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Du 20 novembre au 2 décembre 2007
Supplémentaire : 1er décembre 16h

Histoires d'hommes

Texte : Xavier Durringer
Mise en scène : Sylvie Cantin, accompagnée de Bertrand Alain, Érika Gagnon et Kevin McCoy
Distribution : Sylvie Cantin

Une femme sans âge, une femme aux vies multiples se dévoile par bribes. Elle a parcouru les chambres d’hôtel, les nuits d’insomnie, elle traîne dans ses valises de grandes joies, de grands chagrins, de petites déceptions, des murmures, des mensonges et des découvertes. Inlassablement, elle cherche l’accord juste entre le temps qui passe trop vite et celui qui s’éternise. Dans une succession de courts textes, elle nous dépeint un débordement de vies, parfois à grands coups de pinceaux et à d’autres moments par petites touches. Au centre du tableau, des hommes qui ont constellé son chemin faisant naître des amours passionnés, des amours impossibles, des amours déçus, de petits et grands moments.

Avec Histoires d’hommes, le Théâtre Les Trois Sœurs entreprend un vagabondage en territoire amoureux, en posant un regard attendri, à la fois triste et drôle, sur une vie de femme.

Scénographie : Erica Schmitz
Lumières : Louis-Marie Lavoie
Musique originale : Marc Vallée
Mouvements : Lydia Wagerer

Production Théâtre Les Trois Sœurs
Codiffusion Théâtre Périscope

Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

 

par Isabelle Girouard

Créé à Québec en 1997, le théâtre Les Trois Soeurs se veut parole de femme. Mais n'allez pas croire que des grandes dames sont parties en guerre féministe; la preuve en est simple puisque Histoires d'hommes, présentée en codiffusion avec le théâtre Périscope, est née sous plume masculine.  Ce onewoman show interprété par une des fondatrices des Trois Soeurs, Sylvie Cantin, nous invite aux  confidences d'une femme à voix multiples.  C'est qu'au départ, ce texte de Xavier Durringer rassemble une quarantaine de monologues pour femmes; le choix d'en faire un spectacle solo se relève audacieux et, ma foi, réussi.

On gagne toutefois à être patient une fois installé dans l'univers rouge à lèvres d'Histoires d'homme.  La mise en scène, signée par quatre têtes (dont l'interprète) se relève un tantinet lente à faire ses preuves;  et la rencontre entre personnage et spectateur n'est pas gagnée d'avance. Mais le défi est respectable pour les artistes du spectacle: nous raconter, dans un tête à tête direct, une série d'aventures amoureuses à la sauce parisienne. Sylvie Cantin nous livre une à une, avec énergie et naturel, ces histoires d'hommes, découvrant un personnage tantôt névrosé, tantôt pathétique, mais attachant. De la première expérience amoureuse aux  inévitables déceptions, en passant par des nuits d’insomnie, chacun y trouvera son compte. Ainsi, on ne décollera pas du quotidien de cette femme d'âge mûr ayant butiné, souvent avec détachement, les fleurs des champs et des villes. Une fois cette petite déception passée, on avons le loisir d'apprécier ce moment de grande intimité. Car si le personnage se dévoile à nous si facilement, c’est que notre présence se révèle importante, voire nécessaire : il a besoin, pour se raconter, de notre écoute attentive. Ainsi, nous avons tour à tour le rôle de psychologue, de confident, d'amant.  Il faut trouver son plaisir. 

Par contre, quelques détails accrochent: une scénographie exceptionnelle, mais qu'on ne sent pas exploitée à son maximum, des interventions sonores qui parviennent parfois difficilement à unifier l'univers esthétique, un texte dont les premières répliques, donnant le ton à toute l'heure qui suivra, nous rappelle un peu trop la nonchalance parisienne ou encore un humour présent, mais se rendant mal au spectateur qui reste coi,  peut-être intimidé par la présence de son voisin. Malgré ces petits malaises, la pièce est loin d’être dénudée d’intérêt, et si on met quelque temps à apprécier l'univers dans lequel on est transporté, la sympathie pour ce personnage féminin plein de désir et de vitalité finit par trouver le chemin en nous. Il faut dire que le jeu de Sylvie Cantin en est pour quelque chose; la comédienne soutient brillamment le monologue du début à la fin, sans essoufflement ni maladresse. On passe allègrement d’une histoire d’homme à l’autre, petits univers cocasses, tristes ou désintéressés, en se reconnaissant ici et là. 

Étrangement, ces histoires d’hommes, écrites par un homme, semblent plaire davantage à ces messieurs…  que faut-il en conclure?

23-11-2007