(dès 7 ans)
Texte : Grégoire Callies et Laurent Contamin
Mise en scène : Grégoire Callies
Interprètes : Gabriel Callies, Dorine Cochenet,, Yeung Faï, et Marie Vitez
À l’époque du Moyen Âge, Odyssée, une jeune orpheline, entreprend un périple en compagnie de Bernie. Leur route sera celle de l’histoire des idées, de l’Art et de la musique. Ce voyage nous fait traverser les siècles en leur compagnie alors qu’ils croisent de grands personnages de l’Histoire. Faites connaissance avec les de Vinci, Montaigne, Henry IV, Rousseau, Marie-Antoinette, Beaumarchais…
Depuis qu’il dirige le TJP, Grégoire Callies, auteur, comédien et metteur en scène, en a fait un lieu de référence dans la défense de l’art de la marionnette. Avec La Petite Odyssée, un voyage initiatique de deux jeunes adolescents à travers l’histoire, il explore le chemin qui va de l’enfant à l’adulte.
À Montréal du 4 au 15 novembre 2009
Scénographe : Jean Baptiste Manessier
Conception marionnettes : Yeung Faï
Création lumières : Christian Peuckert
Création vidéo : Manuel Hauss
Création son : Pascal Grussner avec la complicité d’Ismaïl Safwan
Durée du spectacle : environ 55 minutes
Production du Théâtre Jeune Public de Strasbourg (Strasbourg, France)
Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1
par Isabelle Girouard
Nous sommes en France, au Moyen Âge. La jeune orpheline Odyssée va faire la rencontre de son alter ego, Bernie. Ensemble, ils partiront à la découverte du monde, traversant des paysages de musique, d’art et de philosophie. À cheval sur la grande ligne de l’histoire, ils feront magiquement la rencontre des De Vinci, Montaigne, Diderot et Rousseau, autant de géants mus par leur curiosité et leur passion pour l’humain. Odyssée et Bernie se laisseront inspirer par cette liberté et vivront eux aussi, à leur manière d’enfant, ces grandes choses de la vie.
Le centre de diffusion de théâtre jeunesse Les Gros Becs souligne à sa façon le 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant en se mettant une fois de plus à la hauteur des touts petits. Cette fois-ci, c’est d’une production de Strasbourg qu’il s’agit, plus précisément d’un texte de Laurent Contamin et Grégoire Callies, ce dernier assurant aussi la mise en scène. Si La Petite Odyssée nous livre des trésors d’histoire de la France et de l’Italie, elle nous livre aussi l’art de la marionnette. Les magnifiques gaines et bunrakus ont été conceptualisés dans le souci de la tradition chinoise, par l’artiste et manipulateur Yeung Faï. Elles prennent vie sur un petit castelet mécanisé se transformant à mesure que l’histoire progresse. Le tout est installé dans un esprit très cinématographique, impression que viendront renforcer à certains moments des projections vidéo. Malgré les technologies utilisées, l’ensemble est plutôt statique, et les petits spectateurs assis plus haut dans la salle se sentiront probablement moins concernés par l’action. Il vaut la peine, cependant, de fournir un effort de concentration pour capter les subtilités de la manipulation des marionnettes, qui sont d’un réalisme ahurissant. On croira à ce monde minuscule dès les premières secondes, et on y prendra plaisir jusqu’à la fin assurément. Et la céleste musique de Bach (ici, les partitas pour violon) viendra agrémenter quelques scènes et transitions.
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Avec La Petite Odyssée, Callies s’adresse à des enfants dès l’âge de 7 ans. Le contenu est toutefois assez chargé et même parfois poussiéreux… ce qui peut nous amener, nous les adultes nord-américains, à réfléchir sur notre rapport à la culture et à l’histoire. Pas mauvais, mais que penser des enfants qui n’auront sûrement pas les référents pour saisir les subtilités intellectuelles ou les détails historiques mis en valeur par ces petits personnages? Attrapée au vol, la directrice artistique des Gros Becs, Louise Allaire, nous laisse sur cette ouverture : si le contenu n’est pas immédiatement intégré dans son ensemble, il fera sens un jour. L’enfant se nourrit de ce qu’on lui donne et petit à petit, il comprend d’où il vient, qui il est et quelle place il peut prendre parmi les autres. C’est à nous, parents, éducateurs, artistes, de lui donner cette ouverture sur le monde.
Alors, bon spectacle chers petits !
