L'entrée dans le monde demeure un choc brutal, un moment imprévisible, parfois tragique, un moment où l’on vit des émotions fortes, un moment qui n’a rien de banal.
Venir au monde se présente comme une rafale d’accouchements, tous issus d’une cueillette de centaines d’histoires vraies.
Revivre une, puis plusieurs naissances. Explorer comment cette arrivée spectaculaire, animale, violente, gluante, intense, tout sauf banale, peut se révéler comme une catharsis.
Venir au monde se veut un spectacle qui donne envie de vivre plus fort, plus intelligemment, plus consciemment avec davantage de fougue, de courage, plus de soif et d’appétit. Ce spectacle est un appel d’air !
Une création d'Anne-Marie Olivier qui célèbre la vie, qui célèbre toutes les vies.
Section vidéo
Scénographie Ariane Sauvé
Costumes Karine Mecteau-Bouchard
Éclairages Jean-François Labbé
Musique Josué Beaucage
Assistance à la mise en scène Katia Talbot
Photo Stéphane Bourgeois & Hélène Bouffard
Mardi et mercredi 19h30
Jeudi et vendredi 20 h
Les samedis de la première et deuxième semaines : 20h.
Les samedis de la troisième et quatrième semaines : 16h.
Le dimanche entre la deuxième et la troisième semaine : 15h ;
À noter qu'il n'y a pas de représentation le mardi de la quatrième semaine.
Coût : entre 25$ et 60$ selon les jours, la pièce et les forfaits
Une production Le Trident, collaboration Bienvenue aux dames
La directrice artistique Anne-Marie Olivier clôt la 46e saison du Trident avec sa plus récente création, Venir au monde, une ode à la naissance et à l’importance des autres dans notre vie, mais qui ne convainc qu’à moitié.
Une nuit dans le nord du Québec, Élisabeth, une jeune femme au terme de sa grossesse, perd ses eaux. Son copain, Guillaume, est sur la ronde de nuit à la mine. Elle prend donc seule la voiture pour descendre à l’hôpital, à quelques centaines de kilomètres de la maison. Sur ce chemin où il n’y a que lacs, falaises et ciel à perte de vue, elle percute de plein fouet un orignal qui s’écrase sur le toit de la voiture. Judith, bonne samaritaine, s’arrête en voyant l’accident et appelle les secours. Arrivent alors Bob l’Amérindien, habité d’une violence sourde et ancestrale, Fanny, Simone, Poncho… des hommes et des femmes venus aider Élisabeth et son bébé à se sortir de la taule tordue. L’accident et la détresse d’Élisabeth les projetteront aux tout premiers moments de leur vie, celui de leur naissance, pour la plupart difficiles.
Si la prémisse est on ne peut plus intéressante, voire intrigante, l’exécution s’avère malheureusement souvent inégale et les situations, écrits à gros traits. Le jeu des comédiens, sur le lieu de l’accident, détonne – l’une crie, l’autre nage dans des réflexions presque mystiques, la principale intéressée se dit apeurée sans que l’on ne perçoive la moindre crainte dans sa voix ou son corps. Les flashbacks sont tous amenés par de courts monologues d’une poésie plus ou moins naïve qui vont jusqu’à diminuer ou même briser la beauté et la dureté du réalisme des situations. Certaines naissances soulèvent, pour leur part, un certain intérêt, font rire (notamment celle de Poncho), ou émeuvent sincèrement : notons celle de Bob, d’une mère qui ne veut pas de cet enfant, possiblement le résultat d’un viol, et celle de Simone, bébé prématuré, qui finit par prendre son premier souffle à la plus grande surprise de ses parents. L’une des grandes forces d’Anne-Marie Olivier et de Véronique Côté (à la mise en scène), duo qui en est à sa troisième collaboration, se trouve dans des moments précis qui dégagent une réelle et magnifique poésie visuelle. Cette scène, énormément touchante, en est un exemple flagrant : le poupon d’à peine quelques grammes, représenté par une bâche de plastique roulée en boule, se soulève et s’étend pour illustrer cette respiration grande et belle. La bâche reviendra d’ailleurs tout au long de la représentation, recueillant sang et eau, ou se trouant pour évoquer le sexe féminin qui se fend pour laisser passer la vie.
La scénographie d’Ariane Sauvé est stylisée, parfois froide. En plus du corps de l’énorme cervidé suspendu au-dessus de la scène, une énorme baie vitrée craquelée, comme un pare-brise géant, ferme l’arrière-scène, enfermant derrière elle la victime de l’accident. Hachurée, fracturée, rarement intégrale, limitant l’espace, créant atmosphères et espaces distinctifs, la conception d’éclairage de Jean-François Labbé vient superbement compléter la scénographie.
La pièce, qui aura ses défenseurs comme ses détracteurs, aurait pu être une puissante métaphore sur la création artistique, aussi remplie d’accidents que la vie elle-même. Pourtant, Venir au monde ne quitte jamais le sentier qu’elle balise au fur et à mesure des flashbacks qui se concentrent sur le don de la vie ; un chemin terriblement humain, certes, avec ses forces, mais aussi ses faiblesses.