12 septembre à 20h / 13 septembre à 23h / 14 septembre à 15h et 20h /
15 septembre à 20h
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Welcome...Welcome to Nowhere (Bullet Hole Road) / Temporary Distortion

Conception, scénario et mise en scène : Kenneth Collins
Avec Ben Beckley, Stacey Collins, Brian Greer, Lorraine Mattox, Jessica Grace Pagan et Stephanie Silver.

Fascinant hybride entre le road movie et le théâtre expérimental, Welcome to Nowhere plonge le spectateur dans un univers lent et sensuel, le temps de s’égarer dans une Amérique évanescente où se croisent aléatoirement les élans amoureux et les relents sordides de la mort et du crime.

Pendant la représentation, les acteurs, immobiles dans d’étroites cabines vitrées –la signature de Temporary Distortion–, sont surplombés par un écran panoramique où leurs doubles évoluent dans un monde parallèle tenant à la fois du flash-back mémoriel et du cauchemar lynchéen. Alors qu’ils interagissent sur vidéo, les personnages, sur scène, se parlent d’une voix éthérée sans sourciller ni même se regarder.

D’une superbe et troublante facture, Welcome to Nowhere parle de liberté, de fuite, de mémoire, en conjuguant parfaitement la subtilité du ton et le caractère frappant de l’image.

Costumes : TaraFawn Marek
Trame sonore : John Sully
Éclairages et décor : Kenneth Collins
Animation : Jon Weiss
Assistance à la mise en scène : Christine Vartoughian
Vidéos : William Cusick

Une production Temporary Distortion (ÉU)

Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie : 418-659-6710 - 1-877-659-6710

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Dates précédentes

Monument-National
Du 13 au 18 mars 2007
Supplémentaires du 10 au 21 avril 2007

par Yohan Marcotte

La neuvième édition du Mois Multi présente exceptionnellement une programmation en septembre (du 11 au 20 sept.) à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec. Nous pouvions assister à la production Welcome To Nowhere (bullet hole road) de la compagnie new-yorkaise Temporary distortion, à la salle Multi de Méduse du 12 au 15 septembre.

Un spectacle statique, où les comédiens immobiles sont des voix et des consciences tiraillées davantage que des corps en action. Comme dispositif scénique, le spectateur découvre une cabine à trois compartiments où généralement deux comédiens prennent place face à des micros qui diffusent et modulent leurs paroles dans la salle. Ils ne se regardent pas les uns les autres. Ce n’est pas un texte mis en lecture, même s’il semble bel et bien y avoir lecture, puisqu’un écran panoramique est aménagé au-dessus des acteurs. Nous les voyons apparaître et, en quelque sorte, se dédoubler. Il s’agit surtout de projections de plans-séquences qui amènent un dynamisme relatif à l’ensemble de la production. Par contre, c’est surtout le traitement sonore qui fait la force de ce spectacle.

Les voix, comme nous l’avons dit, sont modulées en direct et se mélangent à certains moments aux voix de la bande sonore rattachée aux images.  Un travail de recherche original présentant différents rapports entre sons, images et présence des acteurs, qu’il serait fastidieux de décrire ici en détail, distingue cette production de Temporary distortion. La compagnie aurait tout aussi bien pu la réaliser entièrement sur pellicule, sans toutefois pouvoir rendre la même multiplicité de points de vue.
Dans ce qu’au cinéma on appellerait road movie, Kenneth Collins, qui endosse à la fois les rôles de concepteur, scénariste et metteur en scène de la production, trouve une façon de faire passer sur scène le voyage immobile de l’automobiliste ainsi que le dédoublement de personnalité des personnes qui essaient de retrouver une vie normale après avoir transgressé des tabous sociaux, tels que le meurtre. Comme on peut le comprendre, cette œuvre n’est pas qu’un travail esthétique abordé par le biais des possibilités technologiques, elle questionne la nature humaine ; à savoir comment certaines personnes parviennent à reconstruire leur vie alors qu’elles ont été « victimes » de leurs pulsions.

L’univers mis en scène rappelle l’esthétique du réalisateur David Lynch, côté paranormal en moins, et l’équipe ne cache pas cette parenté dans le programme du spectacle. La narration est très fragmentée, résolument moderne, avec son lot de flashbacks et de tentatives de reconstitution des faits. Le déploiement des ressources technologiques ne cherche pas à en mettre plein la vue aux spectateurs. On expérimente leurs possibilités pour les mettre au profit d’une narration qui explore les faits plutôt que de les raconter selon le simple déroulement de l’histoire.  Les personnages racontent leur parcours en doutant d’eux-mêmes et de ce qu’ils disent. Personne n’y est objectif, de même que l’objectif de la caméra (ou l’œil du spectateur) ne sait plus sur quoi se fixer.

Un spectacle étourdissant et honnête !
18-09-2008

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