Arrivée au bout d'une vie ratée, une septuagénaire ressasse les moments marquants de son existence.
Ce texte met en scène Albertine, un des personnages phares de l'univers de Michel Tremblay. Albertine, en cinq temps c’est l’histoire de toutes les femmes, celles qui foncent tête baissée devant l’adversité, celles qui cherchent le bonheur dans le regard des autres ou celles qui acceptent leur sort avec résignation. Si on pouvait parler à la personne que nous avons été, que lui dirions-nous ? Quel bilan peut-on tracer de sa vie ? Sans aucun doute, une des œuvres les plus touchantes de Tremblay.
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Scénographie : Michel Goulet
Costumes : Sébastien Dionne
Éclairages : Denis Guérette
Crédit photo : Hélène Bouffard et Stéphane Bourgeois / Design : diese.ca
Mardi au samedi – 20 h
Les deux derniers samedis à 16h - 1er et 8 février
Dimanche 16h, entre la 2e et la 3e semaine - 26 janvier
Vendredi-causerie 17 janvier
Mardi avant-scène 21 janvier (Assistez à une entrevue intimiste avec un des artistes de la production. Dès 19h15, dans le Foyer de la salle Octave-Crémazie)
Coût : entre 30$ et 50$ selon les jours et les forfaits
La pièce sera aussi présentée au TNM du 11 mars au 5 avril 2014
Coproduction Le Trident - TNM
par Geneviève Décarie
Albertine, en cinq temps, l’un des textes phares de Michel Tremblay, a vieilli sans prendre une ride et nous offre à voir un drame bien contemporain, malgré son écriture datant de 1983.
Sous les yeux des spectateurs, Albertine, 70 ans, découvre son nouveau chez soi après avoir été ramenée à la vie suite à une surdose de médicaments. C’est alors qu’Albertine 60 ans, accroc aux narcotiques, Albertine 50 ans, enfin libre de vivre sa vie, Albertine 40 ans explosive de rage et Albertine 30 ans, prête à exploser se matérialisent à ses côtés. Sa sœur, Madeleine, accompagne Albertine 30 ans, mais tente également de jongler entre les nombreuses Albertine et leur caractère de feu.
L’histoire est d’autant plus tragique puisque nous voyons les différentes Albertine ignorantes de la vie qui se profile devant elles. Albertine 30 ans ne sait pas que sa fille mourra lorsqu’elle sera dans la cinquantaine après qu’elle l’aura elle-même reniée, que cela la fera sombrer dans les médicaments, qu’elle en mourra et qu’elle sera réanimée pour se faire placer dans un foyer pour personnes âgées. N’est-ce pas là l’un des drames, mais aussi la beauté, de la vie humaine? Personne ne sait de quoi demain sera fait. D’être confronté pendant une heure trente aux différentes étapes entrecroisées de la vie d’une seule femme remet en question nos attentes par rapport à la vie et nos façons d’agir. Albertine, en cinq temps, par sa vérité et sa sensibilité, touchera le plus froid d’entre nous.
La mise en scène de Lorraine Pintal est dure : il n’y a pas de dentelle autour de ce drame. Tout est dit, tout est vu tel qu’il doit l’être. Les moments plus tendres ou plus drôles, généralement amenés par Albertine 50 ans (Marie Tifo), n’arrivent pas à éliminer l’impuissance et le sentiment de malheur ressenti en étant spectateur de cette histoire. Les jeux de chœurs ajoutent aux nombreux cris du cœur du personnage.
Le jeu des actrices est tout simplement remarquable. Il est impossible de dire que l’une d’entre elles brille davantage. Leur justesse, leur intensité, mais aussi leur sensibilité à jouer un texte difficile est désarmante. Parfois drôles, parfois criantes de désespoir, elles permettent aux spectateurs de ressentir leur malheur. De son côté, Lorraine Côté (Madeleine) réussit très bien à prendre la part qui lui revient. En tant qu’interprète de la sœur d’Albertine, elle dynamise les interactions entre Albertine 70 ans et ses doubles de différentes époques. Un tour de force que la comédienne accomplit avec succès.
Le décor de Michel Goulet permet de traduire en peu d’espace la galerie de la maison de la mère d’Albertine à Duhamel, le balcon de la rue Fabre à Montréal et le restaurant du parc Lafontaine. Au centre du décor, Albertine 70 ans se trouve au milieu de sa chambre. Les différents endroits, mobiles, avancent à ses côtés. La structure sur deux étages permet de différencier les lieux tout en les mettant en commun, ce qui facilite allègrement la compréhension.
Albertine, en cinq temps est un drame féministe, mais surtout un drame à grandeur humain. Sous ses airs de tragédie grecque, la pièce relate l’histoire d’une femme, intelligente, mais confinée à une vie qu’elle n’a pas choisie. Une pièce à voir pour les adeptes de théâtre québécois, pour les fins connaisseurs, mais aussi pour les néophytes désirant s’initier aux classiques de notre belle province.