Dans un décor hors du temps, trois clowns confrontent leurs univers. Oubliant peu à peu leur individualisme, elles créent une complicité autour de ce qu’elles ont de plus précieux : leur ludisme, leur joie de vivre et une incontrôlable fantaisie.
Aux prises avec leur bêtise et leur enthousiasme qui les empêchent parfois de voir plus loin que le bout de leurs chaussures, elles se rencontrent, se jaugent, se frictionnent et inventent des complicités autour de leurs passions. Pour l'une, c'est la souplesse du corps. Pour une autre, c'est la tessiture de la voix. Pour la dernière, c'est la démesure de la construction.
Fondée en 1974, L’Aubergine a sillonné les routes du monde et a créé plus d’une cinquantaine de spectacles clownesques. À travers différents tableaux forgés d’humour et de virtuosité, leur spectacle TerZetto est dédié aux relations humaines. Il inspire le jeu, la joie et surtout de grands éclats de rire, car ces trois clowns ont plus d’un tour dans leur sac.
Section vidéo
Scénographie : Huguette Lauzé, Josette Déchène
Musique originale : Fabrice Tremblay
Éclairages : Emilie Vachon
Photo : Benoît Lemay
Durée environ 55 minutes
Productions L'Aubergine
Dates antérieures (entre autres)
Juin 2015 et 6 mars 2016, L'Anglicane
Pour divertir petits et grands durant la traditionnelle semaine de relâche hivernale, les Gros Becs ont mis au programme TerZettto, le plus récent spectacle de l’Aubergine (Dada, Aaatchoum!), créé à L’Anglicane en juin 2015. À sa fondation, L’Aubergine s’était donné comme mandat de « théâtraliser l’art clownesque », une mission qu’elle accomplit avec brio depuis plus de 40 ans.
TerZettto, donc, avec trois T. Un terzetto est en fait, selon le Larousse, « une petite composition pour trois voix ou trois instruments ». Ici, trois jeunes femmes clowns se rencontrent, sortant de derrière trois portes de bois bien distinctes. Tout de suite, on perçoit leur personnalité propre, leurs intérêts, leurs talents. Au travers une multitude de tableaux, en solo, duo ou trio, ces trois personnages bougeront, chanteront, danseront, renverseront des choses, se coinceront, se cogneront, glisseront, s’enfargeront... Bref, ils agiront comme tout bon clown. D’abord individualistes, les trois femmes développeront rapidement une certaine connivence tout en se confrontant à l’autre, sans affrontement, ou tenteront de s’aider du mieux qu’elles le peuvent. Chaque situation appelle à l’enchevêtrement : on tente d’ouvrir des chaises pliantes, d’assembler un lutrin de métal, de lire (et de dormir) dans un escabeau, de changer une ampoule brûlée, de construire, de chanter et de diriger tout en utilisant sifflets, crécelles…
TerZettto pourrait se comparer à une cour de maternelle pour adultes au cœur d’enfants. Les échanges et les tentatives des trois personnages reflètent bien les jeux auxquels les enfants s’adonnent et les difficultés de la vie sociale, avec une certaine démesure typique du clown. Les trois interprètes se démarquent grâce à leurs talents respectifs : Dominique Grenier épate par sa voix d’opéra (entonnant un Carmen dynamique) et fait rire alors qu’elle danse la claquette pour monter dans son escabeau ; la contorsionniste et musicienne Elizabeth Gaumond, au chapeau melon vissé sur la tête, éblouit alors qu’elle s’entortille, devient aussi molle qu’une poupée de chiffon, ou voit son corps ne plus lui appartenir. Le tableau où ses pieds, poussant sur ses bras, grattant sa tête ou fouillant dans son nez, l’empêchent ainsi de jouer du violon, est très réussi. L’énergie explosive que dégage le personnage de Marie-Michèle Pharand plait immédiatement ; elle démontre tout son potentiel d’acrobate lors d’un numéro où du gros ruban adhésif s’est enroulé autour de l’une de ses jambes, qu’une comparse tire malicieusement, l’obligeant alors à suivre les mouvements, culbuter et faire des roues de plus en plus stupéfiantes.
Si les interprètes, d’une belle virtuosité, sont toujours à la hauteur des situations inventives que la mise en scène de Christine Rossignol impose, une certaine redondance s’installe, causée principalement par une trame narrative qui se concentre davantage sur les cabrioles des multiples tableaux plutôt que sur l’ensemble de la production. Certaines longueurs s’installent donc, sans que l’on sente véritablement le fil rouge – ou l’histoire principale – qui unit le tout. Mais comme le spectacle semble basé sur le rire et la surprise pour aborder les relations humaines et les passions de chacun(e), on les accompagne avec plaisir, en souriant et en riant de bon cœur des facéties et des maladresses bien exécutées de chacune d’elles. Un plaisir à partager en famille !