Texte publié : CYR, Marc-Antoine. Je voudrais crever, Dramaturges Éditeur, 2009
Le titre fait référence au poème du même nom de Boris Vian.
Équipe de création: Émilie Gauvin, Romain Fabre, Yves Morin, DuBunker, Romain Fabre, Olivier Gaudet-Savard, François Bernier.
Crédit photo: David Ospina
Production Théâtre DuBunker
Codiffusion Théâtre Périscope
Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183
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Dates antérieures
Du 14 avril au 2 mai 2009 - Aux Écuries (Montréal)
par Sophie Vaillancourt-Léonard
Mateo se meurt avant d’avoir atteint la trentaine. C'est autour de son lit d'hôpital, se relayant pour les tours de garde, que ses quatre amis remettent en question passé, présent et futur. Solange, éternelle voyageuse et étudiante pour qui tout est tellement différent ailleurs, Luce, lucide excessive, qui vient tout juste d'acheter une maison en banlieue avec Sylvain pour qui rien n'est « jamais vraiment grave » et Paul, en peine d'amour, qui découvre l'angoisse. Ce qui leur apparaît comme étant leur entrée officielle dans la vie adulte se fait là, tout près de celui qui ne l'atteindra jamais.
Si la pièce semble, par sa description, lourde, pour ne pas dire déprimante, c'est pourtant tout le contraire que la troupe du Théâtre DuBunker nous présente. Le texte de Marc-Antoine Cyr évite habilement tous les clichés auxquels on pourrait s'attendre. Loin d'être centré sur la mort de Matéo, c'est plutôt sur celle d'une jeunesse, d'une insouciance qui ne reviendra jamais dont il est question. Ce sont les deuils quotidiens, grands comme petits, devant lesquels nous sommes parfois pris de vertiges : « Pour que la vie soit la vie, pour qu'elle avance et recommence, souvent, il faut qu'une mort nous effleure » (Marc-Antoine Cyr). Ce n'est donc pas de la mort dont le spectateur de Je ne voudrais (pas) crever est témoin, mais plutôt, d'une célébration de la vie.
Toutefois, un bémol se doit d’être mentionné, par rapport à la mise en scène : la musique. À plusieurs reprises, les acteurs chantent et l'un d'entre eux les accompagne au piano. Ces intermèdes musicaux édulcorent le sens, réduisent à néant l'émotion et rendent banale et anodine l'histoire qui se déroule sous nos yeux. Ici, les interprétations ne sont définitivement pas en cause, mais ne changent rien à l'effet refroidissant de chacune d'elles. Une fois passe encore, s’avère sympathique, deux, peut-être, mais les chansonnettes prennent finalement trop de place et font bien pâle figure à côté de la justesse du reste. La mise en scène de Reynald Robinson, cyclique et basée autour des souvenirs, est bien menée et porte bien le propos ; le texte quant à lui, oscille avec justesse entre sérieux, lucidité et humour, sans jamais tomber dans le cynisme. Finalement, les acteurs, tous, sont justes et touchants. Reste à savoir si la profondeur visée pourrait être atteinte si elle n'était pas constamment évitée par les éléments musicaux et chantés.