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Incendies
Du 6 au 31 mars 2018, supplémentaire mardi 27 mars 2018 à 19h30

Nawal a passé les dernières années de sa vie enfermée dans un silence inexpliqué. Elle laisse à ses enfants, Jeanne et Simon, un testament qui réveille en eux l’histoire de leur naissance : qui fut leur père, par quelle odyssée ont-ils vu le jour loin de son pays d’origine. En faisant remettre à chacun une enveloppe, destinée l’une à ce père qu’ils croyaient mort et l’autre à leur frère dont ils ignoraient l’existence, elle fait bouger les continents de leur douleur : des drames insoupçonnés les attendent, qui portent les couleurs de l’irréparable. Mais le prix à payer pour que s’apaise l’âme tourmentée de Nawal risque de dévorer les destins de Jeanne et Simon.

Pouvons-nous encore nous taire devant l'horreur de la guerre? Pouvons-nous rester humains devant l’innommable? Incendies nous confronte au feu du silence et à la parole qui libère. Il nous met en face d’un monde qui explose.

Incendies est une grande histoire d’amour et demeure un chef d’oeuvre incontournable.


Texte Wajdi Mouawad
Mise en scène Marie-Josée Bastien
Interprétation Charles-Étienne Beaulne, Lise Castonguay, Gabriel Fournier, Marie-Hélène Gendreau, Véronika Makdissi-Warren, Jean-Sébastien Ouellette, Nathalie Séguin, Réjean Vallée, Sarah Villeneuve-Desjardins, Dayne Simard


Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie Marie-Renée Bourget Harvey
Lumières Sonoyo Nishikawa
Musique Stéphane Caron
Costumes Sébastien Dionne
Assistance à la mise en scène Joée Lachapelle

Mardis et mercredi 19h30, jeudis au samedis 20h, certaines matinées à 15h e 16h le samedi ou le dimanche

Durée : 2h15 sans entracte

Avant-premières Mardi au dimanche
Adulte 40$ 45$
Ainés* 35$ 40$
Étudiants** 25$ 35$

Les taxes sont incluses dans les prix affichés, mais les frais de service (variant de 4 $ à 5,50 $ par billet) doivent être ajoutés.

Finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général, catégorie Théâtre (2003)
Meilleur texte francophone Prix Sony Labou Tansi / Prix des Lycéens (2004)

Production Le Trident


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Critique disponible
            
Critique

«L’incendie augmente, l’orient paraît tout en flammes ; à leur éclat on attend l’astre».
- Rousseau


Crédit photo : Marie-Claude Pion Chevalier

Deuxième volet de la tétralogie Le sang des promesses de l’auteur libano-québécois Wajdi Mouawad, débuté en 1997 avec Littoral, puis Forêts et Ciels, Incendies est une œuvre immense de la dramaturgie contemporaine québécoise. Créée lors du FTA en mars 2003, puis repris à de nombreuses reprises des deux côtés de l’Atlantique, voici que le Théâtre du Trident propose sa version, sous la direction d’une bonne amie de l’auteur, Marie-Josée Bastien.

Pièce sur la résistance, la résilience, le cycle de la violence, mais aussi, surtout, sur l’amour maternel, Incendies est écrite comme une quête identitaire sur les bases de la tragédie grecque. Une femme, Nawal Marwan, murée depuis 5 ans dans un silence étonnant, meurt, léguant à ses jumeaux, Jeanne et Simon, des lettres à remettre à leur père et leur frère inconnus. Simon refusera net d’accomplir les dernières volontés de sa mère, essayant plutôt de remporter ses combats de boxe amateur ; des combats qu’il perd systématiquement, ne connaissant pas la source de la violence qui l’habite. Jeanne, plus cartésienne, professeure de mathématiques pures, tentera de résoudre le mystère de sa mère. Elle partira vers le village natal de celle-ci, où tout a commencé. Ses découvertes, exceptionnelles, la déstabiliseront ; elle convaincra son frère de l’aider, et, ensemble, ils lèveront le voile sur leur propre origine.

Incendies n’est pas un texte à prendre à la légère : sa structure demande une dévotion et un abandon total des comédiens et des concepteurs. Marie-Josée Bastien a su prendre à bras le corps (et le cœur) ce texte qui résonne encore (trop) fortement. Pour illustrer la guerre, la désolation, Marie-Renée Bourget Harvey a imaginé, presque à la dernière minute (voir notre balado), une scénographie tout aussi spectaculaire qu’organique - des dunes de chaises, des passerelles de bois et du sable -, magnifiée par les éclairages de Sonoyo Nishikawa. Celles-ci, en plus de baigner le décor de diverses teintes d’orangé, créent des zones de jeu bien délimitées. Le carré de lumière devient ainsi un bureau ou une cellule de prison. Le public est transporté sans effort au cœur d’un pays de l’Orient déchiré par des guerres intestines. Pour illustrer la sensation de brûlure et de sécheresse incurables, l’eau ne fera son apparition qu’au début et à la toute fin de la représentation.

Avec courage et sans aucune retenue, tous les comédiens plongent tête première dans cette fable brutale. Sarah Villeneuve-Desjardins (rationnelle et touchante Jeanne) et Charles-Étienne Beaulne (Simon, d’une grande justesse) forment une solide fratrie sans pour autant qu’elle soit fusionnelle. Réjean Vallée interprète brillamment le truculent Hermile Lebel, notaire et exécuteur testamentaire de la famille ; par son optimisme, sa dévotion et ses expressions détournées et colorées, le personnage s’avère une soupape nécessaire qui vient alléger le propos de la pièce. Avec talent, Jean-Sébastien Ouellet incarne plusieurs personnages-clés dans l’histoire de Nawal. Dayne Simard joue l’amoureux adolescent de Nawal, alors que Marie-Hélène Gendreau, brune pour l’occasion, se glisse dans la peau de Sawda, l’amie indéfectible et combattante. Trois interprètes se partagent le rôle principal, toutes plus touchantes les unes que les autres. Si Nathalie Séguin (Nawal à 19 ans) s’avère stupéfiante, Véronika Makdissi-Warren (Nawal à 40 ans) impose une femme forte, mais emplie encore d’amour et de compassion. Lise Castonguay (Nawal à 60 ans) prend la relève d’Andrée Lachapelle (dans la version originale) avec une douceur et un sang froid indéfectible. Gabriel Fournier complète la distribution, jouant le franc-tireur et désaxé Nihad.

Lors de l’annonce de la saison 2017-2018 du Trident, deux questions en rapport à Incendies brûlaient toutes les lèvres : peut-on monter un texte de Wajdi Mouawad sans son apport à la mise en scène ? Et : est-ce pertinent de monter cette pièce en 2018 ? Marie-Josée Bastien a répondu haut et fort à ces deux questions : oui. Avec intelligence, audace et amour, elle a su embrasser ce texte et en proposer une version d’une grande puissance. Pour ce qui est de la pertinence, il suffit d’ouvrir les journaux pour s’en convaincre.

09-03-2018


 
Théâtre du Trident
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

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