À mi-chemin entre le spectacle et l’installation, Là est une expérience participative qui place les spectateurs au coeur de l’action. Quatre à la fois, les « spectracteurs » – comme l’artiste aime les nommer – déambulent dans un espace fantomatique dont les contours sont dessinés par une structure lumineuse. Grâce à un dispositif de localisation, les présences actives et sensibles des participants révèlent les fragments sonores d’une histoire qui change en fonction de leurs interactions. Les couches du récit s’enchevêtrent et se superposent et donnent ainsi lieu à une multitude de scénarios.
Photo Janicke Morissette
Système interactif sonore et lumineux Alexandre Burton
Environnement sonore Alexandre St-Onge
Costumes Elen Ewing
Conseil
dramaturgique Éric Forget
Supervision
technique et électronique Guillaume
Arseneault
Graphisme Janicke Morissette
Fabrication et soudure Geneviève Le
Guerrier-Aubry, Matthieu Gagnon Lamarre
6$ à la porte, - gratuit lors du vernissage, le 24 février 17h
10 % de réduction sur le tarif régulier — à l’achat de 2 billets et plus (spectacles différents).
20 % de réduction sur le tarif régulier — 30 ans et - / étudiant (preuve à l’appui).
20 % de réduction sur le tarif régulier — groupes de 10 personnes et plus.
Mois Multi www.moismulti.org
Production Recto-Verso, en co-production avec Artificiel
Section vidéo
Studio d'Essai
591, rue de Saint-Vallier Est
Billetterie : billetterie@moismulti.org / 418 524-7553 poste 3 / lepointdevente.com
Billetterie du Mois Multi : Hall de Méduse, du 29 janvier au 27 février – à partir de 16 h, les jours de spectacles seulement
La créatrice multidisciplinaire Line Nault, une habituée du Mois Multi (elle avait présenté, en 2012, Attachée, en ouverture de programme) occupe, pour trois jours seulement, l'espace du Studio d'Essai de Méduse avec sa toute nouvelle création, Là. Objet hétéroclite, aussi chargé qu’éthéré, Là, qui a demandé trois ans de travail, s’avère une expérience sensorielle immersive intense et mystérieuse, où la logique doit laisser la place aux sensations. Par l’entremise d’un dispositif technologique très sophistiquée (conçu avec Alexandre Burton), mais complètement invisible (elle dira elle-même que ce genre d’installation n’avait jamais été tenté auparavant, qu’ils en sont même les « cobayes »), l’artiste s’interroge sur la mémoire, sur le rêve, le réel et le fantasme qui se chevauchent pour créer une histoire dans une histoire, une réelle mise en abyme imaginaire.
Les spectateurs curieux entrent dans la salle par groupe de 3 ou 4. Ils enfilent une collerette (imaginée par Elen Ewing) qui leur désigne la couleur à suivre et leur personnage qu’ils découvriront peu à peu. À l’intérieur de la salle, très lentement, ils activent par leur positionnement des zones précises et entendent la voix de leur personnage évoquer le lieu, les personnes, les actions et les sentiments éprouvés. De manière fragmentaire et non linéaire (un peu comme un souvenir diffus, ou une reconstitution dans le désordre d’un événement), une histoire se forme et les personnages se rencontrent au milieu de cette bacchanale où se mélangent alcool, colliers et corps.
Inspirée par Rome, ses ruines, certaines divinités dont Bastet, la femme-chat de la mythologie égyptienne qui détenait le pouvoir stimulant l’énergie charnelle, et notre capacité de s'imaginer présent à deux endroits en même temps, Line Nault cumule les strates dans un monde ou conscient et inconscient s’amalgament, entre rêve et réalité. Malgré l’espace nu – les pièces de l’appartement dans lequel on déambule ne sont délimitées que par des LED suspendus, qui s’activent et changent de couleur selon la personne qui entre ou sort d’une pièce – on imagine avec beaucoup d’aisance les lieux et les événements décris par Ève Duranceau, Éric Forget, Johane Haberlin ou Renaud Lacelle-Bourdon, audibles grâce à un petit haut-parleur sur notre épaule gauche. La trame sonore d’Alexandre St-Onge, créée à partir de sons félins, berce, puis gronde, allant jusqu’à créer une certaine frayeur, lors de moments plus intenses, dans le ventre des « spectracteurs ».
Personne n’aura le même parcours narratif ou la même histoire à raconter en sortant de Là, qui s’amuse à nous plonger au creux de la mémoire de quelqu’un d’autre, alors que nous restons conscients de notre propre corps. Là explore aussi l’espace-temps hyperbolique, la métaphore du moi corps et du moi espace surréel, l’habitat du corps et celui de l’esprit qui ne deviennent qu’un. Dense, désorientant, mais fascinant.