Plume est vif, joyeux et bavard. Taciturne est réfléchi, silencieux et il se passionne pour la musique. Installant leurs maisons l’une à côté de l’autre, ils apprennent à se découvrir, à apprivoiser leurs différences et, unis dans une peur commune de la nuit et de ses mystères, à devenir amis.
Dans ce texte, Suzanne Lebeau parvient à rendre tangible les craintes des petits et leurs difficultés à rencontrer l’autre. Avec eux, elle formule une façon de dire le monde avec des mots ronds et sensibles comme la lune et le soleil de Plume.
Une Lune entre deux maisons est la première pièce canadienne écrite pour la petite enfance. Marie-Ève Huot, jeune metteure en scène en résidence au Carrousel, revisite cette oeuvre traduite dans six langues et jouée à travers le monde depuis 1979. Une recréation québécoise dont l’environnement scénique sera grandement inspiré de grands peintres comme Chagall ou Dallaire. C’est un rendez-vous dans l’intimité d’une belle rencontre avec l’autre.
Le texte de Suzanne Lebeau est édité aux Éditions théâtrales Jeunesse.
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Scénographie : Patrice Charbonneau-Brunelle
Éclairages : Thomas Godefroid
Costumes : Cynthia Saint-Gelais
Conception sonore : Nicolas Letarte
Durée du spectacle : environ 40 minutes
Production : Le Carrousel - Compagnie de théâtre (Montréal)
par Magali Paquin
C’est en toute intimité que l’on découvre Une lune entre deux maisons, une pièce pour tout-petits qui avait remporté un vif succès lors de sa création il y a plus de trente ans. Que toutes craintes tombent : cette pièce créée par le Théâtre Le Carrousel (Montréal) n’a pas perdu son charme avec l’âge, d’autant plus qu’elle est cette fois enrobée d’une fraîche mise en scène.
Dans un espace très intimiste, où les bancs sont disposés à quelques pas de la scène, le jeune public est invité à entrer dans le monde de Plume (Philomène Lévesque-Rainville) et de Taciturne (Simon Labelle-Ouimet). La première est joyeuse, joueuse et bavarde, tandis que le second, réservé, préfère laisser la musique et son chien Ratapoil parler pour lui. Les deux personnages, récemment voisins, font lentement connaissance au rythme de leurs personnalités respectives. Il n’est cependant pas facile d’amorcer le dialogue lorsqu’on est si différent l’un de l’autre…
C’est par le texte doux et l’intrigue très simple de Suzanne Lebeau que les enfants sont invités à partager l’amitié naissante de Plume et Taciturne. La mise en scène de Marie-Ève Huot colle également à cette sobriété, en accordant aux enfants du temps pour saisir ce qui joue devant eux. Le rythme du récit est en effet plutôt lent, à des lieux de la cacophonie de sons et lumières que l’on retrouve souvent sur le petit écran. La pièce est toutefois montée de telle manière que les enfants demeurent attentifs, impliqués qu’ils sont dans les craintes, les peurs et les questions exprimés par les personnages. Plus encore, certains participent même avec grande spontanéité à l’action. Les esprits plus vagabonds peuvent quant à eux s’émerveiller du décor (Patrice Charbonneau-Brunelle) et des costumes (Cynthia Saint-Gelais), qui enveloppent l’atmosphère d’un tendre onirisme aux accents futuristes. Sur ce qui semble être une petite planète aux rochers étoilés se trouvent deux petites maisons circulaires et mobiles, à l’image de leurs propriétaires. L’une aux fenêtres colorées et ouverte sur le monde, l’autre composée d’instruments de musique, repliée comme un cocon. Se déploie au-dessus de cet univers, tel un mobile au-dessus d’un lit, un ciel de tubulures aériennes. Pour parfaire ce charmant tableau, il ne manquerait qu’une touche sonore et musicale : la chansonnette de Plume et les mélodies expérimentales de Taciturne sont des procédés qui auraient gagné à être répétés et bonifiés pour semer ça et là des petites pointes de dynamisme dans l’action.
Du fait de son caractère intimiste et de l’accessibilité du récit, Une lune entre deux maisons est tout à fait à propos pour une première incursion au théâtre. On a bien fait de faire renaître cette pièce ; qui sait, peut-être les enfants l’ayant appréciée il y a trente ans la feront aujourd’hui découvrir à leurs propres rejetons…