Scénographique : Paul Livernois
Costumes : Georges Lévesque
Conception musicale : Pierre Labbé
Éclairages : Claude Cournoyer
Durée du spectacle : environ 55 minutes
Une production de L'Arrière Scène
Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211
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Dates antérieures
En première le dimanche 21 octobre à 15 h au Centre culturel de Beloeil, 600 rue Richelieu, 450-464-4772
Les Gros Becs
du 31 octobre au 11 novembre 2007
7 à 11 ans

par Magali Paquin
Alors que s’élèvent des chants arabes, le jeune Stanislas (Simon Boulerice) traîne les pieds sur le sol sablonneux de son nouveau pays d’adoption. Suite au décès de sa mère, le garçon s’est vu placé sous la protection d’un vieil homme (Gabriel Lessard), et déplacé de son confort occidental vers l’inconnu angoissant du Moyen-Orient. Hargneux et revêche, il fait la vie dure à son «esclave», tel qu’il se plaît à nommer son protecteur. Mais les murs de la ville ont des oreilles et surtout une voix, celle d’un enfant d’un autre âge (Richard Fréchette), emmuré il y a de ça des centaines d’années derrière la pierre et le mortier. Entre le vivant et l’esprit, débute un dialogue. Sébastien Harrison fait de son «Stanislas Walter Legrand» une rencontre entre la tragédie personnelle d’un enfant et un drame inscrit dans l’Histoire, autour des thèmes graves que sont la guerre et la souffrance du cœur.
Il semble que le metteur en scène Serge Marois ait un faible pour une poésie qui s’agrippe aux mots comme aux images scéniques, lui à qui l’on doit entre autres la singulière pièce «Les âmes sœurs» (saison 05-06 des Gros Becs). C’est par une muraille plissée et poussiéreuse, habitée par l’esprit d’un enfant, que s’exprime cette fois cette sensibilité. Mur des Lamentations, il pleure tout le sable de ses interstices. Mur de légendes anciennes, un cœur bat toujours en lui au rythme des souvenirs et des espoirs. Derrière la cloison diaphane, sont mises en lumière les parties d’un corps nu, alors que s’élève la voix profonde et grave de l’enfant sacrifié. Son histoire est tragique. Peut-être même trop. Elle secouera fortement le jeune Stanislas, l’extirpant de son irritabilité adolescente tout en l’incitant à concevoir autrement sa relation avec l’homme qui prend soin de lui.
Les moments de joie se font rares dans cette pièce qui étouffe sous la gravité de son propos et l’irascibilité du jeune protagoniste. Même les chauds éclairages qui ensoleillent la scène ne permettent pas de contrecarrer l’impression de froideur qui se dégage de la mise en scène, particulièrement figée et répétitive. Trop souvent campés face au public, les acteurs ne semblent pas interagir entre eux et restent cantonnés dans une interprétation superficielle de leurs personnages. Heureusement, le vieil homme attire la sympathie avec son optimisme inébranlable qui fait contrepoids aux impertinences de son protégé, tandis que son accent franglais éveille à l’occasion un sourire ou deux.
Il n’y a aucun doute que les enfants soient en mesure d’apprendre d’une pièce au ton grave, d’une poésie aux accents tragiques. «Stanislas Walter Legrand» ne bénéficie cependant pas de la chaleur nécessaire pour rendre moins lourd son propos. L’expérience peut donc s’avérer accablante, malgré la profondeur du texte et la beauté de ses images.
02-11-2007