Pomme est une pomme et soupire. C’est que… Pomme aimerait devenir un homme. Ça commence mal, il tombe sur le nez. Pomme roule, mais aimerait bien marcher. Pomme roule, mais aimerait bien voler, aimerait bien nager… Être autre chose, autrement, différemment. Pour finir, Pomme choisira d’être une pomme, heureusement.
Un « road movie » sympathique à croquer en famille
Cette histoire charmante au possible est celle, toute humaine, d’une pomme dans diverses aventures. Au plus près du sensible, ce délicieux poème marionnettique se déguste entre amis et en famille. Cumulant déjà plusieurs centaines de représentations, le spectacle rejoint d’emblée ses publics par sa qualité esthétique et sa finesse. Un pur délice façonné avec toute l’inventivité et la connivence d’Isabelle Payant, habile manipulatrice à qui l’on doit également les pièces OGO et PEKKA accueillies avec bonheur ces dernières années.
Idéation et création Isabelle Payant et Patrick Conan
Mise en scène Patrick Conan
Interprétation Isabelle Payant
Crédits supplémentaires et autres informations
Durée : 30 minutes
Saison 2018-2019 | Avant le 30 juin 2018 | Après le 30 juin 2018 | |
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À la carte | 20,25$ | ||
Abonnement 3 billets ou + | 13,25$ | 16$ | |
25 laissez-passer | 16$/billet* | ||
50 laissez-passer | 14$/billet* | ||
100 laissez-passer | 13$/billet* |
*Chaque laissez-passer est échangeable contre un billet, enfant ou adulte. Vous pouvez les revendre en offrant un rabais supplémentaire ou les offrir en cadeau!
Notez que tous les prix de laissez-passez incluent les taxes.
Les taxes et les frais de services sont inclus dans les prix affichés.
Théâtre des Petites Âmes
critique publiée en 2015
Quelques jours après la singulière installation-performance Les mécaniques célestes du Théâtre des Confettis de Québec, une autre sympathique création venait enrichir la programmation de la Maison Théâtre au Prospero. Intime et délicate, la pièce de théâtre Pomme, charme petits et grands malgré sa durée trop brève.
« L’Univers, comme une bulle ou comme une pomme », écrivait le poète-chanteur Léo Ferré dans Introduction à la folie. Le fruit du pommier reconnaissable par son apparence ronde et sa texture à pulpe ferme et juteuse dépasse ici le sentiment de bulle enveloppante pour embrasser les étapes charnières de la vie humaine. Il devient également le prétexte à la conception d’une fable en toute simplicité. Collaboration entre deux compagnies, Le Théâtre des Petites Âmes (Montréal) et Garin Troussebœuf (France), l’œuvre aux accents allégoriques aborde des questions identitaires et initiatiques susceptibles de plaire aux enfants de trois à six ans (et même plus vieux).
Durant les trente minutes de la représentation, garçons et filles ont témoigné chaleureusement de leur appréciation. Tous et toutes apprécient la présence inestimable d’une guide attentionnée, soit la comédienne et instigatrice de la production Isabelle Payant. Avec sa jolie robe, celle-ci nous tient presque par la main du début à la fin. Dès les premiers instants, elle nous invite à prendre place dans un lieu douillet et nous raconte les états d’âme d’une pomme bien dégourdie.
Comme matière première à cette proposition artistique de facture artisanale, le fruit allégorique de l’imaginaire des chérubins (l’élève qui apporte une pomme à son institutrice) demeure un terreau intéressant et fertile pour l’exploration poétique. Il a été la source d’inspiration d’un célèbre tableau de Paul Cézanne (et la métaphore pour lui d’une nouvelle conquête picturale) et de classiques de la chanson qui nous restent dans les oreilles (Pomme de reinette et pomme d’api,ou encore C’était au temps des pommes). Par ailleurs, la narratrice-manipulatrice s’amuse à en explorer de nombreuses potentialités dramaturgiques, autant auditives que visuelles. Au début de la représentation, elle en dessine la forme dans l’espace, soit un immense cercle avec son doigt; de nombreux jeunes spectateurs et spectatrices reprennent spontanément le même mouvement.
L’histoire enchevêtre l’étonnement à la continuité narrative avec de précédentes productions de la Maison Théâtre au Prospero (commeChubichaï par exemple) par sa thématique d’éveil au monde environnant plus grand que soi. Dans la présente création, nous faisons la connaissance d’une jolie petite pomme blanche avec un attendrissant visage (un grand nez rouge, une bouche inquiète et des yeux noirs). Notre héroïne est triste de ne pouvoir exécuter les activités des êtres humains comme marcher, sauter, danser et courir. Par un heureux hasard, de petits pieds, de petits bras et un corps apparaissent, évoqués par un tissu blanc. Sa nouvelle apparence lui donnera-t-elle le goût de partir à l’aventure et à la rencontre des autres?
Les concepteurs français et québécois ont privilégié la présence d’une écriture inspirée des haïkus, composés par Arthur Lefebvre, qui apportent une dimension sensorielle envoûtante, notamment avec des allitérations autour du mot pomme. La langue en devient plus éloquente, en plus de jouer sur de belles images délicieusement poétiques (Dedans la pomme/Il y a son cœur comme une étoile/Et qui clique et qui claque). Le récit dépouillé d’artifices distrayants s’écoute agréablement grâce à la voix mélodieuse de l’actrice qui prend à un moment précis un accent plus québécois pour incarner un personnage pittoresque. Une musique originale composée au piano par Vincent Rébillard ponctue régulièrement l’action en y ajoutant une touche plus grave et mélancolique.
En plus de la présence du personnage en marionnette de petite forme manipulé par les doigts d’Isabelle Payant, nous voyons certaines illustrations de pomme sur de grands cubes. Plus tard, Pommedevient un adulte qui rencontre l’amour. Les physionomies masculines et féminines sont esquissées, même les parties intimes, suscitant quelques réactions de surprise au passage. Il faut souligner la sensibilité des concepteurs de traiter de la sexualité sans tomber dans la provocation.
Par contre, la courte durée de Pomme l’empêche d’approfondir ses innombrables possibilités dramaturgiques, entre autres dans les passages plus touchants qui passent trop rapidement. Avec environ une dizaine de minutes supplémentaires, le sujet réchaufferait encore plus l’imagination, la tête et le cœur des enfants. Car la tendresse imprègne le propos de belle façon, en plus de nous sensibiliser sur la dimension éphémère de la vie.
Juste avant de quitter l'endroit, des annonces cartonnées du spectacle et de petites bouchées du fruit sucré nous attendent à la sortie. Les yeux et les papilles gustatives participent ainsi donc à une initiation aux arts de la scène aussi sympathique grâce à cette Pomme attachante.
01-01-2015