Au mois de juin c’est l’urgence de venir à la rencontre d’un ciel ouvert qui vous reçoit.L’urgence de dire oui à une présence d’exception, celle de Pol Pelletier, qui veut « dire ce qui n’a jamais été dit ». Son lieu est celui du théâtre comme « moyen raffiné de comprendre et d’exercer la vie » comme matrice où peuvent affleurer ces vérités secrètes enfouies dans l’ombre des formes. Là où l’indicible reste sacré…sauvage, pour reprendre un terme qui lui est cher.
Pol Pelletier présentera en primeur au Cercle sa nouvelle œuvre en train de naître dont le titre actuel est « La robe blanche ». Pol Pelletier en parle comme d’une impérieuse nécessité, comme une révélation qui cherche son chemin jusqu’à nous et qui doit être prononçée. Avec cette création, Pol quitte le rivage définitivement et nous invite à la suivre dans les tréfonds de notre identité individuelle et collective.
Elle sera exceptionnellement accompagnée sur scène par Jean-Jacques Lemêtre, musicien attitré du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine depuis 35 ans.
Billets 30$
4 et 5 juin 2011, au choix, de 14h à 16h
Conférence démonstration de la Méthode Dojo
Dans une conférence-démonstration, Pol Pelletier exposera les fondements de la Méthode Dojo pour acteurs et actrices, centre international d’entraînement et de perfectionnement pour artistes de la scène qu’elle a fondé et où elle a travaillé de 1988 à 2001. Dans son Dojo, qu’elle a appelé la « Cour des Miracles », elle a élaboré une méthode qui permet de comprendre et d’éventuellement maîtriser l’art de la présence ou « comment passer de son état normal à l’état de présence » par la mise en pratique de sept lois qui entraînent des modifications dans notre structure corporelle et psychique. En 2004, elle adapte cette méthode pour le grand public et crée des ateliers qui donnent des résultats au-delà de toute espérance. Ses théories sur le théâtre qui guérit sont confirmées et dynamisées.
30$ en vente ou 10$ pour les membres de l’Ampli
Une production SuCréation, en association avec L’Ampli de Québec
par Odré Simard
Merci à SuCréation et au Cercle d'avoir permis à la voix exquise et douloureuse de Pol Pelletier de refaire surface. Exilée de l'autre côté de l'océan pour quelques années, elle reprend sa place sur scène avec une force aussi magistrale qu'on l'eut espéré. Et ça promet, puisque la présentation de La robe blanche au Cercle était en fait une mise à l'essai, texte à la main, de sa nouvelle pièce et que cela n'enlevait absolument rien à sa présence « sauvage » qui tord le coeur et nous fait rire et pleurer à la fois, littéralement. Pol Pelletier possède une intelligence sensible si rare et si débordante, c'est à un festin sensoriel que nous sommes conviés en sa présence malgré l'espace vide et la retenue de la mise en scène.
Arborant vêtements noirs, gants blancs, visage blanc et chapeau haut de forme, Pol Pelletier se présente dans un accoutrement de mime, de celui qui ne parle pas, qui ne possède pas de voix. Elle s'avance vers la scène, fragile, presque timide. C'est d'un souffle tremblant qu'elle nous annonce qu'elle est au seuil de la pièce la plus périlleuse de sa vie. Venant de cette Don Quichotte du féminisme, de celle qui a déjà tant osé et tant pourfendu les discours banalisant la place de la femme et les lacunes identitaires québécoises, venant de Pol Pelletier donc, ce n'est pas désinvolte comme affirmation. Déjà un frisson parcourt la foule fébrile.
La voix et le corps se mettent à l'oeuvre et la magie opère déjà, Pol Pelletier nous entraîne dans une expérience hors du commun où l'humain se confronte et se lie à ses semblables, face à la beauté autant qu'à l'horreur que cette femme plus grande que nature dépeint devant nous. Et les premières minutes sont difficiles, car nous sommes témoins obligés de l'agression sexuelle répétée par l'abbé Desjardins sur la petite Nicole, 3 ans. Une enfant qui se cache derrière l'armure « Pol » Pelletier, révélée entre autres dans son spectacle Nicole, c'est moi présentée notamment au théâtre de la Bordée en 2004. Avec détails et précisions quasi suffocantes, la femme de théâtre se hisse sur ses souvenirs tranchants afin de libérer la parole, cette parole qui viendra laver ses blocages et ses tremblements qui ont terni sa vie de femme, son humanité. La guérison commence par les mots. Et ces mots nous les buvons, nous les accueillions malgré notre gorge nouée par ce flot d'émotions. Elle accrochera ensuite au passage plusieurs sujets touchant le combat pour la place des femmes qui a sombré dans l'oubli après la forte vague féministe des années 80, éraflant les institutions, la collectivité, l'absence de désir de réflexion véritable...
Pol Pelletier, une parole qui bouscule, qui confronte, qui libère... et pour notre plus grand plaisir, qui reviendra fort probablement à l'automne, toujours au Cercle et encore plus solide.