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Du 5 au 16 décembre 2007

On achève bien les chevaux

D'après le roman de  : Horace McCoy
Libre adaptation et mise en scène : Marie-Josée Bastien
Interprètes : Emmanuel Bédard, Nancy Bernier, Lorraine Côté, Jean-Michel Déry, Hugues Frenette, Érika Gagnon, Annie LaRochelle, Véronika Makdissi-Warren, Christian Michaud, Sylvain Perron, Réjean Vallée

À l’instar de plusieurs autres, Renaud et Élizabeth se rencontrent par hasard et deviennent partenaires dans un marathon de danse. À ce jeu, tous acceptent de se soumettre à des conditions extrêmes. Offerts à une foule friande de sensations fortes, les concurrents éprouvent leur endurance jusqu’à ce qu’un couple vainqueur remporte la cagnotte. Tous ces participants, avec juste quelques rêves en poche, n’ont plus rien à perdre… Qui gagnera dans cette lutte pour la survie? Y aura-t-il des gagnants? Cette mascarade de jeu met en scène la misère humaine, l’exploite comme un simple divertissement, une marchandise que l’on vend.

Une chronique des années 30 librement inspirée du roman d’Horace McCoy que Marie-Josée Bastien situe dans le décor de la ville de Québec. On achève bien les chevaux est un manège à l’issue fatale où l’on danse sur le désespoir du plus faible.

Texte publié : On achève bien les chevaux, Éditions Gallimard (1946)

Mouvements : Harold Rhéaume
Assistance mise en scène  : Christian Garon
Décor et accessoires : Christian Fontaine
Costumes : Isabelle Larivière
Éclairages : Denis Guérette
Musique : Stéphane Caron

Production Théâtre Niveau Parking et Théâtre Les Enfants Terribles, Codiffusion Théâtre Périscope

Salle principale
Tarif régulier : 29 $
30 ans et moins, 60 ans et plus et abonnés : 23 $
Taxes et frais de services inclus

Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

 

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Dates antérieures

Du 12 septembre au 7 octobre 2006 - Périscope

 

par Isabelle Girouard

On achève bien les chevaux est une libre adaptation de Marie-Josée Bastien du roman d'Horace McCoy, publié en 1935. Après quatre années de travail et de recherche, Mme Bastien en signe aussi la mise en scène. L'histoire nous situe dans le Québec des années trente, au coeur de la crise économique.  La misère pousse différents couples à s'inscrire à un marathon de danse, dont le prix est une somme faramineuse, promesse d'un avenir assuré. Organisé et animé par le personnage de Ludger Drouin (Jean-Michel Déry), ce concours est en fait une distraction pour la population et la police: au même moment se trame une transaction illicite dans le Port de Québec.      

Produite l'automne passé au Périscope, On achève bien les chevaux raconte une histoire simple, avec profondeur et sensibilité. Au milieu d'un décor épuré, le texte nous est révélé dans une mise en scène poétique et soutenue par onze comédiens maîtrisant parfaitement le jeu et la danse - Harold Réhaume a d’ailleurs dirigé les chorégraphies. La scène est transformée en piste de danse où évolueront, sous l'oeil de la foule invitée à assister au marathon (nous!), des couples démunis, manipulés et humiliés. On ne sort pas indemne de ces deux heures de représentation.

Magnifique et bouleversant.

14-12-2007

 

par Magali Paquin

Dans ce fruit d’une heureuse collaboration entre le Théâtre Les Enfants Terribles et le Théâtre Niveau Parking, Marie-Josée Bastien, cette fois auteure et metteure en scène, propose une adaptation théâtrale du roman de Horace Mac Coy publié en 1935. « On achève bien les chevaux » (They Shoot Horses, Don’t They ?) s’atèle à étaler la misère humaine au rythme d’un marathon de danse de la dernière chance, où hommes et femmes s’engagent jusqu’à l’avilissement dans l’espoir de remporter le gros lot. Au cœur de la Grande Crise des années trente, l’on se nourrit de rêves et d’espoir, souvent trompés et déçus.

Dans ce concours de danse où l’espérance naît pour être aussitôt écrasée sous le poids des corps exténués, le jeu physique se retrouve au centre de la piste. Le chorégraphe Harold Rhéaume s’est appliqué à transposer les idées théâtrales en mouvements, donnant à chaque personnage un caractère corporel particulier en plus de créer des chorégraphies endiablées. Ce travail physique s’allie à la mise en scène de Marie-Josée Bastien et forme un tout cohérent et vivant, que vient équilibrer un décor sobre et discret.

Si la pièce respecte grosso modo le propos et le déroulement du roman de Mac Coy, bien des éléments ont en contrepartie été modifiés. Les événements ont lieu à Québec plutôt qu’en Californie ; la détresse de la Grande Crise  se substitue à la poursuite du rêve américain ; l’action se déroule désormais sur fond de magouilles illégales ; des personnages ont disparus, d’autres apparus. Est-ce par souci de rapprocher les spectateurs québécois de (leur) histoire que l’on a fait ces choix ? On peut en douter, puisqu’en intensifiant les humiliations que les danseurs doivent subir et en accroissant le misérabilisme des personnages, l’adaptation de Marie-Josée Bastien verse indéniablement dans la fiction. Pourtant, l’on s’est appliqué à se conformer à l’histoire, du moins en partie. Bien que la trame sonore soit une version contemporaine du style musical en vogue à l’époque (Pink Martini, Nicolas Repac et cie.), les costumes, pour la plupart robes grises et culottes à bretelles, se mêlent aux turlutes de La Bolduc pour recréer le passé. Or, malgré cette volonté de reproduire l’atmosphère du Québec des années trente, cette pièce ne peut être considérée comme représentative de la réalité de la Grande Crise, aussi pénible fut-elle, et cet entre-deux nébuleux pourra en embêter certains.

D’une autre perspective, l’accentuation des avilissements subis par les personnages permet de vivement ressentir leur détresse et justifie bien plus le dénouement dramatique que ne le fait l’écrit de Mac Coy. Sur ce point, le crescendo imposé par la tension palpable et le jeu de plus en plus impliqué des acteurs est d’une terrible et grande force. Le couple formé par Élizabeth (Érika Gagnon) et Renaud (Christian Michaud) est d’une complicité à la fois puissante et accablante de souffrances réprimées. La méchanceté et l’hypocrisie de Ludger Drouin (Jean-Michel Déry), organisateur et animateur du marathon, n’ont d’égales que sa capacité à susciter le plaisir pervers de la foule pour les bêtes de cirque que deviennent les danseurs. « On achève bien les chevaux », cette phrase-clef, n’en a que plus de sens. Les spectateurs non plus ne peuvent d’ailleurs pas sortir immaculés de l’expérience, étant eux-mêmes voyeurs et conséquemment, acteurs malgré eux de l’humiliation humaine…

14-09-2006