Du 20 octobre au 10 novembre 2007
Japon
Création : Thomas Gionet-Lavigne, Lucien Ratio, Jean-Olivier St-Louis, Alexandre Thériault et Caroline Turcotte
« Cher Suwa,
Vous êtes venu au théâtre.Vous vous êtes assis.Vous avez vu
Cent ans de solitude.Vous êtes revenu chaque soir.Vous avez
marché dans Tokyo.Vous êtes allé Au Perroquet vert, puis au
Tokyo, puis au Poisson Volant.
Vous vous êtes promené le long de la rivière Shinda.
Vous avez écouté la musique des soirs de Tokyo.Vous avez
fait du théâtre aussi, vous.Vous avez écrit, joué et raconté.
Japon.Vous êtes devenu un autre dans Japon.Vous aimez
Feydeau et le rap. Le Japon.Vous aimez le rock, surtout
dans vos soirs de Tokyo.Vous êtes amateur de lutte
et de théâtre post-dramatique.
Vous avez trouvé un titre à votre nouvelle pièce : Japon.
Vous avez pensé que tout cela ne pourrait que s'écrire
comme ça : Japon.Vous avez répété ce titre inlassablement :
Japon, Japon, Japon…Japon. »
Japon est une création collective québécoise autour
du Japon.Du théâtre au Japon. C'est l'histoire d'un jeune
auteur dramatique qui va au Japon pour écrire une pièce
sur le Japon qui s'appellera Japon. Écrire une pièce autour
d'un artiste qui s'appelle Suwa Maratori et qui a fait
une adaptation grandiose de Cent ans de solitude au théâtre.
Le jeune auteur débarqué à Tokyo devra se débrouiller
comme il peut car Suwa Maratori est introuvable depuis
des années. Il enquête dans le milieu théâtral et tente
de retrouver monsieur Suwa Maratori, tente de trouver
les raisons de sa disparition.
Japon n'est pas une pièce
de théâtre, c'est un spectacle rock
Une production de la Compagnie Thomas
Premier Acte
870, rue Salaberry
Billetech : 418-643-8131 - 418-691-7211
par Isabelle Girouard
C'est un voyage plutôt léger, mais combien agréable, que nous offre Japon, création collective de la Compagnie Thomas. Sur scène, trois acteurs, un écran, un banc chinois... et un band rock. L’histoire tourne autour de la mystérieuse disparition de Suwa Maratori, créateur important dans l’histoire du théâtre nippon. Engagé pour retrouver l’artiste, un enquêteur s’embarque pour Tokyo, où il sera accueilli par un étudiant en interprétation de chez nous venu y faire son conservatoire. Il fera connaissance du petit milieu théâtral et poétique entourant la vie de Maratori, portrait un peu kitch d'une cité urbaine qui, on le sent parfois, est tout droit sorti de l'imaginaire de ses créateurs. Il rencontrera une multitude de personnages typés qui peu à peu mettront de la chair autour de l’os. L’intrigue réside peut-être dans le livre de Gabriel Garcia Marques, Cent ans de solitude, pièce adaptée par Maratori une vingtaine d’années plus tôt. L’action est entrecoupée par des interventions musicales rock bien soutenues, mais dont le lien avec le reste n'est pas tout de suite évident. L’histoire est toutefois menée à bon rythme, et si le mystère réside dans la disparition de Maratori, il ne se trouve pas moins dans ces personnages qui nous livreront peu à peu leur propre solitude.
Le spectacle, en résidence depuis un an à Premier Acte, fut initié par deux des créateurs, Thomas Gionet-Lavigne et Jean-Olivier St-Louis. Le projet les a conduits jusqu'au Japon, au printemps dernier. C'est là qu'ils affirment avoir découvert Maratori, dont ils s'inspirèrent par la suite… Cependant, nous apprenons entre les branches que cet homme de théâtre est issu de leur seule imagination. Et l'idée porte fruit. Le projet final trace grossièrement les traits d'une culture japonaise dans une ambiance pas toujours réaliste, et le fou rire nous prend la plupart du temps devant les comportements quelques fois étranges des personnages.
À l’intérieur d’une scénographie sans prétention et d’une mise en scène quelquefois simpliste se rapprochant du théâtre d'images, on ne peut s’empêcher de trouver Japon sympathique. La fraîcheur de cet univers un peu enfantin, mais frôlant parfois le cabotinage, nous est offerte par trois joyeux lurons dont la complicité sur scène est remarquable. Malgré de légères inégalités au niveau du jeu et de petits décrochages, les acteurs se rendent jusqu'à nous, faisant de ce moment quelque chose de privilégié pour le spectateur. Mais il n'y a pas de véritable profondeur dans Japon; les quelques moments de tension dramatique ne réussissent que difficilement à s'élever du premier niveau. C'est probablement notre seule déception.
27-10-2007