Le Lac aux deux falaises, c’est l'histoire de Ti-Gars, 17 ans, de son grand-père qui aime la chasse et les omelettes et d’une mystérieuse jeune fille qui vient bousculer leur vie. Les deux ados se rencontrent près d'un lac où on pêche des bouteilles, où une falaise a disparu et où une autre garde un secret. Au fil de curieux événements, dans ce coin de pays un peu étrange, Ti-Gars finit par découvrir les mystères de la montagne magique et celui de sa famille.
Depuis plus de 10 ans, le théâtre l'Escaouette et Le Théâtre de Quartier travaillent en collaboration à l'émergence de nouvelles écritures pour adolescents. Poète, musicien, comédien et dramaturge, Gabriel Robichaud est un écrivain scénique prometteur. Après plusieurs ateliers d'écriture et laboratoires animés par Louis-Dominique Lavigne, qui signe aussi la mise en scène, Le Lac aux deux falaises prend forme et devient un texte d'une surprenante originalité. Après un long processus de répétitions et de conception, avec une équipe fidèle de créateurs et de créatrices, le théâtre l'Escaouette et Le Théâtre de Quartier proposent aux adolescents un spectacle d'une grande actualité; une œuvre qui, à travers l'humour et la poésie, fait rêver et réfléchir.
Lumières : Marc Paulin
Environnement sonore : Jean-François Mallet
Scénographie, costumes, accessoires : Joëlle Péloquin
Direction de production : Marie-Êve A. Cormier
Image : Herménégilde Chiasson
Durée environ 60 minutes
Production Le Théâtre de Quartier et théâtre de l’Escaouette
Après un passage à la salle Fred-Barry à Montréal, la production Le Lac aux deux falaises du Théâtre de Quartier et du théâtre l’Escaouette faisait escale à Québec le 7 avril dernier, pour une seule représentations publique. Ce premier texte de Gabriel Robichaud, poète, musicien et comédien, mis en scène par le pourtant expérimenté Louis-Dominique Lavigne, ne convainc malheureusement pas.
Après le décès de son père dans un accident de la route, un jeune homme de 17 ans, surnommé Ti-Gars, doit habiter chez son pépère de 51 ans, tout près d’un lac aux deux falaises – en fait, il n’y en a plus qu’une, l’autre, on tente de la faire repousser. Perdu au milieu de nulle part, Ti-Gars se fait rappeler à la maison par son aïeul à coup de fusil dans les airs, quand il s’éloigne un peu trop. Un jour de promenade, il rencontre une jeune fille étrange, tombée d’un arbre, qui n’a qu’une seule mission : lui sauver la vie. De qui, de quoi, elle n’en a aucune idée, mais elle est persuadée de l’importance de son rôle.
La pièce, sous la forme d’une fable, tente d’aborder le sujet sensible de la mort de parents et du deuil. Mais la poésie qu’utilise Robichaud, entre la langue adolescente et les images plaquées, semble manquer cruellement d’inspiration. Le traitement chevauche l’univers des petits (entre autres causé par la musique, rigolote, de Jean-François Mallet) et la réalité des ados. Certaines phrases semblent même avoir été écrites simplement pour faire fortement réagir le jeune public. Même si plusieurs mots et expressions utilisés se retrouvent dans la langue parlée des adolescents, les « écoeuré », « marde » et autres synonymes n’élèvent jamais la réflexion. Et on ne va pas jusqu’au bout des propositions : l’idée de cette liste de choses à oublier, glissée dans une bouteille que la jeune fille a jetée à l’eau, en est une brillante, mais sous-exploitée. Le tout reste largement flou, comme un rêve abstrait que l’on ne comprend pas trop.
Marc-André Robichaud incarne plutôt décemment Ti-Gars ; mais le personnage balance entre deux âges, parfois 17 ans, parfois plus. Éric Butler, en pépère, s’avère plutôt caricatural. Par contre, on s’attache à l’espiègle fille du Lac, interprétée par Jeanne Gionet-Lavigne. Élément intéressant, le metteur en scène n’a pas tenté de gommer l’accent acadien des deux hommes, donnant ici une saveur bien particulière aux personnages.
La finale, qui procure une pointe d’espoir aux deux hommes, est la plus touchante scène de la représentation ; au sommet de la fameuse falaise, Ti-Gars, invincible, contemple son avenir avec plus d’enthousiasme. On aurait aimé s’ennuyer, rêver et enfin sentir la délivrance du cœur de l’adolescent, mais la fable s’avère malheureusement trop nébuleuse pour qu’on le suive dans son cheminement.