Textes : Création collective des interprètes
Idée originale et mise en scène : Jean-François F. Lessard
Avec: Vincent Champoux, Maryse Lapierre, Philip Larouche, Jean-François F. Lessard, Todd Picard et Nicola-Frank Vachon
Charles, astronome réputé et grand amoureux des étoiles, se rend sur les rives du lac Mono, dans le Sierra Nevada en Californie. Au même moment s’y trouve Marianne, jeune bibliothécaire réservée. Tous deux s’y sont rendus pour percer un secret, comme si des réponses se trouvaient enfouies dans ce lac mystérieux qui avale goulûment les eaux de tous ses affluents. Lentement, à travers les brumes du lac et les vapeurs anciennes, leur histoire respective refait surface.
Le Théâtre CODA propose un spectacle où musique et théâtre s’accordent pour raconter une même histoire. Les mélodies nous accompagnent comme des guides dans ce récit touffu où le passé se dévoile peu à peu. La famille, la recherche de ses racines, la quête amoureuse trouvent écho au lac Mono, lieu mystique où les souvenirs et chagrins se cachent dans les profondeurs de l’eau et les rêves dans l’immensité du ciel étoilé.
Décor : Katia Talbot
Traitement sonore : Frédéric Auger
Production CODA
Codiffusion Théâtre Périscope
Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183
par Odré Simard
La pièce Mono Lake nous propose une expérience tout à fait unique et des plus riches en émotions. On retrouve Charles et Marianne qui se rencontrent lors de moments charnières de leur vie, à la recherche d’un moyen pour figer le temps pour bafouer leurs solitudes respectives. Tout au long de la pièce, on assiste à des bribes de vie des personnages, nous présentant dans le désordre des moments de leur histoire tantôt heureuse, tantôt tragique. En trame de fond, nous avons la présence mystérieuse du « Mono Lake », qui devient objet de fascination pour tous les personnages.
À partir du travail des créateurs ayant mis leur talent en commun, Jean-François Lessard a su consolider poésie et force à travers toutes les images qui se succèdent au fil de la pièce. Les contrastes sont ici maîtres de notre sensibilité, faisant passer rapidement les personnages d’un tableau rigolo à un autre tout à fait dramatique. Les transitions sont opérées en finesse et la juxtaposition des scènes dans une trame narrative toute déconstruite résonne avec ferveur lorsque tous les morceaux du casse-tête sont assemblés. Notre imagination est sans cesse stimulée et on ne regrette pas l’absence de changement de décors ou de costumes; avec simplicité, tout est là.
CODA théâtre et musique a su faire une création collective qui dépasse le casse-tête; les personnages sont attachants, l’histoire se tient et les personnages ont une profondeur. Nicola Frank Vachon nous offre une performance magnifique à travers Nathan que l’on retrouve à différentes étapes de sa vie. Quelle scène touchante que de voir deux hommes adultes jouer un père (Vincent Champoux) et son fils de 7 ans (Nicola Frank Vachon) perchés sur un toit à regarder les étoiles. Un moment de tendresse puissant.
Il est impossible de parler de Mono Lake sans aborder la fusion opérée entre théâtre et musique. L’ambiance sonore est délicieuse, venant parfois appuyer légèrement une émotion, mettre un contraste sur une action ou encore prendre toute la place et se porter garant du premier rôle. Il est clair que la chimie entre les deux disciplines n’a jamais été mise de côté. Le tout s’emboîte à merveille et nous transporte tout au long de la représentation. La présence centrale des instruments n’étant nullement dérangeante pour notre attention, leur utilisation est parfois complètement intégrée à l’action, parfois laissée en suspens, mais jamais plaquée ou négligée. Les musiciens et les instruments font office de personnages à même titre que ceux proposés par les acteurs proprement dit.
Au final, un collectif d’artistes talentueux et créatifs nous propose quelque chose de fort et de différent. Tout pour nous offrir un beau moment.