Du 6 avril au 1er mai 2010, 20h (mardi 19h30)
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L'École des femmes

Texte Molière
Mise en scène : Jean-Philippe Joubert
Avec Bertrand Alain, Martin Boily, Sylvie Cantin, Vincent Champoux, Laurie-Ève Gagnon, Jacques Leblanc, Olivier Normand

Arnolphe, un homme près de la cinquantaine, veut épouser Agnès, sa jeune pupille de dix-sept ans. Complètement obsédé par l’adultère et par la liberté de pensée, il la tient à l’écart de toute instruction et du regard des hommes. Mais elle rencontre Horace, un jeune de son âge qui est aussi le fils d’un ami d’Arnolphe. Sans se douter qu’il s’agit de son rival, Horace lui confie ses sentiments. Le bonhomme tente alors de s’interposer entre les jeunes amants, mais quand l’auteur s’appelle Molière, on se doute du dénouement!

À la frontière entre comédie et drame humain, L’École des femmes est d’abord une histoire d’amour et de pouvoir, un conte sur l’affranchissement de la femme orchestré par la mise en scène inspirée de Jean-Philippe Joubert.

L'école des femmes

Décor : Monique Dion
Costumes : Julie Morel
Éclairages : Sonoyo Nishikawa
Musique : Mathieu Campagna
Photo: Nicolas-Frank Vachon

Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

par Odré Simard

Près de 350 ans après son écriture, voilà que le théâtre de la Bordée nous offre  L’école des femmes, une pièce de Molière traitant de la condition féminine. Si le sujet était peu commun pour les contemporains du dramaturge mais oh combien pertinent, la vision proposée par le metteur en scène Jean-Philippe Joubert demeure tout aussi appropriée pour notre époque.

Molière nous présente Arnolphe, alias monsieur de la Souche, qui recueillit sous son aile une pauvre jeune fille de paysan alors qu’elle était encore toute jeune. Il la garda à l’écart de tout contact et de toute instruction possible en vue d’un jour la marier, toujours pure et empreinte d’innocence. Il n’était pas prévu qu’un jeune homme tombe éperdument amoureux d’elle et que ce jeune homme soit le fils d’un bon ami. Dans sa pureté, Agnès ne peut imaginer que ce qui est plaisant soit mal et elle témoigne ainsi au jeune Horace un vif intérêt ainsi qu’un amour qui tranquillement s’enflamme. Ne sachant pas qu’Arnolphe est également ce fameux monsieur de la Souche qui retient comme une prisonnière celle qu’il aime, Horace nous propulse dans un merveilleux quiproquo en tenant informé Arnolphe de tous les élans de son cœur pour la jeune fille. Tout cela s’ensuit d’un dénouement bien rebondissant qui saura décrocher plus d’un éclat de rire au public.

L’idée de Jean-Philippe Joubert de transposer cette fable comique dans un univers musulman est tout à fait appropriée. Le questionnement sous-jacent à la pièce, portant sur la liberté des femmes et leur traitement dans la société, demeure très actuel, et ce, en le plaçant dans un milieu où il prend beaucoup de sens à notre époque. Pour nous raconter cette histoire, l’ambiance proposée par les divers concepteurs est des plus agréables. Tant par le simple mais magnifique décor, rappelant l’esthétique marocaine, que par l’unité des costumes, la juste présence de la musique aux accents arabes ainsi que les éclairages subtils et harmonieux : tout est mis en place pour bien servir le texte selon la vision nouvelle des créateurs.

Au niveau du jeu, Jacques Leblanc incarne un Arnolphe solide et ma foi, hilarant, particulièrement dans les scènes ou Horace le prend comme témoin de sa fougue amoureuse pour Agnès alors qu’il est son rival premier. Le personnage est dur et insensé à certains égards, notamment dans la non-éducation qu’il offrit à sa pupille ainsi que dans sa façon de concevoir la gente féminine, mais il n’en demeure pas moins tellement vrai et convaincant qu’il en est humain et touchant. Soulignons également la vivacité et l’agilité d’Olivier Normand, le comédien est tout en légèreté dans sa façon de réciter ses alexandrins et démontre une belle énergie afin de bondir par-dessus les hautes barrières qui entourent le gîte de sa douce.

Malgré tout, bien que l’histoire soit des plus fignolées, que le propos demeure pertinent, que l’ambiance était superbe et les acteurs formidables, il est toujours difficile d’absorber tout ce texte verbeux et tellement loin de notre quotidien. Il est assez étonnant de voir encore montées aujourd’hui autant de pièces écrites en alexandrin qui, bien que la poésie puisse être très belle, érigent une haute barrière entre propos et public.

11-04-2010

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