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La duchesse de Langeais
Du 12 novembre au 7 décembre 2019

Confortablement attablée au bar d’un tout inclus défraîchi, celle qui se présente comme une des plus grandes stars mondiales, la duchesse de Langeais, vous parle directement, à cœur et à corsage ouvert, de tout et de tout le monde. Son langage est coloré, étonnamment cru et elle en a gros sur le cœur. Elle nous parle de sa vie, se délectant en nous livrant les plus croustillants détails. Hilarante, irrévérencieuse; on ne sait si c’est vérité ou fabulations, mais on reconnaît entre les lignes toute la souffrance d’un homme qui garde, envers et contre tout, une soif d’amour insatiable.

Michel Tremblay

Conteur, adaptateur, traducteur, scénariste, parolier, librettiste, metteur en scène et, bien sûr, auteur dramatique largement diffusé, au Québec et à l'étranger, peu de plumes auront marqué le paysage littéraire et théâtral comme celle de Michel Tremblay depuis près de cinquante ans. L’œuvre de Michel Tremblay comprend 28 pièces de théâtre, 27 romans, 5 recueils de récits autobiographiques et 1 recueil de contes, 7 scénarios de films ou de télévision, 1 livret d’opéra, 1 cycle de chansons et 2 comédies musicales ainsi que les paroles d’une douzaine de chansons. Michel Tremblay a été honoré de plus d’une soixantaine de prix, mentions et honneurs au cours de sa carrière. Nommé Chevalier de l’Ordre national du Québec en 1991, il recevait la Médaille de la Révolution tranquille en 2011, puis la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale, en 2012. En France, il est promu au grade d’Officier de l’Ordre des arts et des lettres en 1991 et décoré Chevalier de la Légion d’honneur en 2008. Tout récemment, il fut le récipiendaire de deux prestigieuses récompenses littéraires reconnaissant l’ensemble de son œuvre : le prix Prince Pierre de Monaco ainsi que le prix Gilles-Corbeil de la Fondation Émile-Nelligan.


Texte de Michel Tremblay
Mise en scène de Marie-Hélène Gendreau
Avec Jacques Leblanc, Keith Kouna, Fabien Piché


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Catherine Côté
Éclairages Keven Dubois
Musique Keith Kouna
Chorégraphies Alan Lake
Costumes Virginie Leclerc
Scénographie Julie Lévesque

Mardis et mercredi 19h30, jeudis au samedis 20h, dimanches à 15h et les deux derniers samedis à 16h

Durée : à venir

Mardi au dimanche
Adulte 52$
Ainés* 46$
35 ans et moins 52$
Étudiants** 39$

*Sur présentation d'une carte d'identité au moment de l'achat.
** Sur présentation d'une carte étudiante au moment de l'achat.
Les taxes sont incluses dans les prix affichés ainsi que les frais de service variant de 4 $ à 5,50 $ par billet.

Production Le Trident


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Critique disponible
            
Critique

En 2018, le Québec célébrait les 50 ans des Belles-Sœurs, le chef-d’œuvre théâtral de Michel Tremblay. Fait moins connu, la même année, l’homme du Plateau-Mont-Royal faisait paraitre un autre texte, qui jettera la base d’un tout autre pan de sa mythologie montréalaise, soit La Duchesse de Langeais. La pièce fut d’abord proposée en lecture au Festival ACTA de Vaudreuil, puis montée deux ans plus tard au Quat’sous par André Brassard, mettant en vedette Claude Gai. En 1996, c’était au tour d’André Montmorency de marquer l’imaginaire avec son interprétation de ce personnage emblématique de l’univers de Tremblay, dans une adaptation de Michel Duchesne.






Crédit photos : Stéphane Bourgeois

Au bar d’un hôtel chic du Sud, alors que tout le monde fait la siesta, la Duchesse, de plus en plus saoule, se vide finalement le cœur, un cœur brisé, mutilé, qu’elle croyait pourtant immunisé à l’amour. La souffrance que l’on cache derrière les plus belles robes ou les plus intenses parties de jambes en l’air finit toujours par éclater au grand jour.

Qu’a à dire, aux spectateurs de 2019, Édouard dit la Duchesse, ce « vieil » homosexuel, pris de vertige par une peine d’amour et une gloire passée qui semble totalement révolue? En plus du devoir de mémoire – la pièce a été très peu montée au cours des 50 dernières années –, la metteure en scène Marie-Hélène Gendreau, qui quitte un peu l’hyperréalisme pour aborder un style un brin plus éclaté, avait envie d’aborder avec ce texte la peur de vieillir, de mourir, la peur de l’oubli, du rejet. Et ces thèmes transparaissent tout au long de la représentation.

Tout en respectant le texte de Tremblay, Gendreau a su en extirper toute la douleur, le désarroi, la peur, mais aussi la beauté de ce personnage aux multiples deuils que Jacques Leblanc interprète avec panache.

Pour un personnage de cette envergure, où la vulgarité et la flamboyance flirtent sans concession avec les lettres et le savoir – il récitera des extraits de La ballade des pendus de François Villon ou encore de La dame aux camélias –, il fallait un comédien virtuose. C’est alors que Jacques Leblanc entre en scène. Enthousiaste, sans inhibition, mais sans jamais tomber dans la caricature ou le maniérisme exacerbé (qui est pourtant évoqué dans les didascalies de la pièce), le grand homme de théâtre s’approprie le personnage, se moule à lui pour nous faire comprendre toute sa gloire d’antan, son exubérance, mais aussi toute sa vulnérabilité et sa fragilité. Si, parfois, une prononciation plus lyrique ou plus classique de certains mots fait tomber le masque du personnage pour montrer un peu le visage du comédien, le jeu de Jacques Leblanc est sincèrement magistral.

À la Duchesse, Marie-Hélène Gendreau impose la présence d’un double, plus jeune, plus beau, ainsi que l’image de ses amants, dans le corps du danseur-performeur Fabien Piché. La chorégraphie d’Alan Lake emprunte aux mouvements et aux clichés du drag. Sexe, performance, force, féminité, masculinité, tout s’entremêle dans les gestes de Piché, jusqu’au duo avec Jacques Leblanc, vêtus tous deux d’un simple caleçon blanc. Dans un onirisme parfait, la chorégraphie vient dévoiler les rêves de tendresse, de soumission et d’abandon d’Édouard.

Pour les accompagner, le côté punk de Keith Kouna, qui signe au moins trois pièces musicales inédites, sied bien à l’ensemble, permettant à la Duchesse des années 60 de mettre un pied dans les années 2000. Pour laisser toute la place au monologue, Kouna et son complice Vincent Gagnon, au piano et à la batterie, se voient cantonnés derrière des portes vitrées, recouvertes de films Mylar pour se dérober aux regards du public quand ils ne sont pas dans la lumière. Un effet trompe-l’œil parfait qui s’ajoute à celui de « cabaret fantasmé » qui surgit lorsqu’Édouard raconte sa vie de débauche et de liberté.

Le mot « liberté » semble avoir été au cœur de cette création du Trident. Tout en respectant le texte de Tremblay, Gendreau a su en extirper toute la douleur, le désarroi, la peur, mais aussi la beauté de ce personnage aux multiples deuils que Jacques Leblanc interprète avec panache.

15-11-2019



Théâtre du Trident
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

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