Quand Margaret Shakespeare, la sœur de William, écrit la nuit, elle répare tout ce qu’elle côtoie d’injustices. Âgée de treize ans, elle s’inspire des contradictions humaines pour écrire des histoires d’une puissance remarquable. Seulement, en 1577, dans son petit village d’Angleterre, la place des filles est à la maison, près des chiffons. Pire encore, les femmes qui savent lire et écrire sont accusées de sorcellerie et punies. Le jour où William découvre l’ampleur du talent de sa sœur, il est soufflé et, tout en cherchant à la protéger, ne peut garder pour lui son émerveillement.
Croyez-vous vraiment connaître l’histoire de Shakespeare?
Je suis William est un périple au cœur même d’une Angleterre fantaisiste, où l’amour fraternel est plus fort encore que la vérité, où la force d’une plume a le pouvoir de renverser les structures établies et où les masques sociaux finiront peut-être par tomber. D’une exceptionnelle pertinence sur la place réservée aux femmes dans la société, le spectacle est peuplé de chansons formidables et de juste ce qu’il faut de loufoque et de déjanté pour vivre un grand moment, à la fois drôle et bouleversant.
Texte et paroles Rébecca Déraspe
Mise en scène et scénographie Sylvain Scott
Interprétation Édith Arvisais, Simon Labelle-Ouimet et Renaud Paradis
Musique sur scène Benoit Landry
Musique et environnement sonore Benoit Landry et Chloé Lacasse
Crédits supplémentaires et autres informations
Rendez-vous avec les artistes le 15 mars
Durée : 70 minutes
Saison 2018-2019 | Avant le 30 juin 2018 | Après le 30 juin 2018 | |
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À la carte | 20,25$ | ||
Abonnement 3 billets ou + | 13,25$ | 16$ | |
25 laissez-passer | 16$/billet* | ||
50 laissez-passer | 14$/billet* | ||
100 laissez-passer | 13$/billet* |
*Chaque laissez-passer est échangeable contre un billet, enfant ou adulte. Vous pouvez les revendre en offrant un rabais supplémentaire ou les offrir en cadeau!
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Les taxes et les frais de services sont inclus dans les prix affichés.
Théâtre Le Clou
critique publiée en 2018
Le nom et l’œuvre de William Shakespeare sont mondialement connus, mais sa jeunesse, beaucoup moins. En 1578, à l’âge de 13 ans, le jeune William quitte l’école. L’histoire perd ensuite sa trace jusqu’à l’âge adulte. Dans Je suis William sa nouvelle pièce de théâtre musical, le Théâtre Le Clou propose sa version des événements...
À l’invitation du metteur en scène Sylvain Scott, l’auteure Rébecca Déraspe s’attaque à ce monument de la culture pour mieux parler de la place de la femme dans l’art et l’histoire. Elle invente au grand auteur britannique une sœur jumelle, qu’elle imagine le véritable esprit littéraire de la famille. Tel que l’auteure l’exprime par la voix de son narrateur : « je vais vous raconter l’histoire comme je me plais à la rêver. »
Et dans l’heure qui suit, on s’amuse en effet avec l’histoire, celle de Shakespeare, mais aussi celle qu’on écrit avec un grand H et qui n’a pas été tendre à l’égard des femmes. Car, si on s’amuse des facéties du récit, qui joue avec les rimes, l’accent québécois et les clins d’œil anachroniques, on réfléchit aussi beaucoup. À travers les difficultés et les frustrations vécues par Margaret Shakespeare, la pièce met en lumière les injustices de l’époque et celles qui perdurent aujourd’hui, peut-être plus insidieusement.
Rébecca Déraspe offre un texte brillant mêlant vérité et fiction pour parler d’amour et de la force des rêves. L’auteure, qui signe également les paroles des chansons, mise beaucoup sur l’humour, mais n’en arrive pas moins à glisser dans sa pièce de nombreuses informations historiques, par exemple l’interdiction faite aux femmes d’étudier, le fait qu’à l’époque du grand Will, les rôles féminins étaient joués par des hommes ou la situation financière de la famille Shakespeare.
Ses deux personnages principaux, William et Margaret, 13 ans, charment dès les premiers instants, non seulement grâce au talent de leurs interprètes, Édith Arvisais et Simon Labelle-Ouimet, mais aussi parce que l’auteure leur donne une belle dose d’amour fraternel et d’humanité, avec ce qu’elle charrie de contradictions! Ces jeunes Shakespeare sont mus par les mêmes passions et les mêmes peurs que les jeunes de leur âge aujourd’hui, partagent les mêmes hésitations et impulsions, et n’en sont que plus attachants.
Soutenus en direct par la musique de Chloé Lacasse et de Benoît Landry, le duo Arvisais / Labelle-Ouimet et le narrateur Renaud Paradis nous entraînent dans cette fiction historique en slamant, en chantant et en déclamant avec beaucoup de naturel. À plus d’un moment, l’amour et la flamme de leurs personnages communiquent de la scène à la salle. Édith Arvisais en particulier insuffle une vulnérabilité touchante à sa Margaret, qui brûle d’envie de corriger les injustices faites à ses contemporaines.
La mise en scène de Sylvain Scott fait honneur au texte, en laissant toute la place aux acteurs et aux problématiques soulevées par la pièce. Par petites touches, dans les décors, les costumes et la musique, la mise en scène évoque l’époque élisabéthaine sans s’empêtrer dans son carcan. Au contraire, elle se construit autour du sentiment de révolte et de la volonté de changer les choses qui animent les personnages.
Forte d’une distribution hors pair et de l’écriture fine et émouvante de Rébecca Déraspe, Je suis William propose une manière fantaisiste, et diablement drôle, d’explorer les enjeux féministes. Elle permet de voir le chemin parcouru dans la lutte pour les droits des femmes et de constater le travail qu’il reste à accomplir pour que garçons et filles puissent suivre la voie qu’ils désirent.
23-04-2018