Dans l'espace, une comédienne joue à inventer des univers à base de rubans adhésifs, cubes, figurines et petites voitures... De défis en découvertes, au rythme de la musique jouée en direct, se construisent une ville en mouvement, un ciel, un piano, des routes, un tipi... Et c'est au fil de ces jeux que se dessine, devant nous, la scénographie. C'est la dimension précieuse et libre du rapport de l'enfant face au jeu – la magie qui naît du regard que l'on pose sur l'objet et qui le transforme - qui reste essentielle tout au long de PLAY.
PLAY est un mot à 3 sens : ludique, musical et théâtral, comme 3 côtés d'un même triangle, comme le bouton Play.
La Boite à sel, fondée en 2008 par l’artiste Céline Garnavault, s’est implantée à Bordeaux, ville jumelée à Québec. Elle axe son travail sur l'écriture contemporaine et l'adaptation de livres illustrés lors de créations réunissant théâtre, musique et arts de la marionnette, en particulier l'ombre et le théâtre d'objets. Pour PLAY, Céline Garnavault a choisi de s'adresser à la petite enfance autour de la notion du jeu.
Section vidéo
Composition musicale : KIM
Lumières : Christophe Lescurat
Conception des objets et fabrication : Dinaïg Stall
Décors : Christophe Lescurat
Crédit photo : Frédéric Desmesure
Sera aussi présenté à Montréal à la Maison Théâtre du 12 au 16 mai 2015
Durée du spectacle : environ 35 minutes
Production La boîte à sel (France)
par David Lefebvre
Play, comme le bouton qui fait s’activer l’image ou le son. Play, comme les trois arêtes de cette flèche symbolique, évoquant ici musique, théâtre et jeu. Play ; un miroir qui place l’enfant spectateur devant l’image de ses propres activités créatrices.
Créée en octobre 2012, la plus récente pièce de la compagnie française La boîte à sel, présentement en tournée à Sherbrooke, Québec et Montréal, offre une prémisse d’une désarmante simplicité. La comédienne et metteure en scène Céline Garnavault, accompagnée du musicien KIM, s’installe, reproduisant les gestes souvent soudains et les mimiques des enfants, et s’amuse avec les objets qui l’entourent : d’abord des cubes, qu’elle empile, puis des rouleaux de rubans gommés et des petites voitures. Rapidement, c’est un monde qui émerge autour d’elle, provenant tout autant de la construction que de la destruction systématique des tours et autres structures précaires qu’elle façonne. Une véritable ville miniature s’active, au gré des petites automobiles attachées à des bandes de tissus colorées, des animaux de plastique courant près des routes et des cubes de bois formant des immeubles.
Même si la jeune femme joue la plupart du temps seule, son compagnon n’est jamais loin et l’accompagne grâce à la musique en direct qui jaillit des omnicord, clavier numérique et autre stylophone et percussions numérique qu’il manipule. La trame musicale de KIM se fait parfois rigolote, poussant un son comique à chaque cube empilé, parfois électro planante, ou percussive. Elle prend même la forme d’un troisième personnage, invisible, témoin et instigateur des expériences de Céline, qui s’amuse, entre autres, à reproduire la mélodie entendue sur une portée colorée en fond de scène, dans des mouvements chorégraphiques amusants. La scénographie, d’abord relativement vide, se complexifie, grâce aux rubans adhésifs bleu, rouge et jaune qui viennent barrer de part et d’autre l’espace de jeu, offrant du coup des images d’arène, de portées musicales ou même de cerf volant, durant quelques secondes.
Si le jeune public peut percevoir dans cette pièce, de manière consciente ou non, sa propre image, ses propres expérimentations, l’adulte, lui, accède à un second niveau de la création. Par son aspect métaphorique, Play porte, au travers du jeu de l’enfant, un regard sur les arts de la manipulation d’objets, de la création spontanée et de la découverte de l’espace et du corps, remettant en question et confrontant – avec une certaine naïveté – les règles des arts scéniques.
Play se veut une projection de la vie dans tout ce qu’elle a de plus ludique, une ode à la création et à l’inventivité juvénile.