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Du 16 octobre au 3 novembre 2007

à tu et à toi

Texte : Isabelle Hubert
Mise en scène : Jean-Sébastien Ouellette
Assistance à la mise en scène : à confirmer
Avec : Nancy Bernier, Érika Gagnon, France Larochelle et Christian Michaud

Les années 80. Christine et Chantale terminent leurs études secondaires en se jurant une amitié éternelle. Photos de graduation et mots dans l’album de finissants à l’appui. Deux ans plus tard, Catherine et David passent par le même chemin, mais se détestent sincèrement.

2004. Catherine est devenue dramaturge, elle vit dans la grande ville. Sa sœur aînée Chantale est restée au village. Le « remariage » de Christine ramène Catherine dans sa Gaspésie natale. La veille de la cérémonie, les trois filles se réunissent pour descendre quelques verres. Au cours de la soirée débarque inopinément David, l’ancien ennemi juré de Catherine. Le mouvement de la fête s’accélère, les quatre trentenaires, émoustillés par la présence des uns et des autres, confrontent leurs réalisations à leurs rêves d’adolescence. À travers des discussions parfois cinglantes où les couteaux volent bas, David, casque bleu à la retraite, Catherine en panne d’inspiration, Chantale en mal de tout et Christine l’amoureuse névrosée se mesurent et se retrouvent bien plus clairement qu’ils ne l’auraient cru.

Sur le mode de la comédie satirique, à tu et à toi nous plonge au cœur des remises en question de la trentaine. Elle traite avec une légèreté apparente de la persistance des rêves et de la force de l’amitié.

Décor et lumières : Bernard White
Costumes : Jennifer Tremblay
Musique : Marc Vallée

Production La Compagnie dramatique du Québec
Codiffusion Théâtre Périscope

Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

 

par Magali Paquin

Avec «à tu et à toi», Isabelle Hubert signe un texte où les blessures d’amitié côtoient les  blessures de guerre, où la profondeur des maux se confronte à la superficialité des préoccupations. Présentée pour la première fois au Théâtre Périscope, cette pièce de la Compagnie dramatique du Québec cherche à interroger le spectateur avec gravité sous une apparence de légèreté.

Dans un enrobage nostalgique pour la jeune trentaine d’aujourd’hui, au rythme des hits musicaux des années 80 et des souvenirs du secondaire, des drames personnels se voient submergés dans une mer de préoccupations futiles, traçant un portrait somme toute crédible des rapports humains. Réunies autour de quelques bouteilles de vin et d’un remarquable porc-épic au fromage et raisins, Chantale (Érika Gagnon) et Catherine (France Larochelle) font une petite soirée pour souligner le remariage de leur amie et belle-sœur Christine (Nancy Bernier). À la futilité des propos s’opposent cependant les meurtrissures et les insatisfactions personnelles, qu’expriment les sourires contrits et les remarques amères. En témoin silencieux de ces déversements émotifs, David (Christian Michaud), un compagnon du secondaire devenu Casque bleu, vit un conflit intérieur qui contraste gravement avec la superficialité des conversations qui l’entourent. La légèreté des dialogues ne laisse cependant que trop tardivement place à l’expression du désarroi et de la détresse des personnages. Bien que la tension s’accentue alors qu’avance la soirée et que coule le vin, le paroxysme de la pièce n’est toujours pas atteint lorsque se conclue celle-ci. À l’image de la soirée de filles se terminant subitement suite à une tragédie bovine, reste l’impression d’une conclusion expéditive qui risque de laisser le spectateur quelque peu insatisfait.

Cette pièce est quasi thérapeutique pour l’auteure, qui s’est fortement inspirée d’expériences et de situations vécues pour l’écriture. Et puisque le metteur en scène Jean-Sébastien Ouellette n’est autre que son amoureux, la transition du texte à la scène s’est faite, dit-on, dans l’accord et la confiance. Dans un souci de «réalisme obsédé» qui ne se démarque pas par son originalité, celui-ci met en scène la réalité crue, sans métaphores ni effets superflus. Dans l’appartement au plancher jonché de jouets, où s’empile la vaisselle et la lessive, le seul élément irréaliste est cet écran où sont projetées des dates, des photos de graduation et des indications sur l’action. Celui-ci aurait tout aussi bien pu être retiré. Les précisions qu’il souligne sont en effet inutiles, l’action se suffisant amplement à elle-même. D’autre part, l’interprétation naturelle des acteurs est peut-être le résultat le plus probant de cette expérience de théâtre réaliste. Alors que le trio d’actrices féminines confère du caractère à leurs personnages respectifs, Christian Michaud est particulièrement crédible dans un personnage, qui, bien qu’avare de paroles, n’en est pas moins extrêmement profond.

L’on s’égaie de ces personnages qui rappellent facilement quelqu’un qu’on connaît. Cependant, alors que les rires fusent, il n’est pas aisé d’être réellement interpellé par leurs drames. Si tracer un portrait réaliste des relations humaines équivaut à mettre en valeur une certaine superficialité du discours, il est bon de souligner que les métaphores et les non-dits sont parfois plus significatifs que les mots.

19-10-2007