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Du 15 février au 5 mars 2011
Les trois exils de Christian E.
Texte : Philippe Soldevila et Christian Essiambre
Idée originale et mise en scène : Philippe Soldevila
Avec : Christian Essiambre
Ceci est l’histoire rocambolesque de Christian E., dont l'enfance est enracinée dans le petit et irréductible village de McKendrick, au nord du Nouveau-Brunswick. C’est dans ce paradis perdu, où les voisins sont des personnages plus grands que nature, où tous les mauvais coups sont permis, que l’imaginaire de notre Acadien prend son appui pour fabriquer les héros de sa vie. Christian E. nous raconte ses « déportations volontaires », qui l’amèneront à l’aut’bout du monde. De ses vies inventées au pays de l’enfance, il passe à celle plus concrète d’un étudiant de théâtre à Moncton, puis au quotidien fictif de Tom Pouce au Pays de la Sagouine, pour se retrouver au milieu d’un Montréal à apprivoiser. Une histoire d’exils et de passages, où défile toute une galerie de personnages, comme autant de variations sur une même identité.
 
Philippe Soldevila et Christian Essiambre se sont réunis pour écrire à quatre mains cette histoire singulière et plurielle d’un Acadien pas ordinaire lancé à la conquête du monde.

Équipe de création: Marcia Babineau, Christian Fontaine, Érica Schmitz , Pascal Robitaille, Alain Tanguay

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Production Théâtre Sortie de Secours
Coproduction Théâtre l’Escaouette
Codiffusion Théâtre Périscope

Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

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 Critique
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par Sylvie Isabelle

Quand la fuite en avant nous rattrape

La plus récente production du Théâtre Sortie de Secours, encore une fois en collaboration avec le Théâtre l’Escaouette, reprend des thèmes qui lui sont chers : l’identité, la langue, l’exil et la quête de soi. Cette fois-ci, le tout est empreint d’une sincérité rarement vue. Seul sur scène, Christian Essiambre nous livre le récit de ses exils. En introduction lors de cette soirée de première, le metteur en scène et coauteur, Philippe Soldevila, a qualifié la pièce de biographique : Essiambre se raconte à nous avec tant d’authenticité et de candeur qu’on le croit, du début à la fin, dans ses moindres péripéties.

Christian E., un Acadien né à McKendrick, un petit village au nord du Nouveau-Brunswick, végète doucement à Montréal, dans son demi sous-sol. Il va d’une audition à l’autre, en espérant le grand rôle dont il rêve tant et pour lequel il a quitté son Acadie natale. Un coup de fil de sa mère le ramène au pays de son enfance, où il devra confronter ses choix et son destin, intimement lié à celui de ses trois cousins, nés dans la même semaine que lui.

Le public de Québec a pu suivre l’évolution de ce projet : tout d’abord lors du dévoilement de la saison 2010-2011 de la saison du Périscope, où on nous avait offert la première partie de la pièce. L’humour décapant et le magnétisme de Christian Essiambre étaient déjà bien apparents. Puis, à l’occasion d’un Chantier lors du Carrefour de théâtre de Québec 2010, on nous avait offert une portion plus dramatique qui laissait deviner la portée tragique du récit. Le produit fini tient ses promesses : l’écriture agile, la narration habilement déconstruite et la présence unique de Christian Essiambre nous tiennent en haleine d’un bout à l’autre de la performance. Seul sur scène, le comédien tient la pièce sur ses épaules… et les spectateurs au creux de sa main. Un véritable tour de force!

Sous des airs de road movie acadien, on le suit à travers le Nouveau-Brunswick, du nord au sud. On rencontre sa famille, ses amis, on visite McKendrick, Bouctouche, le Village de la Sagouine, Moncton… Avec une chaise pour tout accessoire, sans jeu d’éclairage et à peine quelques effets sonores, Essiambre donne vie à ses souvenirs grâce à son formidable talent de conteur : il valse d’un accent à l’autre, d’un personnage à l’autre, et parle d’un bout à l’autre de la pièce sans jamais perdre le contact avec la salle. Souvent, un seul mot dans une phrase lui sert de pivot pour nous faire passer d’une scène à l’autre, sans crier gare. Tour à tour frondeur, nostalgique, désespéré puis serein, il nous entraîne dans un vaste examen de conscience. Un drame familial qu’on découvre petit à petit, avec des flashbacks adroitement insérés, l’amène à prendre conscience de ses exils. Son éternelle fuite en avant le rattrape et le force à prendre pied dans le présent.

La collaboration entre Soldevila et Essiambre donne lieu à une pièce riche en émotions qui nous fait passer du rire aux larmes. La première partie, absolument hilarante, détonne un peu du reste du déroulement qui vient vraiment nous émouvoir : toutefois, sans même qu’on s’en rende compte, ces pitreries permettent à Essiambre d’établir une complicité avec le public et de l’entraîner à sa suite. La rencontre entre l’écriture maîtrisée de Soldevila et l’énergie brute d’Essiambre donne vie à un vrai bijou, empreint de générosité, de lucidité et d’humilité, qui vient se positionner comme l’une, sinon la meilleure pièce présentée cette saison-ci à Québec.

16-02-2011

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