Assistance mise en scène : Andréanne Béland
Scénographie de Cybel St-Pierre
Production Dream Team
Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183
par Sylvie Isabelle
Combinez une bonne dose d’humour absurde et une intelligence fine : vous obtiendrez les textes de Jean-Michel Ribes qui a remporté deux prix Molière en 2002 pour Théâtre sans animaux, soit celui du meilleur spectacle comique et celui de l’auteur. Ajoutez à cela la douce folie du Théâtre du Dream Team, et vous obtenez un moment absolument savoureux qui n’a d’autres défauts que d’être trop court.
Des situations banales comme l’achat d’un lave-vaisselle ou une visite au musée deviennent franchement hilarantes lorsqu’elles sont vues à travers la loupe de Jean-Michel Ribes : en tout, sept courtes scènes nous sont présentées ; dans chacune d’elles, Emmanuel Bédard et Nicolas Létourneau font à nouveau la preuve que le ridicule ne tue pas! Ils y sautent à pieds joints, en cabotinant un brin, pour notre plus grand plaisir. Superbement appuyés de Joëlle Bourdon et de Chantal Dupuis, tous sont d’une précision et d’une aisance parfaites.
Un père qui apprend à sa fille qu’elle ne s’appelle pas Monique comme elle le croit depuis 18 ans, des collègues de bureau qui s’avouent timidement leur amour, une famille qui découvre un objet tout à fait incongru dans son salon par un beau dimanche matin, un homme qui arrête de fumer en portant une perruque Louis XV : les spectateurs rient franchement, et souvent à gorge déployée.
Vincent Champoux joue habilement avec les comédiens et sa mise en scène laisse toute la place au texte : il déstabilise la salle d’entrée de jeu avec la scène Tragédies qui débute… par la fin d’une représentation théâtrale. La scénographie et les costumes contribuent également à donner de la personnalité à la pièce : tout est très simple, épuré, mais en même temps extrêmement ludique et versatile, ce qui amène une touche tout à fait contemporaine à l’ensemble.
Certains reprocheront peut-être l’accent « franchouillard » adopté par les comédiens tout au long de la pièce : s’y arrêter équivaut toutefois à se priver d’un détail tout à fait charmant, et même d’une des forces du Dream Team. Alors que « franchouillard » est plutôt connoté négativement, on y préférera le terme « frenchy » : c’est un anglicisme, il est vrai, mais tellement plus sympathique! Il décrit aussi plus exactement l’esprit bon enfant et le petit côté frondeur de la troupe. L’accent contribue à créer un univers dans lequel le Dream Team évolue fréquemment et avec aisance : ceux qui ont pu voir Emmanuel Bédard et Nicolas Létourneau à l’œuvre dans Le dîner de cons, présenté au Théâtre Petit Champlain depuis quelques étés, y sont déjà préparés. En fait, les deux comédiens excellent à jouer avec les accents et c’est d’ailleurs l’un des plaisirs de les voir à l’œuvre.
Il serait donc dommage que les amateurs de théâtre passent à côté de Théâtre sans animaux : présentée au studio de création Marc-Doré en marge de la programmation de saison du Périscope, la pièce vaut le détour. Elle amène un vent de folie et de rire dans la grisaille de novembre. En ayant à son actif Glengarry Glen Ross, Variations énigmatiques et maintenant Théâtre sans animaux, le Théâtre du Dream Team s’impose comme une troupe à suivre.