À 33 ans, face à sa vision du monde qui se modifie, l’chum à Chabot décide de répondre à l’appel de la stabilité. Mais rien n’est conventionnel pour lui. De l’usine des p’tits gâteaux Vachon où même le caramel décide de jouer contre son destin, en passant par Saint-Magloire-de-Bellechasse et son festival scatologique, la route vers le bonheur comporte une « trallée » de petites trahisons et bien des détours…
Après avoir créé Scotstown dans un Conte urbain, Fabien Cloutier nous invite avec Cranbourne à suivre de nouveau l’chum à Chabot qui part cette fois en quête du bonheur et de l’amour… Fabien Cloutier amène ici son personnage coloré vers l’âge adulte, sans toutefois lui épargner une multitude d’aventures !
Coup de coeur des festivaliers du volet Zoofest du Festival Juste Pour Rire en 2010 avec Scotstown, Fabien Cloutier récidive avec son percutant personnage dans Cranbourne, qualifié de « tour de force » par la critique et finaliste au Prix Michel-Tremblay comme Meilleur texte porté à la scène en 2011-2012.
Assistance à la mise en scène Sophie Thibeault
Costumes et accessoires Maude Audet
Éclairages Patrick Campagna
Musique Martien Bélanger
Peut être acheté en combo avec Scotstown
Une production Fabien Cloutier
Dates antérieures (entre autres)
Du 29 février au 17 mars 2012, Salle Fred-Barry
11 octobre 2013 - L'Anglicane (Lévis)
Du 18 novembre au 13 décembre 2013, La Licorne
par Daphné Bathalon
Après un passage remarqué au festival Zoofest l’été dernier, Fabien Cloutier se glisse à nouveau dans la peau du chum à Chabot, qui n’a d’autre nom que celui cousu à sa chemise, « L’chum ». En revanche, en quelques minutes, on sait presque tout du personnage, qui dit les choses – toutes les choses – qui lui viennent à l’esprit, sans craindre le jugement des autres ou le regard qu’ils pourraient porter sur sa vie. Langue bien pendue, assis confortablement sur son « trône », il discourt sans arrêt, avec un insatiable besoin de se confier.
Cranbourne raconte la suite des aventures, entamées dans Scotstown au Zoofest 2010, de L’chum, Québécois peu éduqué au langage coloré. Dans Cranbourne, il a vieilli, mais a encore des tonnes de choses à dire et une logique qui lui est bien personnelle. À 33 ans, il n’a ni enfant, ni blonde, ni vrai job. Un soir à tuer le temps avec des vieux chums, il réalise soudain qu’il doit faire quelque chose de sa vie. Pour y parvenir, L’chum s’exile de son patelin, Scotstown, pour gagner Saint-Odilon-de-Cranbourne, pas très loin de Sainte-Marie-de-Beauce. Il s’y trouve un emploi dans une usine de gâteaux Vachon, à la ligne chocolat…
Présenté par le Théâtre Urbi et Orbi, Cranbourne découle de la plus pure tradition du conte urbain. Cette fois cependant, c’est l’espace rural que le conteur investit. Habile narrateur, Fabien Cloutier ne met que quelques instants à nous faire entrer de plain-pied dans son univers. D’emblée, L’chum nous invite à prendre nos aises : « Installez-vous comme du monde, ça va durer plus que cinq minutes ». Ce sont en effet un peu plus de 60 minutes qu’il passera à nous parler de sa vie, de son chum Chabot et des autres, pas des plus fins à ce qu’il dit, du travail, des Noirs, « des Islams », de « viande anale », des handicapés et de la vie dans les petites villes de campagne, quand il n’y a pas grand-chose à faire pour se désennuyer sauf peut-être miser sur « où c’est que la vache va chier ».
Dans un feu roulant de confidences et de confessions, L’chum gagne peu à peu notre adhésion. Il ne quémande pourtant rien de notre part, ni pitié, ni compréhension, ni pardon. Cloutier démontre un réel talent pour faire surgir de son récit les personnages entourant L’chum et pour faire vivre ce personnage haut en couleur, qui se décrit lui-même comme « une bonne grosse base », sans jamais verser dans la caricature ou le jugement de valeur.
On prend grand plaisir à suivre les péripéties de L’chum et en apprendre plus sur la « pelletée de marde » qui lui tombe constamment dessus. Tout va toujours de travers dans sa vie, même la plus simple histoire se transforme en rodéo épique. Parce que, si peu articulé qu’il soit, L’chum se pose de grandes et graves questions, de celles que tout le monde se pose un jour ou l’autre et pour lesquelles il n’y a pas vraiment de réponses. C’est dans cette manière d’aborder des questions existentielles, par la bande et avec humour (un irrésistible humour!), que réside toute la force d’écriture de Cloutier.
Vulgaire, L’chum peut l’être : les sacres façonnent sa manière d’être, mais il se montre aussi pertinent, vrai, lucide, entier. Un personnage de stature dans une histoire comme on aime se les entendre conter.