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Du 24 novembre au 5 décembre 2015, 19h30
Tu te souviendras de moi
Texte : François Archambault
Mise en scène : Fernand Rainville
Avec Claude Despins, Emmanuelle Lussier Martinez, Guy Nadon, Marie-Hélène Thibault, Johanne-Marie Tremblay

Édouard, professeur d’histoire à la retraite au caractère bouillant, commence à perdre la mémoire. Régulièrement invité dans les médias pour ses brillantes analyses de société, l’homme doit soudainement se faire plus discret. Mais Édouard refuse de disparaître et juge qu’il a encore beaucoup de choses à dire. Puisque personne de son entourage ne semble en mesure de veiller sur lui, il est placé sous la garde de Bérénice, jeune fille du nouveau conjoint de sa fille. Cette rencontre amènera Édouard à revisiter un passage de son histoire personnelle qu’il avait choisi d’oublier. Tu te souviendras de moi est récipiendaire du prix Michel-Tremblay 2014.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène : Stéphanie Raymond
Décor, costumes et accessoires : Patricia Ruel
Éclairages : André Rioux
Musique : Larsen Lupin
Crédit photo : Rolline Laporte

Non-abonnés :
Régulier : 35 $
Aînés (60 ans et +) : 30 $
Jeunes (30 ans et -) : 25 $

Abonnés :
Régulier : 24 $
Aînés et jeunes : 21 $

Une production du Théâtre de La Manufacture


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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Dates antérieures (entre autres)

Du 14 janvier au 22 février 2014 - La Licorne
Du 22 avril au 16 mai 2015 - La Licorne

 
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Critique

critique publiée en 2014

Qu’est-ce qu’il nous reste quand on sent que notre mémoire fait défaut, qu’elle nous quitte doucement? Le moment présent devient plus significatif que jamais, mais en même temps, aucune trace n’en subsiste quelques instants après. Grâce à un texte profondément émouvant, avec un juste dosage d’humour et de sensibilité, l’auteur François Archambault (15 secondes, La société des loisirs) aborde le thème portant lourd de la maladie avec doigté, en mettant de l’avant d’abord et avant tout un homme et son histoire.

Dans Tu te souviendras de moi, Édouard, un professeur d’histoire à la retraite aux positions sociales affirmées, qui aime parler et se faire entendre, refuse d’abdiquer devant sa maladie qui gruge tranquillement sa mémoire. Il a encore tant de choses à dire et de savoir à partager, mais il n’est plus tout à fait maître de ses pensées et devient peu à peu un poids pour son entourage. À bout de souffle, sa femme Madeleine le quitte et le confie à sa fille Isabelle, laquelle doit à son tour confier son père aux bons soins de son conjoint, Patrick, par manque de temps. Dans ce récit doux-amer, la maladie n’est pourtant pas que synonyme de fardeau, mais aussi de rapprochements.


Crédit photos : Suzane O'Neill

Le décor nous transporte dans un univers quasi aérien, avec un double fond de nuages qui permettent des transitions entre des scènes intérieures et extérieures. Ce décor offre un beau contraste avec les propos de la pièce qui sont solidement ancrés dans la réalité des rapports humains. Dans cette histoire intelligemment ficelée, les paroles d’Édouard servent aussi de vecteur à des critiques sociales où le virtuel permet la «démocratisation de la bêtise humaine» et la «dématérialisation du monde». Pourtant, c’est Bérénice, la fille du conjoint d’Isabelle, toujours scotchée à son téléphone intelligent, qui parvient à sonder le cœur d’Édouard et ses souvenirs enfouis.

La mise en scène de Fernand Rainville réussit à transmettre toute la gravité du propos avec une certaine légèreté qui laisse place à l’émotion, sans la rendre lourde ni pesante. Guy Nadon, dans le rôle d’Édouard, offre ici une performance magistrale qui nous fait apprécier chacune de ses répliques, lesquelles sont empreintes d’une sincérité désarmante. Marie-Hélène Thibault (Isabelle), Claude Despins (Patrick) et Johanne-Marie Tremblay (Madeleine) réussissent également à bien traduire toute la subtilité des émotions véhiculées par la pièce, sans oublier Emmanuelle Lussier Martinez (Bérénice) qui surprend par sa finesse d’interprétation de cette adolescente rebelle, mais pourtant sensible, à sa façon.

La pièce Tu te souviendras de moi permet une incursion dans les relations entre les générations, au-delà de la mémoire de chacun. La construction du récit, les liens qui se tissent entre les personnages, la poésie des propos et l’interprétation sentie de chacun des acteurs font de cette pièce une grande réussite et nous rendent témoins d’une performance résolument mémorable.

17-01-2014