Berceau de l’amour, lieu de rêverie et de solitude, terrain de jeux, le lit pour l’enfant est un endroit intime et privilégié.
Le lit du bébé, lieu de découverte; le lit du petit enfant, lieu de l’émotion; le lit de l’enfant, lieu de l’imaginaire; le lit de l’adolescent; lieu de la transformation.
Dans Ô lit !, la chorégraphe Hélène Langevin explore quatre moments de l’enfance pendant lesquels bébés, enfants et adolescents font de leur lit le territoire de tous les possibles. Des premiers mouvements d’éveil aux débordements de l’adolescence, la danse exprime des univers contrastés où la poésie se confronte à l’énergie, et la réalité au rêve.
Bouge de là est l’une des rares compagnies de danse professionnelle au Québec se destinant exclusivement aux jeunes publics.
Cette deuxième collaboration avec La Rotonde, Centre chorégraphique contemporain de Québec, permet d’offrir aux jeunes publics une diversité de propositions artistiques de qualité en art de la scène.
Section vidéo
Assistants à la chorégraphie : Jean-François Légaré et Caroline Laurin-Beaucage
Composition musicale : Bernard Falaise et Éric Forget
Scénographie : Véronique Bertrand
Éclairages : Caroline Ross
Costumes : Sharon Scott
Maquillages : Suzanne Trépanier
Durée du spectacle : environ 55 minutes
Production Bouge de là (Montréal) en codiffusion avec La Rotonde
Dates antérieures (entre autres)
1er et 2 février 2014, Agora de la danse Montréal
par Olivier Dumas
Avec son titre à la sonorité attrayante, le public pourrait croire que la plus récente production de la compagnie Bouge de là s’articule autour d’histoires racontées aux tout-petits dans le creux de l’oreille avant le dodo. Or, Ô lit! ressemble plutôt à une excursion dynamique de l’imaginaire et des sens pour tous ceux et toutes celles qui ont gardé leur curiosité d’enfant.
À l’Agora de la danse mercredi dernier, les jeunes spectateurs et spectatrices ont suivi avec engouement et concentration les péripéties vécues à différents moments d’une enfance. L’histoire, ou plutôt la chorégraphie qui devient la trame narrative d’Ô lit!, reprend des thématiques maintes fois abordées dans les œuvres pour le jeune public, comme les premières aventures d’un univers sensoriel, ou encore les confrontations avec le monde plus rigide des adultes, avec ses règles de conduite et ses interdits.
Durant les cinquante-cinq minutes de la représentation qui filent à la vitesse de l’éclair, aucun temps mort ne plombe ce feu roulant d’acrobaties, de rigolades et de danses énergiques. La création s’amorce avec l’évocation des premières étapes de la vie d’un poupon, soit apprendre à marcher seul et se tenir debout, malgré les culbutes au sol. Peu de temps après, nous retrouvons une jeune fille mise en pénitence par son papa après avoir lancé un ballon dans la maison. Cette séquence, l’une des seules parlées de toute la pièce, lance un message de prudence et de respect des choses sans toutefois verser dans la démonstration moralisatrice. Le réalisme cède le pas à des sensations plus poétiques avec les draps du lit qui se métamorphosent, grâce aux interprètes alertes, en métaphore de cette colère qui gronde dans la tête et le cœur de cette gamine réprimandée. Des jeux d’ombres viennent par la suite colorer ce récit dont les principales actions se découpent comme une succession de vignettes. L’adolescence se pointe le bout du nez lorsque les performeurs se prennent pour des héros, tels des ninjas intrépides en quête de défis.
Après la production L’atelier reçue avec des bouquets d’éloges en 2011, la chorégraphe Hélène Langevin poursuit sa démarche où la danse et le théâtre fusionnent en un vocabulaire riche et en sensations variées. Elle inscrit sa signature dans un terreau où les réalités de la jeunesse sont traitées avec sensibilité dans un répertoire de références susceptibles d’être comprises pour son public de prédilection.
Alors que les segments s’enchaînent de manière chronologique, le résultat se révèle parfois prévisible pour ceux et celles qui fréquentent le répertoire consacré du théâtre jeune public. Mais cette absence de surprise n’empêche pas Ô lit! d’atteindre son objectif, soit de captiver par sa richesse artistique indéniable, ses ruptures franches et ses chorégraphies entraînantes. Les interprètes s’investissent avec générosité et démontrent une souplesse, une rigueur et une intensité engageantes, permettant au spectacle de garder son rythme de croisière jusqu’à la tombée du rideau.
La trame sonore se démarque par ses emprunts à divers courants musicaux. Par contre, le style rock, entendu durant le dernier quart d’heure, traduit avec moins de ferveur et d’ampleur les états d’âme des artistes, en comparaison avec la beauté, la richesse et la force poétique des mélodies plus atmosphériques présentes plus tôt dans la production.
La salle a applaudi avec beaucoup d’enthousiasme cette création pour les quatre ans et plus. Autant pour les petits que les grands, l’atmosphère de ce Ô lit! donne le goût de se dégourdir les jambes et de vivre d’autres expériences théâtrales pour la jeunesse.