(remplace Don Cristo Loco)
Texte et mise en scène : Jacqueline Gosselin
Collaboration à l’écriture et interprétation : Marilyn Perreault et Yves Simard
« Mister » Jerry, jongleur et illusionniste prodigieux, vous convie à une prestation
hors du commun. Mais il disparaît dans un nuage de fumée… Qui prendra la relève? Comptez sur son bras
droit, l’imperturbable Morgon, et l’accessoiriste H. Da! Humour insolite, déroutant mais profondément
humain. Attachez vos ceintures devant ces funambules des émotions.
Conseils visuels : Richard Lacroix / Réalisation des costumes : Marie-Soleil Lavoie
Direction de production et éclairage : Richard Piquet / Régie : Chloé Besner
Soutien dramaturgique : Maurice
Une production de DynamO Théâtre
Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1
par David Lefebvre
Au moment d'entrer en scène, Mister Jerry disparaît dans une explosion et une volute de fumée. Son assistant, Morgon, décide d'annuler le spectacle mais la régisseure et accessoiriste, H. Da!, décide de s'en mêler et de réaliser son rêve : participer au spectacle, avec toute sa bonne volonté et les erreurs et gaffes qui viennent avec. Enchaînant les numéros et les problèmes, Morgon se tournera souvent vers le ciel pour demander à son patron ce qu'il a pu bien faire pour mériter tout ça, jusqu'à ce que Mister Jerry se manifeste...
Après quelques dates au Gros Becs, à Québec, puis une tournée dans la province, en Espagne et en Angleterre, le DynamO Théâtre nous présente, après moi, moi, moi..., le spectacle pour clowns de théâtre Faux départs.
Véritable retour aux sources, Faux départs est un petit bijou de spectacle de clown. Provenant tout d'abord d'improvisations avec les comédiens (plus de 300 heures de travail et d'exploration), la metteure et scène et scénariste Jacqueline Gosselin a su respecter ce monde, où la précision et la minutie doivent ressembler à du cabotinage et de la maladresse, tout en rafraîchissant le genre. Par exemple, au lieu du sempiternel nez rouge bombé, les deux comparses ne font que se barbouiller le nez écarlate. Exit les habits de cirque, les deux interprètes sont habillés "normalement". Dès le départ, le spectateur est "confronté" au personnage de Morgon. En veston cravate, valise à la main, il attend le début du spectacle, bien droit en avant-scène, salue quelques personnes dans la foule. Le soir de la première, lors d'un speech pourtant sérieux donné par le directeur de DynamO Théâtre, il a su faire rire la foule avec quelques mimiques bien senties. Le langage oral qu'utilise les deux comédiens est inventé : mélange de français, d'allemand et d'italien, du moins à l'oreille, c'est surtout les intonations qui comptent pour comprendre le message. Bien entendu, ils sont épaulés par leur comparse à la sono, que Morgon "dirige" d'une main de chef d'orchestre, ainsi que l'éclairagiste. Sans être véritablement acrobatiques, les numéros sont splendides, amusants et bien orchestrés et synchronisés. Que l'on parle des valises volantes (numéro de jonglerie géant), de numéros musicaux (avec une trompette toute particulière ou un malaxeur (hommage au disparu sur l'air de "Ce n'est qu'un au revoir"), grâce aux restes verts et gluants de Jerry), du saut dans un verre d'eau, des lumières qui suivent partout le personnage, du tour de danse ou encore de la séance de spiritisme, le tout, parfois absurde mais toujours distrayant, dégage une énergie palpitante. La finale est touchante et fort réussie.
Nous pouvons ainsi distinguer avec plaisir le "clown rouge" et le "clown blanc". Le premier est synonyme de désordre, de maladresse, il est moqueur, farceur, et comprend tout de travers. L'autre est autoritaire, sérieux, mais aussi dansant, léger et grave. Il sait surprendre et distraire, il est intelligent et sage. Les deux pourtant s'équivalent dans leurs bouffonneries.
