau Monde
par Élisabeth Dugas
C’est sur la scène du théâtre du Trident que Marc Labrèche reprend la barre de la pièce Les Aiguilles et l’opium, de Robert Lepage, après l’avoir joué près de deux cents fois à travers le monde il y aura bientôt dix ans.
D’une séquence à l’autre se succèdent Robert, un comédien québécois de passage à Paris, Miles Davis, grand trompettiste en peine d’amour après avoir quitté sa Juliette Gréco, et Jean Cocteau, illustre poète français, qui adresse une lettre enflammée aux Américains à la suite d’un séjour à New York. C’est à travers les thèmes de l’amour, de la drogue, de l’art et de la vie qu’ils se lancent, sur scène, dans une valse jazzée, entre 1949 et 1989, au cours de laquelle leur fil de vie en viennent presque à se toucher.
Lepage, reconnu pour sa capacité à utiliser chaque espace que la scène puisse lui offrir, nous offre cette fois un décor pivotant, à trois surfaces, sur lequel images et animations sont projetées, apportant cette touche spéciale de finesse, autant dans les grandes lignes que dans les moindres détails, qui nous permet d’apprécier pleinement la beauté de son génie scénographique. Le metteur en scène franchit ainsi les limites de l’esprit pragmatique pour le sortir de sa zone de confort et l’immerger dans son monde à lui, un monde où flotter dans l’univers, entre le temps et l’espace, n’a rien d’impossible.
Marc Labrèche, entre l’humour et la douleur en tant que Robert et entre l’intellect et l’excentricité en tant que Cocteau, livre une interprétation impeccable, à la hauteur des espérances. Flottant tel un acrobate, suspendu dans les airs, la tête à l’envers, ou en suivant les mouvements du décor, il donne à son public une décharge d’émotions avec autant de sincérité et d’intensité qu’il a de générosité.
Sur la musique de Miles Davis, accompagné de sa trompette, le danseur-acrobate Wellesley Robertson III offre lui aussi une performance touchante et sans fautes, dans sa personnification du musicien.
Après avoir fait preuve d’une telle précision et rendu justice à une mise en scène brillante, mais physiquement éprouvante, les deux comédiens ont reçu une ovation et des éloges du public qui furent bien mérités.
On ne pouvait s’attendre à rien de moins. Du grand Lepage!