Après avoir conquis le public de Québec avec Complexe des genres, la jeune chorégraphe Virginie Brunelle présente Foutrement, un spectacle créé en 2010. Foutrement raconte l’infidélité, à la fois souffrante et jouissive, à travers un énergique triangle amoureux. Foutrement, c’est un homme et deux femmes qui s’entredéchirent, émouvants de vulnérabilité, soumis à la tentation et à leurs pulsions, mais cherchant inlassablement l’amour. À travers six tableaux ponctués d’ambiances lumineuses et musicales changeantes, les trois danseurs déploient une gestuelle athlétique aux influences classique et contemporaine. Leurs corps grinçants dessinent des mouvements à la fois lyriques et abrupts auxquels s’arriment de nombreux «portés». En résulte une œuvre mature qui conjugue danse et théâtralité pour mettre à nu les blessures et les tiraillements causés par le désir et la trahison, mais surtout, le poids des désillusions amoureuses.
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Lumières: Alexandre Pilon-Guay
Répétition: Anne Le Beau
Photo : Tobie Marier-Robitaille
Général 33,00$
Jeune Adulte / Aîné / Artisan 26$
Enfant / Ado 26$
Coproduction: Compagnie Virginie Brunelle, Théâtre La Chapelle (Montréal)
Une présentation La Rotonde
Salle Multi de la coopérative Méduse
591, rue de Saint-Vallier Est
Billetterie : 418 643-8131
Dates antérieures (entre autres)
Du 25 au 28 janvier 2012, Quat'Sous
par Sara Fauteux (2012)
Avec Foutrement, Virginie Brunelle déploie toute la force de son médium pour explorer avec beaucoup de sensibilité un sujet mille fois abordé déjà. La danse lui permet d’esquiver le piège des mots et de dire ce que seul le corps peut exprimer avec justesse sans jamais tomber dans la vulgarité.
Foutrement met en scène un triangle amoureux. Dans un mélange de danse et de théâtre, le spectacle s’articule autour de six tableaux qui se lient dans un long mouvement fluide. Les corps des interprètes s’abandonnent puis se cambrent dans des séquences gestuelles limpides et évocatrices. Le mélange des figures de danse classique et contemporaine exige des interprètes une performance aussi physique qu’émotive.
La scène dénudée est habitée par des éclairages tour à tour très chauds et très froids qui appuient habilement les différents moments définis par la chorégraphie. Des ceintures sont utilisées pour corseter le torse des femmes puis parsèment le sol. Les lanières de cuir rappellent efficacement à la fois la rigidité et la souplesse des corps en scène. Les costumes, épurés et évocateurs, accordent aux interprètes une vulnérabilité tout à fait pertinente.
La puissance évocatrice du corps et la finesse de sa mise en scène rendent toutefois superflu l’aspect théâtral de la pièce. Pourquoi utiliser le jeu et la personnification des interprètes alors que l’abstraction de la danse est ici elle-même tellement évocatrice? La musique provoque parfois la même impression en venant appuyer inutilement sur une émotion déjà pleinement sollicitée.
Dans cette mise en scène du corps et du désir, on cherche en vain l’énergie masculine. Alors que la partition des interprètes féminines révèle une grâce brute et sensible, celle de l’homme le rend plutôt accessoire. Bien que la chorégraphie truffée de portées exige de lui une performance hautement athlétique, la charge masculine reste très superficielle. Cette absence réduit la force de la performance en évacuant la sensibilité d’un joueur essentiel.
Malgré tout, Foutrement est un spectacle puissant qui témoigne d’une grande maitrise de la technique et de l’émotion. La chorégraphe Virginie Brunelle pose ici un regard très humain sur la question en évitant de départager le corps et le cœur. Sa pièce célèbre plutôt la grâce des corps et la force des émotions mises en scène dans la passion du désir amoureux.