Yves Simard a un talent fou. Il n'a qu'à bouger un sourcil et tout le monde s'esclaffe : l'essence du clown émane de tout son corps. Marilyn Perreault est tout aussi excellente ; elle est convaincante, charmante et d'une soupçonneuse maladresse. Par contre, son énergie touche plus particulièrement les enfants que les adultes. La chimie entre les deux passe très bien, au profit du spectacle et de tous les coeurs d'enfants dans la salle.
Malgré (encore) quelques répétitions dans les numéros (puisqu'il y a eu modifications du spectacle au cours des derniers mois), l'équipe de Faux départs pourra dire qu'elle a fait franchement rigoler et fait passer un excellent moment aux adultes et aux enfants, et pratiquement dans cet ordre ...
par Magali Paquin
Au moment même où devait débuter sa prestation, le très attendu « Miiiiiisteeer Jerry! » disparaît dans une grande explosion. Malheur ! Morgon (Yves Simard), son assistant, se retrouve donc avec l’animation d’un spectacle sur les bras et, flanqué de l’accessoiriste H. Da! (Marilyn Perreault), tentera de s’en sortir tant bien que mal. Son assistante improvisée accumulera les gaucheries malgré son enthousiasme et sa bonne volonté, mais cela n’empêchera pas les deux rigolos de mener leur spectacle à bout, suite à de nombreuses péripéties, bien évidemment. Ces derniers évoluent dans un décor qui ne fait pas dans le flafla, principalement constitué de paravents bleus aux multiples facettes, parfois accompagnés d’une petite table ronde et d’un escabeau selon les différentes expérimentations clownesques. Les deux personnages optent aussi pour la simplicité au niveau vestimentaire. Outre les incontournables nez rouges, Morgon porte un simple complet-cravate et H. Da! une blouse brune et un foulard noué sur la tête. Deux clowns en civil, quoi.
Plusieurs trouvailles ingénieuses donnent lieu à des scènes amusantes, comme ce numéro où les restes en bouillie verte de Mister Jerry se retrouvent dans un robot culinaire, transformé pour l’occasion en instrument de musique. Sur le thème musical toujours, on s’amuse avec un entonnoir fixé à un long tuyau ou encore avec une grosse caisse dont la baguette se fait micro. Un plongeon dans un verre d’eau est presque tenté et l’on s’adonne également à de la jonglerie ou à une séance de spiritisme. Ces situations cocasses ne suffisent pourtant pas à masquer les nombreuses longueurs du scénario. Plusieurs scènes tardent à aboutir ou se répètent au-delà du plaisir de les rire ; les tortillements et les soupirs se font nombreux dans une salle majoritairement composée de pré-ados. L’invitation sur scène d’un spectateur adulte permet de rehausser l’attention des jeunes pour compléter le dernier quart d’heure, mais, comme dans plusieurs des scènes précédentes, demeure encore une fois l’impression d’une bonne idée non exploitée à son maximum une fois réalisée sur les planches.
« Faux départs » a par contre le mérite de présenter un visage méconnu du clown au jeune public. La gestuelle et la mimique sont fondamentales chez Morgon et H. Da! puisque ces deux hurluberlus ne parlent pas un mot -ou presque!- de français. Tout se joue donc dans leur capacité à rendre la situation uniquement par l’inflexion de leurs voix, leurs gestes et leurs grimaces. Et comme ils le font à merveille, cela vient tout à fait palier aux faiblesses du scénario et de la mise en scène. Ma fille de six ans et demi fut d’ailleurs un public des plus enthousiastes, au point où les autres spectateurs étaient plus souvent tournés vers nous pour la dévisager dans ses rires bruyants et incontrôlables, que vers la scène où se démenaient les deux clowns.
Là réside peut-être le secret du succès : pour des jeunes de douze ans, cette pièce clownesque semble manquer d’intérêt et est d’une facture trop enfantine pour capter réellement l’attention. Les enfants entre six et neuf ans, par contre, y trouveront un lot de mimiques et de situations loufoques suffisant pour les amuser pendant toute l’heure que dure le spectacle. Et si votre jeune invité est aussi transporté que l’était ma fille, la rigolade à vos côtés vous confirmera que cette sortie théâtrale était toute bien trouvée.