À la suite d'une bataille victorieuse, Macbeth, chef de l'armée d'Écosse qui s'est distingué par son courage, sa persévérance et sa loyauté, rencontre trois sorcières qui lui prédisent qu'il sera Roi d'Écosse.
Macbeth fait part de la prophétie à son épouse qui, dévorée par l'ambition, va l'inciter à assassiner le roi pour prendre sa place. C'est alors le début d'un règne meurtrier où Macbeth, guidé par la peur, la culpabilité et la hantise de se voir déposséder de son trône, entreprend de faire assassiner tous ceux qui pourraient le lui ravir.
Marie-Josée Bastien assurera la mise en scène de cette tragédie considérée comme la plus puissante de Shakespeare. Macbeth pose la question du pouvoir en présentant le destin d'un homme et d'une femme qui sombrent progressivement dans la folie, tout en étant tenaillés par la peur, le remords et le sang versé.
Un drame shakespearien sur la soif du pouvoir qui vous tiendra en haleine.
Scénographie : Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes : Sébastien Dionne
Éclairages : Sonoyo Nishikawa
Musique : Stéphane Caron
Crédit photo : Hélène Bouffard et Stéphane Bourgeois
Mardi et mercredi 19h30
Jeudi au samedi 20 h
Les deux derniers samedis à 16h
Dimanche 16h, entre la 2e et la 3e semaine
Vendredi-causerie Tous les vendredis de la première semaine de représentations
Mardi avant-scène Tous les mardis de la deuxième semaine de représentations (Assistez à une entrevue intimiste avec un des artistes de la production. Dès 19h15, dans le Foyer de la salle Octave-Crémazie)
Coût : entre 30$ et 50$ selon les jours et les forfaits
Production Le Trident
par Francis Bernier
Macbeth, la pièce réputée comme la plus sombre du répertoire de Shakespeare a quelque chose de mystérieux et est à l'origine de la superstition la plus connue de tout l'univers théâtral. Beaucoup de gens évitent encore de prononcer le titre du spectacle, la croyance voulant que prononcer le mot Macbeth dans un théâtre porterait malheur, lui préférant le nom de Le Roi d'Écosse dans les pays francophones ou encore celui de That scottish play au Royaume-Uni. Mais à en juger par la production de qualité qui nous est offerte au Trident, il semble que la troupe de Marie-Josée Bastien n'ait pas été touchée par le mauvais sort shakespearien et offre ainsi l'une des pièces phares de la présente saison qui s'achève.
Nous sommes au Nord, entre la Norvège et l'Écosse, et Macbeth vient de sauver une fois de plus le trône d'Écosse en sortant victorieux d'une bataille sanglante. Sur son chemin vers la terre patrie, il croise trois sorcières qui lui prédisent qu'il sera bientôt nommé successivement thane (titre de noblesse du Moyen-Âge) de Glamis, thane de Cawdor et futur roi d'Écosse. Mais comment ces prédictions peuvent-elles s'avérer exactes si le Roi d'Écosse actuel, son propre cousin, est encore en vie? Après avoir fait part de ces révélations mystérieuses à sa femme Lady Macbeth, l’homme se retrouve aspiré dans une spirale de violence dans laquelle la soif du pouvoir alimente tout et où l'ambition n'a plus de fin, justifiant même les actions les plus immorales.
La mise en scène de Marie-Josée Bastien colle parfaitement à la grandiloquence du personnage de Macbeth. On joue ici dans la démesure, et ce, même si le tout est appuyé d'une esthétique très léchée, voire aseptisée. Le décor construit à partir de monticules et de panneaux d'acier brossé (Marie-Renée Bourget Harvey) crée un effet de froideur qui ajoute au sentiment d'inconfort sous-jacent à la pièce. Les effets de lumière imaginés par Sonoyo Kishikawa y sont d'ailleurs pour beaucoup dans la réussite de cette ambiance, chaque ton lumineux ajoutant emphase et profondeur au propos et aux actions des personnages. Le choix d'utiliser une trame sonore industrielle est particulièrement audacieux de la part de Marie-Josée Bastien, mais, finalement, cela colle étrangement bien à la pièce et à l'univers créé par la metteure en scène.
Le duo Macbeth et Lady Macbeth est solide ; Jean-Sébastien Ouellette, toujours juste, est épatant en Macbeth et offre un crescendo de folie très réaliste, tandis qu’Érika Gagnon mélange habilement grâce et démence dans son rôle de Lady Macbeth. Les combats à l'épée sont l'un des côtés les moins réussis par les comédiens du spectacle – une lacune souvent observée au théâtre. On n'arrive malheureusement pas à croire à ces fers croisés, ayant davantage l'impression d'assister davantage à une danse chorégraphiée qu’à un combat. Mis à part cette petite imperfection, toute la distribution est absolument éclatante de justesse et livre de belle façon un texte qui aurait pu s'avérer très lourd s'il avait été mal interprété. Mention spéciale à Jack Robitaille, Jean-Michel Déry et Christian Michaud qui assument leurs divers rôles avec beaucoup d'aisance.
Macbeth a su répondre aux attentes et s'avère une belle réussite. Une pièce sombre et épique de plus de deux heures trente qui n'est pas sans rappeler la célèbre série de l'heure Game of Thrones avec ses thèmes de meurtres et de trahison.