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Du 15 janvier au 2 février 2008

Santiago

Texte  : Hélène Robitaille
Mise en scène : Philippe Soldevila
Interprètes : Marie-France Tanguay, Lucien Ratio, Marjorie Vaillancourt, Pierre Potvin, Frédérick Bouffard, Christian Michaud, Réjean Vallée

Dans un temps lointain, entre la France et l’Espagne, un pèlerin revenu de Saint-Jacques est tué par un jeune brigand. Un père, sa fille et leurs amis, en route pour Compostelle, découvrent le cadavre. Ils enterrent la dépouille et poursuivent leur chemin. Puis, sans le savoir, leurs pas croisent ceux du meurtrier, personnage peu bavard, qu’ils invitent généreusement à partager leur voyage en direction du lieu saint. Et, trimbalant chacun leurs espoirs et leurs fautes comme bagages, ils marchent. La forêt n’abrite pas que les morts et les brigands; leur route est bordée de surprises, de doutes, de noirceurs et de remords. Le pèlerinage prédispose à croire à ces révélations troubles de l’esprit et attise ce besoin de communier avec ce qui existe profondément en soi.

Hélène Robitaille nous entraîne sur une voie peuplée de visages aux histoires fantaisistes, où l’on peut dormir à l’auberge de la honte, s’arrêter un peu, se dégourdir les jambes et se reposer l’esprit, puis reprendre chacun le cap de sa propre destinée. Quelque part sur la route de Compostelle, on amène tout ce que l’on est et on espère trouver le bon chemin, celui qui mène vers le pardon.

Assist. mise en scène : Philippe Dion-Boucher
Éclairages : Christian Fontaine
Scénographie : Christian Fontaine et Erika Schmitz
Conception sonore : Pierre Potvin et Pascal Robitaille

Photo : Louise Leblanc

Une production du Théâtre Sortie de secours

Théâtre d'Aujourd'hui
3800, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

 

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Dates antérieures

Du 20 mars au 7 avril 2007 - Périscope

 

par Magali Paquin

Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle n’est souvent plus, aujourd’hui, qu’une destination parmi d’autres pour les touristes à l’esprit bohême. Il fût cependant un temps où arborer sur son manteau la coquille Saint-Jacques témoignait de l’accomplissement d’un long pèlerinage, tant périlleux que source de foi et d’espoir. C’est ce périple qu’ont entrepris les personnages imaginés par l’auteure Hélène Robitaille dans « Santiago », du nom que portait Saint-Jacques à l’époque moyenâgeuse.

Racontée à la manière d’un conte où les espérances naïves sont confrontées à la réalité brute, cette pièce présente des dialogues à l’équilibre bien senti entre l’humour et le dramatisme, équilibre reflété avec justesse dans la mise en scène de Philippe Soldevila. Sur les pas d’un père (Réjean Vallée), marchent sa fille de seize ans (Marjorie Vaillancourt) et deux compères, un jeune nigaud (Lucien Ratio) et un vieil homme lent d’esprit (Pierre Potvin). Un homme sombre et énigmatique (Frédérick Bouffard) se joint à eux : assassin d’un jeune pèlerin (Christian Michaud), il cherche à expier cette faute récemment commise. Or, s’ils affrontent la pluie, le froid, les loups et les brigands au cours de leur long voyage, c’est surtout à eux-mêmes que les pèlerins se voient confrontés. Secrets dissimulés, ambitions réprimées, craintes refoulées; chacun a en son cœur un secret bien gardé. Ceux-ci sont dévoilés au rythme de leurs pas et des moments partagés, que ce soit sur le flanc d’une montagne ou dans l’Auberge de la Honte tenue par la charnelle Emilia (Marie-France Tanguay).

Par définition, un pèlerinage est long, et celui-ci n’y fait pas défaut. Trop lente est la mise en situation du contexte et des personnages, et inadéquate est l’entracte alors que le cœur de l’action est enfin atteint. Rien toutefois pour gâcher la pièce, qui bénéficie grandement de la qualité du travail et du talent de ses concepteurs. Reproduire sur scène les paysages multiples et changeants que sont collines, vallées et forêts n’est pas de la première évidence. La simplicité géométrique des décors en plates-formes, jumelée à un éclairage vivant qui se modifie selon les heures du jour (Christian Fontaine), ainsi que les costumes de cuir et de fourrure respectueux du style de l’époque (Érica Schmitz), donnent toute la crédibilité nécessaire à l’action. C’est un conte, mais il faut tout de même y croire. Le voyage des compagnons est judicieusement rythmé par le ludisme et la légèreté tant dans l’environnement sonore (Pascal Robitaille) que dans les pas chorégraphiés des personnages (Harold Rhéaume), deux éléments qui s’harmonisent en totalité. Étant davantage le récit d’une expérience d’introspection que de foi religieuse, la pièce permet une interprétation variée des sept personnages. Certains des acteurs imposent d’ailleurs leur talent, notamment l’incroyable Pierre Potvin en vieil illuminé ou encore Christian Michaud, qui démontre son habilité à changer de rôle plus vite que son ombre.

Expérience agréable à tout point de vue, « Santiago » assure parfaitement la transition entre les saisons hivernale et printanière par son ton à la fois grave et ludique. Mais si les contes se terminent habituellement par un dénouement heureux, il en va autrement de celui-ci qui, loin de fixer les personnages dans un avenir assurément fortuné, leur ouvre toutes grandes les portes de la vie…

26-03-2007