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Du 15 avril au 10 mai 2014, 19h30, 29 avril 13h
Les liaisons dangereusesLes liaisons dangereuses
Texte Christopher Hampton, d'après Choderlos de Laclos
Adaptation française de Jean-Claude Brisville
Mise en scène Érika Gagnon
Avec Véronique Aubut, Marie-Josée Bastien, Guillaume Boisbriand, Sophie Dion, Noémie O'Farrell, André Robillard, Claudiane Ruelland, Réjean Vallée

France. À la fin du XVIIIe siècle, le vicomte de Valmont souhaite reconquérir son ancienne amante, la marquise de Merteuil. Elle accepte ses avances à la condition qu'il séduise deux dames de l'aristocratie, la naïve Cécile de Volanges et la pieuse madame de Tourvel. À partir de là, ils se livrent à un chassé-croisé sensuel, libertin et sans scrupules.

Osé, sexy, Les Liaisons dangereuses mêlent à l'amour, le pouvoir, la séduction, la manipulation et l'esprit. Une formidable adaptation du célèbre roman. Un duel sans merci.


Mise en scène : Érika Gagnon
Assistance à la mise en scène : Maxime Robin
Décor : Vano Hotton
Costumes : Sébastien Dionne
Éclairages : Félix Bernier Guimond
Musique : Véronika Makdissi-Warren

L'horaire de la représentation du troisième mercredi est variable
22 avril, mardi-rencontre

Une production La Bordée


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Les liaisons dangereuses, c’est d’abord un roman de Pierre Choderlos de Laclos publié en 1782, puis d’innombrables adaptations théâtrales, musicales et cinématographiques, dont les plus connus sont Les liaisons dangereuses de Stephen Frears et Valmont de Milos Forman. Le défi était donc de taille pour la troupe Les enfants terribles qui avait déjà présenté la pièce de Christopher Hampton il y a 20 ans déjà, avec Marie-Josée Bastien et Réjean Vallée, qui reprennent leurs rôles de Merteuil et Valmont.

Deux amis, amants et confidents se plaisent à ruiner les réputations et à manipuler leur entourage. À la fin de leur liaison passionnelle,  ils se jurent une amitié inviolable. C’est au nom de ce pacte que la marquise de Merteuil demande à Valmont de séduire la candide Cécile de Volanges qui doit prochainement épouser son ancien amant, M. de Gercourt. De son côté, Valmont a entrepris de conquérir la vertueuse Madame de Tourvel séjournant chez sa tante. C’est à ce moment que les jeux de coulisses à la fois sensuels et monstrueux débutent.  

Malheureusement, aussi passionnant fût le défi, il n’est pas entièrement réussi. Les liaisons dangereuses est une pièce sensuelle, parfois à la limite de l’érotisme. Ici, ce côté est escamoté. Le personnage de la courtisane Emily, qui apportait beaucoup de sexualité, a été éliminé et les scènes supposées torrides sont courtes et précipitées.

Heureusement, le texte, d’une grande beauté et relativement accessible, ne peut que nous toucher. L’aspect universel de l’histoire est d’ailleurs bien exploité ; les costumes et les décors laissent croire au XVIIIe siècle, mais la longueur des robes, les accessoires, tels que des stylos à bille, nous ramènent en 2014. Une belle façon de rappeler que Les liaisons dangereuses aborde des sujets bien d’actualité comme la fidélité, la manipulation, la passion.

Un autre aspect très intéressant de la mise en scène se trouve dans ce qu’on a fait de la présence de Merteuil, au cœur de chacune des scènes. Tel un personnage divin, elle observe tout ce qui se déroule, même lorsqu’elle n’est pas censée y être. Une façon brillante de démontrer l’emprise de ce personnage sur tous les autres.

La musique classique de Véronika Makdissi-Warren, au clavecin, appuie à merveille les entre-scènes chorégraphiées au quart de tour pour permettre des changements de décor subtils et délicats.


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Le jeu des comédiens, tout au long de la représentation, est malheureusement inégal. Peut-être était-ce dû à la nervosité de la première, mais Marie-Josée Bastien (Merteuil) débitait son texte beaucoup trop rapidement, il en devenait même difficile de la suivre. Les liaisons dangereuses est un texte dense, qui mérite d’être savouré pleinement afin que l’on comprenne bien toute l’ampleur du discours. De plus, la comédienne pourtant chevronnée ne semblait pas profiter pas pleinement de son personnage : si, à certains moments, elle donnait une performance qui nous laissait croire à son personnage, elle franchissait aussitôt une limite qui empiétait sur cette justesse de jeu. Merteuil est d’une rare méchanceté, mais reste tout de même une femme profondément blessée. Ce côté humain aurait dû être davantage exploité. Claudiane Ruelland (Tourvel) semblait éteinte. Ce personnage vit une ambivalence face à son mari et son amour naissant pour Valmont et, en aucun moment, le spectateur n’a pu ressentir le drame du personnage. Par contre, Réjean Vallée (Valmont) et Noémie O’Farrell (Cécile) étaient excellents ; O’Farrell par sa naïveté et sa candeur non dissimulée et Vallée par son charme contagieux donnant une belle vérité à leur personnage respectif sans tomber dans l’excès.  Le personnage d’Azolan (Guillaume Boisbriand), bien que très secondaire, réussissait habilement à créer un vent de fraicheur au sein de cette histoire.

Autre bémol, l’âge des personnages. On croit à tort que Valmont et Merteuil ont dans la quarantaine. Peut-être est-ce dû à l’adaptation où Glenn Close et John Malkovitch jouent ces deux rôles où à leurs agissements ; pourtant, selon le roman ou en lisant bien les répliques, ces personnages ont entre 25 et 35 ans, tout au plus. Heureusement, les performances laissent souvent oublier que les acteurs sont un peu trop âgés pour jouer ces deux personnages.

Malgré des lacunes, Les liaisons dangereuses restent une pièce à voir pour découvrir ce classique, pour le redécouvrir ou simplement pour savourer un texte qui, malgré les décennies, ne prend aucune ride.

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