Paxo, Paccor et Piole, trois pingouins musiciens jouant sax, violoncelle ou accordéon diatonique, sont menacés d'extinction comme leur cousin traditionnel. Pravitch, le vieux concierge, reprend son rôle de dompteur pour redonner vie à ce cirque abandonné sur la banquise. La banquise survivra-t-elle à ces ardeurs?
Fable musicale sur les enjeux climatiques, orchestrée par Hadi El Gammal, "Banquise" souligne la folie des hommes en touchant le cœur plutôt que l'esprit. C'est toute la magie de la musique, également composée par Hadi El Gammal, et toujours présente dans les créations du Théâtre Maât qui nous interpelle. Les spectacles de cette compagnie de Bruxelles mêlent étroitement la musique au théâtre dans un élan festif où l'humour et la tendresse cherchent à l'emporter sur la tristesse et la violence.
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Scénographie et costumes : Nathalie Maufroy
Réalisation décors : Nathalie Maufroy, Florine Delory, Laure Cerbelaud
Création éclairages : Gaëtan van den Berg
Régie : Nicolas Fauchet
Maquillages : Virginie Berland
Durée du spectacle : environ 50 minutes
Production : Théâtre Maât (Belgique)
par Magali Paquin
« Pinguisky musicales » ! Orchestré par le vieux Anton Pravitch (Hadi El Gammal, également compositeur des mélodies), le cirque de la banquise reprend du service. Les pingouins musiciens Paccor (Jonathan De Neck), Paxo (Matthieu Moureau) et Piole (Hélène Blesh), après avoir quémandé quelques poissons séchés, font la démonstration de leur indéniable talent. Accordéon, sax et violoncelle retentissent alors entre les monceaux de glace, insufflant un air de fête au décor fait de cubes givrés. Le sympathique dompteur y met toutefois beaucoup d’ardeur, ce qui ne tarde pas à se répercuter sur l’environnement. Bientôt, la banquise s’effrite et s’écroule, mais l’Homme continue…
Banquise, une « fable musicale sur les enjeux climatiques » créée par le Théâtre Maât (Bruxelles), mise sur l’émotion plutôt que sur le discours pour sensibiliser les enfants aux périls du réchauffement planétaire. Il s’agit d’une pièce sans paroles, ou plutôt sans parole compréhensible puisque le vieux Anton baragouine un simili-russe et que les pingouins ne font que jaboter (mais ce, de façon étonnamment convaincante !). On peut toutefois douter que le jeune public saisisse de lui-même les intentions des créateurs ; la métaphore risque en effet de demeurer nébuleuse si une discussion avec un adulte ne vient pas dévoiler sa signification. Si cette pièce constitue une porte d’entrée à la fois opportune et ludique à un exercice réflexif, elle ne décevra pas non plus ceux qui cherchent avant tout un divertissement. Car si les glaces fondent, c’est surtout en raison de l’enthousiasme brûlant des petits spectateurs. La douce chaleur qui se dégage de la mise en scène (Christine Smeysters) vient tempérer la froideur (de circonstance) du décor, en mettant en valeur la beauté de la musique et la complicité tendre et comique des personnages.
Bien que les enfants rigolent de bon coeur, cela n’empêche toutefois pas les tortillements et les signes d’agitation dans la salle. Car la pièce a ses longueurs. Particulièrement dans la seconde partie, lorsque chaque volatile réalise son numéro solo pseudo-acrobatique, l’action traîne et s’étire au rythme d’une mélodie qui s’avère plutôt répétitive. L’âge minimum recommandé pour cette pièce est d’ailleurs de trois ans, et encore : il peut être périlleux d’y amener un enfant de cet âge pour sa première sortie au théâtre. Tant en ce qui concerne la cadence globale de la pièce que la compréhension du récit, les bambins risquent en effet de s’y perdre. Mais pour les plus vieux, Banquise s’avère une incursion sensible et intelligente dans le théâtre musical et la critique environnementale.