Son Bic à la main, Jasmine Dubé nous emmène là où le fleuve se prend pour la mer et où les îles fourmillent d’histoires et de légendes. La scène devient un paysage traversé de personnages insolites. Les épinettes s’accrochent fièrement à la falaise. Un lapin se cache dans les pierres. Au loin, les vagues jouent avec les bélugas. Un grand héron pêche et une maman canard veille! Là, un renard s’avance sur le sentier…
Dubé du bout du Bic, une excursion musicale au bord du chemin d’eau. Tendres, jazzées, parfois humoristiques, les chansons nous emportent au rythme des marées et prennent les couleurs du Bic.
Jasmine Dubé est une amoureuse des mots et des jeux possibles entre toutes les sonorités offertes par la langue française. Par ses nombreux albums illustrés, elle fait partie des auteurs incontournables de la littérature enfantine. Pour ceux et celles qui connaissent Le Bic, vous y retrouverez les nombreux paysages qui façonnent ces îles du Bas du fleuve. Pour les autres, au fil des chansons, vous imaginerez cette réserve naturelle peuplée de vie marine. Un beau voyage au fil des histoires du bout du Bic de Jasmine Dubé et de ses deux musiciens.
Section vidéo
Arrangements et direction musicale : contrebasse, guitare et voix : Christophe Papadimitriou
Accordéon et voix: Luzio Altobelli
Régie : Élise Henry
Collaborateurs : Angelo Barsetti, Erwann Bernard, Claude Poissant, Marie-Claire Séguin et Suzanne Trépanier
Crédit photo : Michel Pinault
Durée : environ 55 minutes
Une production Théâtre Bouches décousues
par David Lefebvre
Le théâtre Les Gros Becs offre à son jeune public pour la semaine de relâche Dubé du Bout du Bic, la 18e création de la compagnie Théâtre Bouches décousues, créée en 2012. L’auteure, metteure en scène et comédienne Jasmine Dubé invite cordialement le public à la suivre aux abords de l’estuaire du St-Laurent, plus précisément dans le petit village du Bic dans sa région natale du Bas-du-Fleuve.
Petits et grands partent donc le matin à la rencontre des animaux qui habitent la côte et les terres, du héron à la famille des corneilles, du renard-nommé-René aux canards qui nichent sur les rochers. On visite les îles, ramasse les cailloux blancs, les coquillages, le bois flotté et les larmes de sirène ; on salue au passage le courage de l’épinette qui pousse malgré vents et marées, pour revenir à la maison, entre chien et loup. Véritable voyage musical rappelant le format cabaret, Jasmine Dubé raconte avec beaucoup de poésie et d’humour son havre de paix.
La douzaine de compositions présentée est riche et rafraîchissante, s’inspirant du jazz, du boogie, du traditionnel et de la chanson bretonne ou irlandaise. Quelques instruments sont déjà sur scène avant le commencement du spectacle, et quelques enfants s’amusent à les identifier (un jeu qui aurait pu être incorporé au spectacle) : guitare, contrebasse et « petit piano » (le nom qu’a trouvé une petite spectatrice derrière moi pour l’accordéon) sont au nombre de ceux-ci. Christophe Papadimitriou à la contrebasse, à la guitare et à la direction musicale et Luzio Altobelli à l’accordéon font office de musiciens-accompagnateurs hors pair. Le spectacle compte parmi ses collaborateurs Angelo Barsetti, Erwann Bernard, Suzanne Trépanier, Claude Poissant et la grande Marie-Claire Séguin, dont au reconnait la patte au cœur de la poésie des chansons.
Les paroles s’avèrent aussi simples que complexes, davantage portées vers les images et les sons qu’ils évoquent que la compréhension totale du propos. Deux chansons se démarquent du lot, principalement grâce à l’humour plus sarcastique de l’auteure. Elles sont d’ailleurs interprétées par le même (et seul) personnage, soit celui d’une Jasmine un tout petit peu méchant et plus diva. Dans la première, qui se détache complètement du reste de la représentation, elle clame son dédain envers les enfants, qui l'énervent au plus haut point – les parents en profitent pour rigoler un bon coup. La seconde peste contre les moustiques qui font d’elle leur pique-nique – difficile de ne pas s’y retrouver.
Si l’on devait énoncer certains bémols, le faible fil narratif en serait un. Malgré que la nature soit au cœur de toutes les chansons, le lien qui les unit est ténu ; la promenade comme fil conducteur n’est réellement abordée qu’à la fin du spectacle. De plus, les interventions de la première partie se font sur un ton littéraire prononcé, comme si on lisait un conte à haute voix, alors que la deuxième coule beaucoup plus naturellement. Même si Dubé du Bout du Bic se voulait d’abord un spectacle musical, certains ajouts plus théâtraux auraient aidé à l’intérêt et à la compréhension des plus petits, surtout ceux qui n’ont jamais vu la mer – des marionnettes, des photos ou des ombres auraient certainement été les bienvenues. Malgré tout, le spectacle très chaleureux s’écoute et se regarde avec beaucoup de plaisir.
Dubé du bout du Bic, ce sont donc les histoires d’une merveilleuse auteure pour jeune public éprise de son coin de pays qu’elle dessine à grands coups de mots tendres dans son calepin, grâce à son Bic rouge, bleu, noir et vert. Ce sont les mélodies des légendes du Bas-du-Fleuve et celles d’une enfance à s’émerveiller sur les îles, sous le ciel immense et devant les plus beaux couchers de soleil du monde.