Une petite fille et un capitaine de navire sont perdus sur la rive d’un océan asséché. Sur l’autre rive, la mère de la petite les appelle de son chant. Pour se rejoindre, chacun tente à sa façon de recréer l’océan qui les sépare. L’enfant dessine la mer. Le capitaine, lui, fait appel à une mystérieuse femme-poisson. La mère voudrait bien échapper quelques larmes pour remplir ce vide… Par quel moyen réussiront-ils à être de nouveau réunis?
Par son approche ludique et imagée, presque sans paroles, Le Chant de la mer est à la fois drôle et mélancolique, léger et touchant. Il nous parle de l’eau et de ses mystères.
Section vidéo
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Espace et accessoires : Claudia Gendreau
Costumes et accessoires : Julie Morel
Manipulation technique : Michelle Bouchard
Éclairages et projections vidéo : Jean-Philippe Joubert
Musique et conception sonore : Mathieu Campagna
Durée du spectacle : 50 minutes
Production : Nuages en pantalon – compagnie de création (Québec)
par Magali Paquin
Pour souligner son 10e anniversaire, la compagnie de création Les Nuages en pantalons s’est attelée au défi de créer un projet cohérent en trois temps, visant l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Avec Le Chant de la mer, premier volet de cette trilogie unifiée autour du thème de l’eau, le dramaturge et metteur en scène Jean-Philippe Joubert offre une jolie pièce qui saura assurément charmer son jeune public.
C’est avec stupeur qu’une petite fille (Laurie-Ève Gagnon) découvre les rives asséchées de l’océan. La mer disparue a emporté avec elle sa maman (Valérie Laroche), dont il ne reste plus d’autre trace qu’un chant mélodieux, doux et juste, au creux d’un coquillage. Un capitaine (Olivier Normand), tout aussi stupéfait de la disparition des eaux, se joint alors à elle dans une quête visant à retrouver celles qui bercent leurs vies. Du bout de son pinceau, la fillette tente de se souvenir de cette entité qui l’habite, qu’elle soit mer ou mère. Elle esquisse ses souvenirs sur la cloison de bois, à travers de grandes projections lumineuses de dessins d’enfants. Le Capitaine, de son côté, fait la rencontre d’une étrange femme-poisson (Sonia Montminy) qui l’entraîne dans ses trémoussements aquatiques au grand plaisir du jeune public : les culbutes et les acrobaties sont en effet bien plus rigolotes lorsqu’elles éclaboussent abondamment !
Il est toujours surprenant de voir comment un même environnement scénique (Claudia Gendreau) peut servir différentes fins. La grande cloison de bois et le bassin encadré de travées sont les mêmes éléments de décor que ceux du second volet de la trilogie, qui vise le public adolescent, tandis que les projections vidéo y occupent encore une place de choix. Cependant, leur utilisation s’arrime ici au récit spécifiquement créé pour le jeune public. Les images projetées se font souvenirs ou fabulations : les aventures de monstres marins que raconte le Capitaine à la fillette alimentent ses frayeurs d’enfant, qui projette son imagination sur son environnement. Raison de plus pour retrouver rapidement les doux bras de sa maman, qui tente par ailleurs elle aussi de reformer, par ses larmes, la mer asséchée afin de retrouver sa fille adorée.
La gestuelle et le visuel dominent sur la parole dans cette pièce à la fois très physique, drôle et sensible. L’environnement sonore (Mathieu Campagna) n’est cependant pas négligé et soutient agréablement le récit. L’équilibre bien assuré de ces différentes facettes fait du Chant de la mer une pièce charmante qui mène ses passagers à bon port, sans ennui ni longueur.