Deux hommes se retrouvent sur une plage avec, dans leurs mains, un cadeau. Le soleil est à son plus haut, et chacun a rendez-vous avec une femme qui... se fait attendre. Un dialogue se tisse entre eux pour passer le temps. Doucement, bercées par la voix d’une chanteuse, les banalités cèdent le pas à d’étonnantes connivences; les silences se transforment en sourires complices et les poignées de mains en jeux d’enfants.
Dans cette création, Serge Marois, directeur artistique de L’Arrière Scène, aborde avec simplicité et tendresse les liens privilégiés et déterminants qui nous unissent à nos mères. Une succession de magnifiques tableaux vivants défilent sous nos yeux, tel un album de famille qui, d’images en images, nous transporte dans un monde de douce contemplation.
Conception visuelle et sonore : Violaine Burgard, Sylviane Fortuny, Pierre Labbé, Georges Lévesque et Paul Livernois
Durée du spectacle : environ 40 minutes
Production : L’Arrière Scène (Beloeil) Centre dramatique pour l’enfance et la jeunesse en Montérégie
Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1
par David Lefebvre (Maison Théâtre, 2009)
En attendant maman
Simplicité et tendresse, voici les mots que nous retenons à la sortie de la Maison Théâtre, après la nouvelle pièce de Serge Marois, La robe de ma mère. Deux hommes se rencontrent sur une plage, près de la mer. Plusieurs parasols sont déjà en place, fermés, mais prêts à protéger du soleil les visiteurs et vacanciers. Les deux inconnus attendent quelqu’un, puis échangent quelques mots, et s'aperçoivent qu'ils ont beaucoup de choses en commun. Une connivence s’installe. Coïncidence ou jeu innocent de deux frères?
Portés et bercés par la voix fabuleuse de la mezzo-soprano Claudine Leroux, qui impressionne autant par sa technique de chant que par son registre, Gaston (Denis Lavalou) et Émile (Marcel Pomerlo) conversent par de courtes phrases économes, hachurées, des bouts de conversation qui, si nous sommes attentifs, racontent l'histoire d'une jeune fille devenue femme puis mère. Les deux hommes jouent, mangent, transforment la plage en un terrain de jeu et une scène où les souvenirs jaillissent et revivent pour quelques instants. Bien entendu, nous comprenons rapidement le lien indéfectible entre eux deux, puisqu'avec la notion de mère, vient celui de l'enfant. Ou plutôt des enfants. Jumeaux, Émile se sent "second", délaissé, assuré que l'autre est le préféré, le meilleur. Mais Gaston lui fait comprendre le contraire, qu'ils s'aiment et qu'ils s'acceptent tels qu'ils sont. Comme deux frères.
Pièce dépouillée, simple, La robe de ma mère nous accroche par la sensibilité de ses thèmes : liens maternel et fraternel et part d’enfance qui nous habite toujours. La scène reproduit une plage, au sol couleur de sable. Un grand écran éclairé d’un bleu azur donne l’impression d’un horizon de jour d’été. Une chaise longue, des accessoires (petits bancs, ballons, rouleau de polythène bleu pour imiter l’eau) et un piano viennent compléter le tableau.
La musique prend une place importante dans le récit mis en scène par Sylviane Fortuny. Autant la voix enchanteresse de Claudine Leroux peut nous séduire, autant le choix de certaines musiques pourrait faire décrocher certains enfants, moins sensibles au genre musical plus classique. Alors que des succès comme Les chemins d’été de Steve Fiset, lors d’une scène où les personnages se remémorent les balades en voiture, ou le hit de Janis Joplin, Me and Bobby McGee, lorsque les deux frères parlent des histoires d’amour passées de leur mère, viennent égayer l’histoire, d’autres moments, légers, comme un repas au spaghetti, sont étonnamment soutenus par des thèmes plus graves, empruntant parfois quelques notes à l’opéra.
Très joli hymne aux mamans, La robe de ma mère est une pièce lumineuse, ludique, teintée d’humour et d’amour, toute en finesse et élégance.