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Le cri des méduses
4 et 5 avril 2018, 20h

Après Là-bas, le lointain, Ravages et Les caveaux, Alan Lake poursuit son approche multidisciplinaire en faisant dialoguer son langage chorégraphique et sa sensibilité aux arts visuels dans une pièce pour onze danseurs. Inspiré par Le Radeau de la Méduse de Géricault et l’état d’urgence vécu par les naufragés dans la célèbre peinture, le chorégraphe explore la manière dont une communauté peut se redresser et remonter à la surface à la suite d’événements graves. Le cri des méduses prend place dans un lieu inventé où les projections vidéos, la matière brute de la scénographie, la trame sonore interprétée “live” et l’éclairage contribueront à nous propulser dans un onirisme terrifiant. Corps agonisants et entassés, mouvements de masse et pyramides humaines composeront ce tableau organique qui navigue dans les eaux troubles des cycles de transformations, entre lieux de sépulture et lieux d’éclosion de la vie.


Création : Alan Lake
Chorégraphie : Alan Lake, avec la complicité des interprètes
Interprétation : Kimberley de Jong, Nicolas Labelle, Louis-Elyan Martin, Fabien Piché, David Rancourt, Geneviève Robitaille, Esther Rousseau-Morin, Arielle Warnke St-Pierre et 2 danseurs à confirmer


Crédits supplémentaires et autres informations

Musique en direct : Antoine Berthiaume
Lumières : Bruno Matte
Répétition : Annie Gagnon (Montréal)
Scénographie : Alan Lake
Photos : Daniel Richard
Direction de production et direction technique : Antoine Caron

Durée 75 minutes

Étudiant / Aîné : 41,50 $
Général : 50,50 $

Sera présenté à Montréal, du 20 au 24 mars 2018

Alan Lake
Alan Lake Factori(e)
Québec


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Critique disponible
            
Critique

Trois ans après avoir présenté Ravages, le chorégraphe et artiste visuel Alan Lake est de retour à Montréal pour y présenter Le cri des méduses. Basé dans la ville de Québec, il crée des œuvres qui mélangent le cinéma, les arts visuels et la danse. Cette fois, il s’inspire de l’œuvre romantique Le Radeau de la Méduse, peinte par Théodore Géricault au début du XIXe siècle. On y reconnaît d’ailleurs des allusions au naufrage ayant coûté la vie à plus d’une centaine de personnes en 1816, au large des côtes africaines. Certains mouvements rappellent l’instinct de survie de certains passagers les ayant menés jusqu’au cannibalisme, alors que d’autres témoignent plutôt de la solidarité des naufragés. Dans le contexte actuel, les fresques vivantes qui se meuvent sur scène rappellent aussi la crise des migrants en Méditerranée, ainsi que les effets des changements climatiques sur la planète.

Neuf danseurs et un musicien live évoluent dans l’espace comme les personnages d’une toile exposée dans un musée, donnant l’impression au spectateur qu’ils n’appartiennent pas au même monde. Rares sont les spectacles qui placent un quatrième mur aussi épais entre la scène et la salle tant les danseurs laissent croire au public de ne pas être conscients de sa présence. Les tas de corps avancent parfois d’eux-mêmes, par reptation sur le sol, ou encore en étant tirés par l’un des interprètes. Grâce à des jeux d’équilibre et à l’usage de sangles, certains danseurs arrivent à défier la gravité en exécutant des mouvements suspendus dans les airs et en faisant preuve d’une force physique étonnante. À plusieurs moments, l’un des danseurs se détache de la masse pour reproduire avec une grande souplesse les ondulations des vagues ou pour exécuter un solo incarné. Les éclairages de Karine Gauthier découpent les corps athlétiques des danseurs, alors que la conception musicale d’Antoine Berthiaume donne à la chorégraphie une «organicité» et une profondeur inquiétante. Mais la chorégraphie d’Alan Lake tire sa plus grande force dans le travail plastique des corps, qui se transforment en sculptures vivantes à mesure que la pièce avance. Le spectacle prend la forme d’une succession de tableaux où les corps s’emboîtent, s’empilent, s’attirent ou se repoussent, alliant un côté macabre à une grande beauté et à une forte sensualité. La proximité des corps est très grande, alors que le groupe évoque un immense danger, mais aussi la plus grande chance de survie pour les protagonistes.

Le principal élément scénographique constitue en une structure de bois amovible et rotative sur roulettes à laquelle les danseurs s’accrochent comme à une bouée de sauvetage. Au cours de la représentation, les corps se recouvrent de substances diverses – de l’eau, de la peinture pulvérisée avec un extincteur à incendie ou des matières visqueuses qui rappellent du goudron –, jusqu’à la scène finale où une des interprètes s’immerge complètement dans un bain de peinture dorée. Le cri des méduses fait également l’objet d’un film de vidéodanse ayant débuté durant les répétitions du spectacle, dans un lieu désaffecté de la capitale, qui sera finalisé suite à la série de représentations scéniques en cours. Le spectacle étant fortement pluridisciplinaire, il sera intéressant de voir ce que le cinéma apportera de plus à l’œuvre déjà inspirante de la Alan Lake Factori(e).

23-03-2018
 

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