Retrouvez avec plaisir l’hypocrite éditeur parisien Pierre Brochant et le si attachant François Pignon, ce con de classe mondiale qui empile aussi remarquablement les allumettes que les maladresses!
Cette pièce a connu quatre ans de triomphe ininterrompu au Théâtre Petit Champlain de 2007 à 2010 et le film a atteint plus de neuf millions d’entrées en salle.
Tous les mercredis, Pierre Brochant et ses amis organisent un dîner où chacun doit amener un con. Celui qui a trouvé le plus spectaculaire est déclaré vainqueur. Ce soir, Brochant exulte, il est sûr d'avoir trouvé la perle rare, un con de classe mondiale : François Pignon, comptable au ministère des Finances et passionné de modèles réduits en allumettes. Ce qu'il ignore, c'est que Pignon est passé maître dans l'art de déclencher des catastrophes.
Depuis 2003, le Théâtre Voix d’Accès fait la promesse de divertir avec intelligence par une proposition théâtrale unique à Québec. Ayant vu le jour sur la scène du Théâtre Petit Champlain, le Théâtre Voix d’Accès permet une rencontre artistique qui se démarque par des productions où l’humour subtil ne fait pas obstacle à l’accessibilité.
par Magali Paquin (2007)
Pièce française à succès ayant connu ses heures de gloire tant sur les planches qu’au grand écran, « Le dîner de cons » de Francis Veber égaye cette fois la saison estivale du Théâtre Petit Champlain. Le Théâtre Voix d’Accès, qui s’est donné pour mission de faire rimer divertissement et intelligence, fait d’elle une pièce croustillante de plaisir dont on se délectera assurément.
L’histoire est relativement connue : chaque mercredi, Pierre Brochant (Emmanuel Bédard) organise un dîner bien spécial avec ses copains, où chacun présente un pauvre bougre qui ne se doute pas de la véritable raison de cette charmante invitation : devenir tête de turc le temps d’une soirée. Cette fois, a été dégoté François Pignon (Nicolas Létourneau), un con de première avec «une belle tête de vainqueur». Mais l’imbécile n’est pas toujours celui que l’on croit. Cloué à la maison par un tour de rein, largué par sa femme et harcelé par une ancienne maîtresse (Marie-Frédérique Auger), renouant avec un ancien ami (Jean-Michel Déry), visité par un contrôleur fiscal (Vincent Champoux), Brochant vivra des heures pénibles en compagnie de son «con de classe mondiale», lequel multiplie les gaffes et les pitreries.
Par l’enchaînement ininterrompu de ses répliques savoureuses, «Le dîner de cons» constitue à la base un fabuleux exercice de dilatation de la rate. La mise en scène de Renaud Paradis ne se prive d’ailleurs pas d'user de l’enthousiasme croissant des spectateurs pour les intégrer à l’action, en les faisant notamment scander des slogans sportifs. La pièce atteint toutefois son pic de folie quand certains personnages, qui semblent pris d’une fièvre joyeuse, exécutent mimiques et chorégraphies en flirtant momentanément avec le burlesque. La mince frontière entre comédie et parodie est parfois franchie par l’insertion d’effets sonores de dessins animés qui semblent d’abord superflus, mais dont on justifie habilement la présence par les références qu’y font les personnages. Le glissement de la pièce vers la caricature semble en fait une astuce pour la différencier du film, bien que l’on n’arrive jamais à se détacher totalement de ce dernier.
L’aspect parodique avec lequel flirte la pièce a cependant ses limites. Le timbre cacophonique d’Emmanuel Bédard, l’air nigaud de Nicolas Létourneau ou la névrose de Vincent Champoux s’insèrent relativement bien dans la situation, mais l’interprétation exagérément caricaturale de Marie-Frédérique Auger en ex-maîtresse ésotérique tranche avec le jeu des autres acteurs. D’autre part, le décrochage sporadique des comédiens, retenant avec peine un sourire, incite à croire qu’ils s’amusent ferme. Difficile toutefois de leur en tenir rigueur tant la situation incite au gai délire, sur les planches comme dans l’assistance. Assurant son succès dès les premières répliques, «Le dîner de cons» constitue une valeur sûre dans l’univers du théâtre d’été, pour qui cherche à allier distraction légère et vivacité d’esprit.