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10 avril 2016, 11h et 15h (rencontre avec les artistes), 17 avril 15h
Matinées scolaires : Du 6 au 15 avril
Tu dois avoir si froid
Dès 6 ans
Texte Simon Boulerice
Mise en scène Serge Marois
Avec Marie Bernier et Gabriel Szabo

C’est jour de fête. Félix, cinq ans, joue seul dans la montagne de manteaux sur le lit de ses grands-parents avec ses lunettes 3D. Tout prend l’allure d’aventures imaginaires et tout est magique ! Morgane, une petite-cousine éloignée, plus grande que lui et glaciale comme le Pôle Nord, vient le rejoindre. Félix est heureux d’avoir enfin une amie pour jouer avec lui. Mais rien à faire, Morgane fait tout pour le décourager. Que cache donc le côté rebelle de cette grande fille de 9 ans qui dit en avoir 18 ? À travers cette confrontation, les deux enfants découvrent une profondeur émotionnelle qui nous va droit au coeur.

Simon Boulerice est un auteur prolifique et lauréat de nombreux prix et distinctions. Ses pièces, Éric n’est pas beau et Les mains dans la gravelle, ont toutes deux connu un franc succès auprès du public de Québec. Il propose des personnages attachants et près de nous. L’Arrière Scène porte la parole des auteurs sans compromis ni complaisance, il nous a habitués à des propositions sensibles et humaines. Attendrissant !


Section vidéo


Assistance à la mise en scène : Simon Boulerice
Scénographie : Paul Livernois
Conception musicale : Pierre Labbé
Éclairages : Claude Cournoyer
Direction de production : Jean-François Landry
Direction technique : Geneviève Labbée
Photo : Suzanne O’Neill

Durée environ 50 minutes

Coproduction L'Arrière Scène (Beloeil)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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Dates antérieures (entre autres)

Coups de théâtre 2014

 
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Critique

Crédit photo : Suzane O’Neill

Tu dois avoir si froid  s’inscrit agréablement, mais sans grande surprise, dans le répertoire du très prolifique Simon Boulerice.

La collaboration entre l’auteur et la compagnie L’Arrière Scène avait donné précédemment Stanislas Walter Legrand de Sébastien Harrisson, La robe de ma mère, écrite par Serge Marois et le très beau solo Les mains dans la gravelle, dans lequel Boulerice incarnait tous les rôles. Tout comme Tu dois avoir…, Marois avait dirigé chacune de ces pièces.

Amorcé en novembre 2011 lors d’une résidence à Mulhouse en France, le texte de Tu dois avoir si froid s’adresse plus particulièrement aux 5 à 9 ans. Pendant cinquante minutes, l’histoire se déroule dans une chambre aux alentours de Noël. Félix, cinq ans, porte des lunettes 3D. Celles-ci lui permettent de croire en des pouvoirs magiques. Il s’amuse sur le lit de ses grands-parents, où se retrouve naturellement une montagne de manteaux. Dans la pièce à côté résonnent des extraits de Jingle Bells Rock et de Twist and Shout. Or, sa petite-cousine Morgane de neuf ans vient le rejoindre. Sa personnalité rude contraste avec celle, plus enjouée, du jeune garçon. Au cours de leurs échanges, Félix en vient à percer sa carapace et à découvrir son lourd secret: ses parents divorcent.

À la fois vive et rythmée, la plume de Boulerice n’hésite pas à creuser également dans les doux chagrins de l’enfance avec un doigté certain. Comme dans le reste de sa production, ses nombreuses références à la culture populaire surgissent ici et là. Entre autres, Morgane s’imagine en orpheline des États-Unis, adoptée par des adultes québécois. Elle parle ainsi de ces «rencontres» avec les stars du cinéma qui font fantasmer bien des jeunes filles : Zac Efron ou Robert Pattinson. Et dans la lignée des Mains dans la gravelle, le recours à la fiction (comme «les dix-huit ans» que s’octroie Morgane) permet aux personnages de teinter leur quotidien de rêves et de démesure. Heureusement, l’humour du dramaturge-acteur empêche le propos de sombrer dans le mièvre conte de fées. Il se répercute dans les revirements de situations : la cousine retire, par exemple, sa gomme à mâcher de sa bouche pour recoller la monture brisée des «lunettes spéciales» de Félix.

Au début de la production, le plateau est recouvert de cintres vides. Très métaphorique, l’image poétique est très belle et revient souvent dans les spectacles pour le jeune public. Par un effet très réussi, des manteaux se retrouvent soudainement accrochés un peu partout sur ces supports. Avec une économie de moyens, la mise en scène de Serge Marois transpose efficacement la parole volubile de l’auteur en un univers fantaisiste, inspiré, selon ses dires, par l’émission La Boîte à Surprise. Par exemple, vêtu d’une combinaison d’hiver rose, Félix se rend dans la salle de bain pour chercher un siphon lors d’une tempête de neige. Il ouvre la fenêtre de la chambre et se lance dans le vide, avant de revenir de son expédition, les bottes en moins. Quelques bruits de vents violents et des effets d’éclairage parviennent à faire surgir une émotion de frisson et d’angoisse.


Crédit photo : Suzane O’Neill

Tout au long de l’intrigue, les deux interprètes nagent comme des poissons dans l’eau dans l’univers de Boulerice. En fillette agacée par les frictions de son entourage, Marie Bernier est formidable. Rebelle, bavarde et un peu mythomane, elle traduit sans fausse note son caractère intrépide qui révèle peu à peu sa sensibilité. Dans Pig auparavant, son partenaire de jeu avait déjà mordu dans les mots de Boulerice avec un personnage similaire à Félix, par son côté attachant (malgré un ton diamétralement opposé). Ici, Gabriel Szabo témoigne lui aussi d’une belle ferveur.

L’une des seules réserves concerne une légère redondance dans les thèmes abordés par l’écrivain dans ses œuvres scéniques ou romanesques antérieures. Nous retrouvions, entre autres, autant dans Simon a toujours aimé danser que Les mains…, un enfant qui se sert de l’art et de son imaginaire pour compenser la laideur, le conformisme ou la banalité de son environnement immédiat. Il manque seulement à cette proposition théâtrale un peu d’originalité et de surprise pour combler totalement le public.   

Pourtant, les sympathiques Félix et Morgane nous accrochent le sourire aux lèvres et nous réchauffent suffisamment le cœur dans ce Tu dois avoir si froid, autrement très accueillant.  

09-02-2016