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Du 17 janvier au 11 février 2017 - supplémentaire 7 février 19h30
Le songe d'une nuit d'été
Texte William Shakespeare
Traduction Michelle Allen
Mise en scène Olivier Normand
Avec Marc Auger, Josué Beaucage, Emmanuel Bédard, Hugues Frenette, Jean-Michel Girouard, Valérie Laroche, Mélissa Merlo, André Robillard, Patrick Ouellet, Jean-Sébastien Ouellette, Mary-Lee Picknell ainsi que trois acrobates

Par une nuit d'été, dans une forêt enchantée, Puck, sous les ordres d'Obéron roi des fées, va verser un filtre d'amour à Lysandre, amoureux d'Hermia, deux amants en fuite endormis l'un près de l'autre. Ces derniers, poursuivis par Dimitrius amoureux d'Hermia, mais également par Héléna amoureuse de Dimitrius. La situation devient rocambolesque quand à son réveil, Lysandre, aidé de la potion magique, tombe amoureux d'Héléna.  Entre-temps, Puck verse le même filtre à Titiana, reine des fées, puisqu'Obéron est jaloux d'un jeune page que sa femme éduque et souhaite ainsi créer la discorde dans leur couple. En parallèle se déroule au coeur de cette même forêt, la répétition d'une pièce de théâtre dirigée par Bottom, un tisserand, pour la célébration du mariage de Thésée, duc d'Athènes et Hippolyte, reine des Amazones...

Sous l'effet du filtre d'amour va régner alors une confusion de quiproquos, de poursuites, d'espiègleries, de drôleries dans un rythme léger et une ambiance festive. Une jolie balade féerique au fond d'une forêt étrange et spectatrice où se déchaînent des passions amoureuses. Un conte lumineux entre réel et rêve, où la réflexion majeure se porte sur la sincérité et la fidélité de l'amour.

Un grand classique revisité, une histoire sensuelle etmagique : une ode au désir.


Scénographie Véronique Bertrand
Costumes Virginie Leclerc
Éclairages Caroline Ross
Musique Josué Beaucage
Assistance à la mise en scène Katia Talbot
Photo Stéphane Bourgeois & Hélène Bouffard

Mardi et mercredi 19h30
Jeudi et vendredi 20 h
Les samedis de la première et deuxième semaines : 20h.
Les samedis de la troisième et quatrième semaines : 16h.
Le dimanche entre la deuxième et la troisième semaine : 15h ;
À noter qu'il n'y a pas de représentation le mardi de la quatrième semaine.

Coût : entre 25$ et 60$ selon les jours, la pièce et les forfaits

Une coproduction Le Trident et Flip FabriQue


Théâtre du Trident
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

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Critique





Crédit photos : Stéphane Bourgeois

On commence l’année 2017 en grand sur les planches du théâtre Le Trident avec Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Les attentes étaient très élevées pour ce spectacle mis en scène par Olivier Normand et force est d’admettre que la production répond à chacune d’entre elles. Pendant un peu plus de deux heures, dix comédiens, trois acrobates et un chanteur nous font vivre un grand moment de théâtre ponctué de magie et d’émerveillement. Une proposition audacieuse que l’on n’oubliera pas de sitôt.

L’idée de joindre le cirque au théâtre pour cette production en est une excellente et ajoute beaucoup au côté féérique de la pièce de Shakespeare. Olivier Normand avait dirigé le spectacle de cirque Crépuscule – Raviver les braises, produit par FlipFabrique et présenté à l’Agora du Vieux-Port  l’été dernier ; c’est aux mêmes artistes de cette troupe qu’il a fait appel quand il a eu l’idée d’inclure des éléments circassiens à sa nouvelle mise en scène. FlipFabrique enchaîne les chorégraphies et les acrobaties – essentiellement lors des transitions entre les scènes – en utilisant comme outils un trampoline chinois et un mât, disposés sur scène. Les mouvements de danse mariés à l’ambiance sonore superbe et colorée de Josué Beaucage procurent une atmosphère particulièrement éclatée à l’ensemble ; on oublie à plusieurs occasions que l’on assiste à l’une des plus grandes comédies classiques de Shakespeare.

Olivier Normand s’est manifestement amusé avec les nombreuses perceptions des personnages. Aussitôt la pièce commencée, le ton est donné lorsqu’on aperçoit Lysandre (André Robillard) endormi dans sa chambre, une pièce somme toute moderne qui est bien loin de ce à quoi ressemblait une chambre au 16e siècle – le songe du titre prend alors toute sa signification. Puis, le fait de créer une réelle différence dans les niveaux de langage crée un effet comique très intéressant. La troupe de théâtre amateur qui désire présenter une pièce de leur crû au mariage d’Obéron et d’Hyppolyta, formée des personnages  Flûte (Marc Auger), Bottom (méconnaissable Hugues Frenette) et L’Égoïne (Emmanuel Bédard), ont un fort accent québécois, à des lustres du français normatif normalement utilisé dans les pièces shakespeariennes traduites, et donc très loin de celui adopté par les autres personnages de la pièce. Dans l’univers d’Olivier Normand, Démétrius (Jean-Michel Girouard), l'un des amoureux, est un genre de douchebag à la gestuelle un peu adolescente, et Bottom devient un moustachu paddé qu’on pourrait croire venir tout droit de Vanier tellement il porte fièrement la coupe de cheveux caractéristique.

Toute la distribution brille de justesse ; on sent le plaisir des comédiens à interpréter leurs rôles, plaisir qui se transmet aux spectateurs dès les premiers instants du spectacle. Mentions spéciales à Hugues Frenette, tout simplement hilarant dans son personnage de Bottom, et à Patrick Ouellet qui signe un Puck survolté et qu’il a su mener de belle façon, et ce, sans tomber dans la surdose et le cabotinage. Mélissa Merlo, plutôt absente des scènes ces derniers temps, affiche une belle aisance et un potentiel comique très fort dans son rôle d’Hermia.

Rares sont les pièces de plus de deux heures sans entracte qui n'imposent pas de longueurs aux spectateurs. On en vient même à regretter qu’autant de scènes aient été coupées du texte original tellement le plaisir est au rendez-vous.

Olivier Normand signe une version très personnelle et audacieuse de ce classique monté et remonté au fil du temps. Le songe d’une nuit d’été fait incontestablement partie des meilleures productions présentées à Québec cette saison-ci. Un rêve éveillé qui aurait pu durer encore et encore.

24-01-2017