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Du 15 au 20 décembre 2015, 19h30, 19-20 décembre, 15h et 20h
Beu-Bye 2015
Texte : Jean-Michel Déry, Philippe Durocher, Lucien Ratio, Nicola-Frank Vachon, en collaboration avec les comédiens
Mise en scène et script-édition : Lucien Ratio
Avec Joëlle Bourdon, Jean-Michel Déry, Philippe Durocher, Edwige Morin, Monika Pilon, Nicola-Frank Vachon

À la suite du succès public et critique rencontré l’an dernier, le Théâtre du Temps qui s’arrête présente la deuxième édition de sa revue humoristique de fin d’année: Beu-Bye 15, la revue de l’année de Québec, au théâtre La Bordée.

À travers l’humour, la parodie et le pastiche, Beu-Bye 15 revisite les sujets de l’actualité municipale, nationale et internationale pour mettre en scène les défauts si risibles de nos personnalités publiques ainsi que le simple citoyen aux prises avec les événements de l’actualité. Le maire Labeaume, Pierre-Karl Péladeau, Joël Legendre, Justin Trudeau, Marina Orsini, pour n’en nommer que quelques-uns, feront leur apparition sur scène dans des situations plus décalées les unes que les autres.

En marge des représentations, le public sera invité à découvrir les oeuvres du sculpteur sur métal Castor Vervaren, qui propose un regard extérieur et critique sur l’actualité québécoise de l’année 2015, dans le hall d’entrée du théâtre. À l’étage, le personnel de la Buvette Scott l’accueillera avec bouchées aux saveurs locales, vins de sélection et bières de microbrasserie. À cette occasion, les spectateurs auront la possibilité de se désaltérer avec la bière Beu-Bye, brassée spécialement pour l’événement par la MicroBrasserie Charlevoix.

À travers une quinzaine de numéros joués, chantés et dansés, Beu-Bye 15, la revue de l’année de Québec, propose au public du théâtre La Bordée, de célébrer de façon festive et ludique l’année qui est sur le point de se terminer.


Assistance à la mise en scène Julie Lemieux
Décor et éclairages : Jean-François Labbé
Costumes et accessoires : Marie McNicoll
Musique et ambiance sonore : Mathieu Campagna
Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Non-abonnés :
Régulier : 35 $
Aînés (60 ans et +) : 30 $
Jeunes (30 ans et -) : 25 $

Abonnés :
Régulier : 24 $
Aînés et jeunes : 21 $

Regard Castorien sur l'actualité d'ici – La suite
Exposition préparée par Castor Vervaeren

Production du Théâtre du temps qui s'arrête et de la Compagnie théâtrale


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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Critique

Crédit photo : Peter Marcoux

Il faut se le dire, 2015 n’a pas été jojo. Une partie de l’équipe de Charlie Hebdo décimée, la crise des migrants, les coupures du gouvernement Couillard en éducation et en santé (entre autres), l’attaque terroriste à Paris, près de 40 000 incidents impliquant des armes à feu aux États-Unis, dont plus de 265 fusillades de masse (plus de 9000 morts et 20 000 blessés, et ce, en 2015 seulement!)… Mais, comme l’écrivait Rabelais, le rire est le propre de l’homme : quoi de mieux qu’une revue de l’année humoristique pour s’amuser, tous ensemble, et dire enfin Beu Bye à cette éprouvante année!

La compagnie Le Théâtre du temps qui s’arrête investit, pour une deuxième année consécutive, la scène de la Bordée et donne un bon coup de pied au derrière des nombreux événements et personnalités qui ont marqué les 12 derniers mois. La formule, sans aucune prétention, n’a pas changé : une vingtaine de sketches plus ou moins longs s’enfilent rapidement, grâce aux transitions musicales de Mathieu Campagna, homme-orchestre placé côté jardin sur son presque traditionnel sofa rouge, entouré de son ordinateur, de sa guitare, sa flûte et son accordéon.  

