Du 10 au 28 novembre 2009, 20h
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La réforme Pinocchio

Texte : Création collective des Fleurs
Mise en scène de Jean-Michel Déry
Avec Benoît Cliche, Israël Gamache, Éliot Laprise, Jean-René Moisan et Lucien Ratio

Après des années de crise dans une société qui pourrait être la nôtre, rien ne va plus. L'État perd graduellement de son pouvoir et de son emprise sur la population : les jeunes adhèrent de moins en moins aux valeurs qui leur sont transmises. Mais à qui la faute?

Dans leur grande clairvoyance, les hautes sphères dirigeantes décident de s'attaquer à ce qui lui semble être " la source du problème ", soit l'éducation ou, plus précisément, l'influence de certains individus qui ne sont pas sous leur contrôle absolu : les Fictifs. Certains d'entre eux deviennent alors la cible de l'État qui soutient que ces individus, bercés dans un monde illusoire et d'une infâme utopie depuis leur tendre enfance, ont une influence néfaste sur la population. Pour combattre ce fléau, le régime en place lancera la Grande Campagne de Rétablissement de l'Ordre qu'elle nommera Réforme Pinocchio. Mais qu'est-ce que cette fameuse Réforme et quels en seront les véritables impacts?

Les Fleurs présentent leur toute première création sous la forme d'un conte moderne sans scrupules, à l'humour acide et vindicatif !

Scénographie : Marie-Renée Bourget-Harvey

Carte Premières
Date Premières : 12, 13, 20, 21, 27, 28 novembre 2009
Régulier 22$
Carte premières : 11$

Une production Les Fleurs

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131

par Odré Simard

Le collectif Les fleurs ont sans aucun doute des choses à dire. Présentée à Premier Acte, leur toute première création nommée La Réforme Pinocchio témoigne d’une parole incisive et dénonciatrice qui ne demande qu’à être entendue.

Dans un monde où seuls des hommes existent, l'empereur flanqué de ses conseillers Narcisse et Autorité, doit régler la situation de crise qui sévit depuis plusieurs années. Au lendemain de la réforme instaurée sacralisant le pragmatisme, la recherche de l’optimisation de la productivité au profit de l’utilité est la seule chose liant les humains en une société cohérente. Un grave problème interfère dans la productivité. Depuis un certain temps, tous les nouveau-nés sont atteints de déficience mentale et tout enfant qui atteint l’âge de productivité et qui n’est pas apte à travailler doit se faire euthanasier. Il n’y a donc plus aucune relève possible au sein de cette société alors vouée à une disparition certaine.

On doit trouver le coupable. La gardienne, personnifiée par un individu à tête de télévision, possède à l’intérieur d’elle « le fictif ». Concept dangereux dans cette société où les gens ne savent plus ce qu'est l'imagination. Tout art et toute créativité ont été écartés et effacés de ce monde.

Le collectif nous propose une réflexion grinçante sur les dangers d’une société à œillères et dont les seuls buts sont productivité et profit. Un aveuglement qui bafoue toute humanité possible. L'image de la gardienne-télévision est tout à fait à propos comme critique contemporaine de notre mode de vie occidental. Une exagération aux accents grotesques d’un personnage des Télétubbies (populaire émission pour tout-petits) nous montre Spanky-Wanky, ce fameux « fictif » qui trouble les enfants du royaume. Un certain malaise voulu et réussi émane de ce personnage ; défi d’interprétation fort intéressant pour Benoît Cliche. Cette dimension de la pièce donne à réfléchir sur la responsabilité si importante des parents à contrôler ce que leurs enfants peuvent absorber de la télévision.

Le texte est donc de façon générale assez solide et profond, et le jeu des acteurs est plutôt égal et sert bien le propos. Peut-être que les acteurs ont une certaine difficulté à sortir de la caricature très marquée de leur personnage, mais ils réussissent tout de même à nous offrir un spectacle à la fois divertissant et propice à la réflexion.
13-11-2009

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