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Musique : Simon Elmaleh
Éclairages : Philippe Lessard-Drolet
Objets : Stéphanie Beliveau, Alexandre Fatta, Pascel Robitaille, Claudie Gagnon
Livre : Laurence brunelle-Côté, Simon Drouin, Mélanie Drouin, Jérôme Bourque
Crédit photo: Robert Bouthillier
Général: 30$
Étudiant ou 30 ans et moins: 22$
Une production Bureau de l'APA
Dates antérieures (entre autres)
Du 9 au 13 novembre 2010, Multi
par Odré Simard
Le regroupement du Bureau de l'APA se targue d'offrir à leur public des « créations artistiques multiformes » qui font état de la « complexité de leur rapport au monde ». Les initiateurs, Laurence Brunelle-Côté et Simon Drouin, abordent ici la « théorie de la jeune fille », telle qu'avancée par le collectif philosophique français Tiqqun. Un assemblage d'aphorismes plutôt poétiques qui dépeignent ce nouveau tare de la société qu'est la marchandisation de l'image et le bal des apparences qui mène à la négation de l'être.
Un professeur nous convie à prendre place dans la salle de classe, pour ensuite consulter notre manuel scolaire regroupant la presque totalité du texte qui sera dit sur scène, manuel qui soit dit en passant est un magnifique travail plastique saillant de créativité. La classe est chaotique, baignant dans une scénographie décousue mais enveloppante, avec une foule d'objets épars. Les deux performeurs nous serviront de guides dans cette démarche exploratoire. Ils nous lanceront des consignes et nous feront nous promener à travers tout le livre, chuchoteront, crieront, sueront pour nous lancer leur message. S'ajoute à cela un individu qui vient danser, souffler et hurler les numéros de chapitres, un quatuor à cordes jouant du Schubert, deux autres personnes orchestrant à vue les sons et la lumière de cette aventure. Finalement, un indésirable ne cesse de reprendre place sur scène malgré les avertissements du professeur.
Un énorme travail a été effectué sur tous les niveaux par les membres du regroupement, offrant au spectateur une poésie scénique exacerbée. À la lumière d'une rencontre avec les créateurs, nous apprenons que le message social est à la base de leur démarche et que tout le reste s'est greffé au fur et à mesure, tel un gigantesque casse-tête. La problématique de l'image est très claire et le véhicule était des plus étonnants et divertissants, mais il semble que la critique proposée stagnait quelque peu dans une accumulation d'idées depuis laquelle il était difficile de reconstruire une ligne directrice permettant une perception claire. Par contre, l'expérience se vit tel un grand voyage, il faut être prêt à s'abandonner au chaos et aborder ce qui nous est offert avec tous nos sens afin d'en profiter pleinement.
par Sophie Vaillancourt Léonard
Il faut sans aucun doute être témoin de La Jeune-Fille et la mort plusieurs fois pour arriver à en cerner toutes les subtilités. Présenté à la salle Multi de la coopérative Méduse jusqu’au 13 novembre, par le bureau de l’APA – structure indisciplinée et intelligente, dont le mandat consiste à générer des créations artistiques multiformes répondant largement et spécifiquement à la question : comment ce qui fait du sens fait-il sens ? – La Jeune-Fille et la mort ne peut pas être résumée où expliquée. Elle peut être perçue, comprise, acceptée ou refusée par ceux et celles qui la reçoivent, tout simplement.
Munis d’un manuel scolaire présentant les aphorismes du recueil Premier matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille de Tiqqun (revue philosophie française fondée en 1999 et animée par divers écrivains), le spectateur entre dans une salle de classe vraisemblablement livrée à elle-même. Pendant l’heure et quart que durera le spectacle, l’auditoire, devenu élève, se verra donner une véritable leçon qu’il devra suivre au gré des pages du dit manuel. Poésie sonore, danse, performance, La Jeune-Fille et la mort est une œuvre d’art à tous les niveaux. Livrée comme lors d’une journée d’école, avec ses cloches et ses récréations, la leçon est des plus éclatées; donnée dans le lieu de la socialisation par excellence, elle jette en plein visage de ceux qui la reçoivent tous les concepts, clichés et toutes les aberrations dont la société afflige la Jeune-Fille. Souvent à un rythme effréné, les « performeurs » gavent le spectateur d’informations, de choses à retenir, à voir, à entendre, mais surtout, à comprendre, à consommer, comme un professeur à ses étudiants.
Les créateurs et performeurs de La Jeune-Fille et la mort misaient haut et gros. Fine était la ligne pour ne pas tomber dans le trop, la surstimulation du spectateur, l’anéantissement de la qualité par la quantité. Mais voilà justement ce qui en fait une réussite. Laurence Brunelle-Côté et Simon Drouin ont non seulement su doser sans minimaliser, ils ont également su s’entourer d’extraordinaires artistes, dont Simon Elmaleh, musicien électro-acousticien, pour n’en nommer qu’un seul.
Si « La Jeune-Fille sait trop bien ce qu’elle veut dans le détail pour vouloir quoi que ce soit en général », La Jeune-Fille et la mort est une réussite dans ses moindres détails, comme dans sa globalité.