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8 février 2013, 19h30 (rencontre avec les artistes)
Matinées scolaires : 5 au 8 février 2013
Devant moi, le cielDevant moi, le ciel
Dès 12 ans
Scénario et mise en scène : Yves Simard

Une jeune femme trouve refuge sur un banc. Une pause, alors qu’elle fuit son pays en guerre. Exilée, elle fait partie de ces gens qui doivent tout quitter et qui rêvent d’une vie meilleure. Devant le ciel, ses souvenirs défilent, puis de nouveaux visages se profilent. Elle cherche à entrer en contact avec eux. Pas simple de changer de monde, d’être une étrangère. Une rencontre, prémisse d’une nouvelle amitié, lui redonne espoir. Un spectacle sur la résilience et notre capacité de tout recommencer.

Avec Devant moi, le ciel, DynamO Théâtre renoue avec sa démarche de théâtre de mouvement acrobatique qui traduit avec grâce et sensibilité les émotions qui nous habitent. Avec ce spectacle, en tant que nouveau codirecteur artistique de la compagnie, Yves Simard impose son univers. Les tableaux se déploient et vivent devant nos yeux. Il n’est pas toujours nécessaire de parler pour raconter une histoire et la force de ce spectacle réside dans la justesse du jeu et la précision de la mise en mouvement.


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Assistance à la mise en scène et régie: Josée Fontaine-Rubi
Scénographie, costumes et accessoires: Pierre-Étienne Locas
Vidéo: Michel-Antoine Castonguay
Lumière: Sylvain Letendre
Décor: Yves Simard
Maquillages: Suzanne Trépanier
Musique : Christian Légaré et J.S. Bach
Crédit photo : Robert Etcheverry

Durée du spectacle : environ 55 minutes

Devant moi, le ciel est aussi présenté à La Maison Théâtre (Montréal) du 16 au 26 janvier 2013

Production Le DynamO Théâtre (Montréal)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge (critique de Montréal, janvier 2013)


Crédit photo : Robert Etcheverry

Le directeur artistique de la Maison Théâtre, juste avant la première de Devant moi, le ciel, a insisté sur comment la nouvelle création de Dynamo Théâtre l'avait profondément touché. C'est effectivement le sentiment général qui nous habite à la sortie de ce spectacle jeune public (10 ans et plus) qui mise sur la simplicité et les corps pour partager sa poésie.

Devant moi, le ciel est un spectacle sans paroles, basé sur les relations et langages des corps des cinq comédiens-acrobates. Une jeune femme doit quitter son pays de force et nous assistons à son arrivée dans une nouvelle vie qui ne s'arrêtera pas pour l'accueillir. Car il ne s'agit pas, contrairement à plusieurs pièces, d'un public qui assiste au chapitre entier d'une vie, mais plutôt au moment précis où la page se tourne, la transition d'une tranche de vie à une autre. Par cette simple décision, le récit ne tombe pas dans le piège facile du mélodrame qui accompagne si souvent les portraits de réfugiés politiques et un espoir se dessine rapidement pour le personnage féminin.

Comme unique décor, deux bancs de parc dos à dos dissimulant un trampoline, centre d'attention de toute la mise en scène acrobatique d'Yves Simard. Pour le reste, un ciel immense est projeté sur le mur du fond laissant place à tous les possibles. Une panoplie de personnages qui défilent témoigne pour le jeune public la base du travail d'acteur, comment le corps est le matériau de toute création et composition de personnages et avec l'acrobatie, cette notion de base est poussée encore plus loin en créant un véritable poème corporel. La jeune femme étant pianiste, la trame sonore de Christian Légaré est pratiquement uniquement composée de piano et comble le silence tout en ajoutant une sensibilité sans pareil à l'action.

Le récit se divise en deux temporalités qui se croisent sans cesse ; les tentatives de l'exilée pour entrer en contact avec les gens de son pays d'accueil et les souvenirs de sa vie d'avant. Dans le premier cas, la protagoniste apprivoise très doucement ce nouveau monde par le regard. Allant même jusqu'à s'effacer partiellement pour mieux observer, ce mécanisme relevant presque de la défensive nous permet de nous tourner vers les autres personnages qui font partie de cette nouvelle vie. Les passants nous surprennent en dévoilant peu à peu une poésie et une fantaisie inattendue, voire même parfois inespérée pour une partie d'entre eux. Par la suite, ses souvenirs avec son mari et sa famille s'avèrent être des moments de pure grâce, des bonheurs auxquels on s'accroche malgré une fin plus difficile pour cette vie laissée derrière. Le banc sur lequel elle s'échoue devient ainsi un refuge où elle se protège de ce qui la submerge tout en conservant ses souvenirs si précieux dans une petite valise, seul bagage et trace tangible de ce passé. Le premier réel contact se fait avec une jeune fille qui fuit ce qui se brise dans sa propre vie, soit sa famille, et c'est elle qui ramène chaque fois la protagoniste dans le réel. La musique les rapproche, créant un lien sans mots qui permettra à la réfugiée de faire un pas de plus dans une nouvelle vie dans une finale qui nous arrache presque les larmes. 

Ce spectacle limpide est un message rempli d'espoir pour les nouveaux départs. Devant ce ciel, immense et infini, tout est possible. Bien que parfois le spectacle soit prévisible au niveau narratif, il nous apprend à observer la poésie du monde quotidien, à nous attarder à la présence des autres et à regarder la vie faire des petits miracles. Par-dessus tout, Devant moi, le ciel est un délice visuel par la qualité de la performance des comédiens-acrobates et par les images projetées jointes à la mise en scène qui nous touchent droit au coeur. Ici, malgré les malheurs, il est toujours possible de rêver.

20-01-2013