Certes, on n’assiste pas au Beu Bye pour la qualité exceptionnelle des imitations ou pour son sens du grand déploiement. Le décor, d’ailleurs, est très neutre : quelques échafauds ornés de plusieurs ampoules blanches. La structure ne sera réellement utilisée qu’une seule fois durant la soirée. Par contre, on s’émerveille devant la fougue et l'énergie des six comédiens (Joëlle Bourdon, Jean-Michel Déry, Philippe Durocher, Edwige Morin, Monika Pilon et Nicola-Frank Vachon) et l’on s’esclaffe lors de quelques très bons flashs concoctés par l’équipe d’auteurs et le script-éditeur Lucien Ratio, qui signe aussi la mise en scène du spectacle.

La campagne fédérale aura marqué les esprits du groupe, qui occupe à elle seule au moins deux sketches complets. D’abord en ouverture, alors que les politiciens portent toges et « armes » d’un film de science-fiction très attendu en cette fin d’année (en faisant même un clin d’œil – voulu ou non – à une scène culte du film Spaceballs de Mel Brooks), puis, vers la fin, en s’immisçant dans l’engrenage de la série épique Le trône de fer (Games of Thrones), un choix qui s’avère très heureux.

Quelques numéros servent de fourre-tout à des événements marquants : ici, un homme qui se cherche tente de se trouver au travers des différentes manifestations mondiales, rappelant ainsi tous les dérivés de « je suis » (Charlie, Raif, citoyen…) que l’on a pu voir défiler lors des bulletins de nouvelles ; là, un Philippe Couillard en personnage du Dr. Seuss revient sur les citations de son cabinet, les coupes budgétaires et les « erreurs de calcul » de son gouvernement. Par contre, quelques fameuses trouvailles font littéralement éclater de rire l’auditoire : la grève des enseignants qui amène une figure policière menaçante comme suppléante et un téléjournal animé par Isabelle Richer qui écorche au passage Denis Coderre, François Bugingo, Eugénie Bouchard, Marina Orsini, Denis Lévesque et Xavier Dolan. La série Unité 9 (et ses nouveaux pensionnaires) en prend pour son rhume et le concept Uber passe au tordeur, dans une réflexion sous-jacente fort pertinente sur la (sur)démocratisation des services à la population. On arrive même à aborder la crise des migrants grâce à Alexandre Barrette et sa « nouvelle » émission intitulée Radeau payant.

Savoureux clin d’œil aux disparus de 2015, avec un Jacques Parizeau qui retrouve son ami Lévesque qui vapote. On retrouve aussi (sans les voir) Steve Jobs et Hugo St-Cyr ; ce dernier inspirera en chanson - superbe mix ! - le fameux « chanteur du Madrid » pour un moment délicieusement absurde…


Crédit photo : Peter Marcoux

Pourtant relativement réussis, quelques autres numéros jettent un regard peut-être trop candide ou tournent les événements (ou la parodie) à l’avantage de la personne : alors que Marcel Aubut est traité comme un simple « mononcle » ridicule, Joël Legendre devient une victime du zèle de certains policiers.

Par contre, le numéro de ce Beu Bye qui restera dans les annales est celui mettant en scène (évidemment) Régis Labeaume, qui se retrouve empereur romain : on aborde ainsi les poubelles, les Nordiques, le cuivre élevé de Limoilou, le fameux « mongol toi-même, tsé » (en rapport à une blague controversée de La soirée est (encore) jeune), mais, surtout, le mariage de PK Pélanus et de Julie Botoxus, animé par deux vedettes de TVA Sport. Et quand Céline vient faire son tour pour entonner l’Hymne à l’amour (clin d'oeil aux Oscars), c’est l’apothéose !

Les comédiens offrent tour à tour des moments dignes d’intérêt, mais avouons-le, Monika Pilon (phénoménale en Céline, entre autres) et Jean-Michel Déry volent la vedette.

L’équipe a opté pour une ouverture et une finale en chanson. La première, qui tourne autour de la Trudeaumanie, est plutôt comique, mais plusieurs mots échappaient à la compréhension lors de la première, causée par une mauvaise qualité du son. Et c’est avec une charmante mélodie que se conclut le spectacle, parlant de neige qui tombe et de fleuve gelé ; si elle détonne un peu du mordant qu’a fait preuve la troupe tout au long de la soirée, la douceur des mots et de la musique s’avère plus que bienvenue pour terminer cette année en beauté.

À l’an prochain !

15-12-2015