La petite Odyssée est en tournée au Québec : à Beloeil du 25 octobre au 1er novembre 2009 (représentations publiques du 29 octobre au 1er novembre, au Centre Culturel), à Montréal du 2 au 15 novembre 2009 (du 4 au 15 novembre, à la Maison Théâtre), à Québec du 16 au 29 novembre 2009 (du 19 au 29 novembre) et à Alma, du 30 novembre au 4 décembre 2009 (représentation le 3 décembre, à l’auditorium d’Alma).
par David Lefebvre
Dans le cadre des échanges croisés Alsace/Québec, le Théâtre Jeune Public de Strasbourg (maintenant appelé le Centre Dramatique National depuis 1991) foule pour la première fois les planches québécoises avec leur ingénieux périple historique, La petite Odyssée. Fin de l'époque médiévale ; Odyssée, 15 ans, perd le dernier de ses plus proches parents. Orpheline, elle décide de prendre sa vie en main et de partir pour la ville en accompagnant un marchand itinérant. Elle y fait la rencontre de Bernie, jeune comédien et chanteur, et décide, avec lui, de traverser les frontières et les époques à la rencontre de grands penseurs, de génies et d'esprits libres qui ont marqué surtout le 16e et le 18e siècle, en Europe. Odyssée est alors assoiffée de connaissances et veut apprendre à lire et à écrire. Débrouillarde, hardie, elle veut découvrir, encore et toujours. Elle participe aux réflexions de Léonard de Vinci, de Montaigne, assiste à la naissance des pourparlers de l'encyclopédie de Diderot et de Rousseau et de l'éveil collectif et du soulèvement du peuple dans les mots de Beaumarchais.
Émancipation, curiosité, musique, littérature, religion, liberté, humanisme, ouverture sur le monde, La petite Odyssée, de Grégoire Callies et Laurent Contamin, offre au jeune public un texte fleuve d'une richesse exemplaire. La pièce foisonne de clins d'oeil historiques et de liens ; la plus jeune clientèle aura du mal à tout saisir, alors que les plus grands souriront en coin ou s'esclafferont généreusement. Au Québec, on enseigne les grands penseurs européens que tardivement à l'école, voire au cégep. Alors qu’il est présenté aux 7 à 13 ans, le spectacle aurait pu, ici, être aisément adapté pour un public plus vieux, ou carrément adulte.
Du côté de la mise en scène, La petite Odyssée propose un savant mélange de classicisme et d'avant-gardisme. Pièce de théâtre de marionnettes essentiellement à gaine, elle nous rappelle l'époque des guignols qui divertissent l'audience, les manipulateurs étant postés derrière un castelet. Ici, la façade du castelet est un immense mur blanc, qui permet la projection d'images fixes et animées. Ces images ne prennent aucunement le pas sur les marionnettes, mais viennent au contraire prolonger le décor et renforcer le récit. Au milieu, la fenêtre rectangulaire est fermée par quatre panneaux coulissants indépendants, mécaniques, qui permettent d'offrir l'espace d'ouverture souhaité. Les changements d'accessoires des décors se font d'une manière très fluide. Quelques transitions sont assurées par le vol d'un oiseau, métaphore du voyage, de la liberté. Le tout octroie au spectacle une impressionnante dimension cinématographique, comme si un écran prenait place dans un autre écran. Les personnages restent étonnamment en place, alors que tous les accessoires bougent, donnant une impression de mouvement continu.
Les marionnettes sont d'une habile et minutieuse conception, sous la direction du maître Yeung Faï. Souples, faciles à manipuler, elles permettent aux marionnettistes une certaine rapidité d’exécution et une aisance au niveau des mouvements. Les vêtements de chaque personnage sont notamment soignés. Par contre, les détails des marionnettes sont si petits que l'on doit se concentrer pour bien les apprécier. Même si les bancs les plus éloignés ne sont pas disponibles aux spectateurs, concentrant ceux-ci à l’avant de la salle, le public posté à l'arrière n'entrevoit que sommairement la beauté du travail des artisans, et assiste au spectacle dans sa généralité plutôt que dans sa particularité.
Par contre, on ne rate aucun mot du texte de Callies et Contamin, grâce aux voix préenregistrées de plusieurs comédiens, et celles, amplifiées, des manipulateurs. L'ambiance musicale est composée des magnifiques sonates et partitions pour violons de Jean-Sébastien Bach ; elle sied à merveille aux propos du spectacle. Les mélodies du compositeur allemand accompagnent parfaitement Odyssée et Bernie dans leur parcours initiatique et culturel, harmonisant la pièce et permettant inconsciemment d’accepter tout autant l'intemporalité du texte que les ellipses.
Odyssée embarque, à la toute fin, dans la montgolfière de Delacroix, et part «accidentellement» vers les Amériques. La conclusion indique clairement et à notre grand plaisir au moins une suite aux aventures de la jeune femme. Selon Grégoire Callies, La petite Odyssée II et III sont maintenant créées et devraient tourner incessamment en Europe d'ici peu. On espère de tout coeur voir la deuxième partie au Québec, au plus tard en 2011.
La petite Odyssée est en tournée au Québec : à Beloeil du 25 octobre au 1er novembre 2009 (représentations publiques du 29 octobre au 1er novembre, au Centre Culturel), à Montréal du 2 au 15 novembre 2009 (du 4 au 15 novembre, à la Maison Théâtre), à Québec du 16 au 29 novembre 2009 (du 19 au 29 novembre) et à Alma, du 30 novembre au 4 décembre 2009 (représentation le 3 décembre, à l’auditorium d’Alma).