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Mois Multi - 26 janvier 2019, 11h
Dès 5 ans - primeur / carte blanche // ciné-concert indiscipliné

Alice bricolé est une première rencontre officielle entre les artistes de Théâtre Rude Ingénierie et les jeunes publics. Cette création est le fruit d’une carte blanche offerte par le commissariat, qui fait le pari d’un mariage heureux! Invités dans un curieux salon de thé, les spectateurs assistent à la présentation d’un objet artistique singulier, immersif et captivant, librement inspiré du ciné-concert. Déployant tout un univers d’images projetées, de musique, de sons, d’actions, fidèle à la démarche de TRI, le spectacle revisite de manière libre et poétique la célèbre histoire d’Alice au pays des merveilles. Le film, un collage de différents morceaux pigés parmi les nombreuses adaptations cinématographiques de l’oeuvre, trace l’aventure d’Alice en adoptant un regard inédit, inventif. Quatre musiciens-performeurs, à la fois instrumentistes, narrateurs, acteurs et bruiteurs, exécutent en direct la trame sonore de ce film. Des synthétiseurs construisent une musique, des objets sonores racontent des situations, des voix chantent et déclament les répliques des personnages, faisant progressivement basculer l’action de l’écran à la scène. Les spectateurs, comme chez le chapelier fou, prennent le thé et découvrent peu à peu un univers surprenant, déroutant, qui se joue des codes, des langages, et déjoue les attentes. Parce que ce voyage, au fond, n’est qu’un jeu…

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Performance et musique : Philippe Lessard Drolet, Bruno Bouchard, Pascal Robitaille, Alice Simard-Drolet

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C’est à l’invitation de Laurence P. Lafaille, commissaire du tout premier volet jeunesse de la programmation du festival Mois Multi, que Rude Ingénierie propose une adaptation bien personnelle du conte du romancier, essayiste et professeur anglais Charles Lutwidge Dodgson, mieux connu sous son pseudonyme Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles. C’est aussi une première incursion dans le monde du théâtre jeune public pour Rude Ingénierie ; une tentative plutôt fructueuse, qui semble beaucoup plaire aux membres de la compagnie. Le plaisir devient alors vite contagieux.

MonTheatre a eu la chance d’assister à la générale publique ; plusieurs changements seront à prévoir, il s’agit donc davantage d’un début de réflexion, voire un compte-rendu plutôt qu’une critique.

Décrit comme un « ciné-concert indiscipliné », cette nouvelle création, intitulée judicieusement Alice bricolé, propose une bande sonore originale interprétée en direct sur un montage de séquences vidéo provenant de dizaines de sources différentes. Notons au passage des images de l’adaptation de William Sterling (1972), de Alan Handley (1966), de Norman Mc Leod (1933), de la série animée germano-japonaise bien aimée, diffusée à Radio-Canada dans les années 80, et de bien d’autres plus ou moins rattachés directement à Alice. En résulte, à l’écran, un film presque expérimental, raboutant plusieurs scènes connues des deux contes de Carroll (Au pays des merveilles et À travers le miroir), qui ont marqué l’imaginaire de plusieurs générations.

Pour accompagner ces images animées, les musiciens-magiciens Philippe Lessard Drolet, Bruno Bouchard et Pascal Robitaille, entourés de leurs nombreux instruments, « patentent » une trame sonore parfois hypnotique et psychotronique, parfois un brin manouche, qui colle parfaitement à l’ambiance et aux images projetées. On crée en direct le bruitage, grâce à de vieux films 35 mm qu’on manipule, à un cornet de gramophone dans lequel on chante et à d’autres techniques plus ou moins électroniques. Les mélodies sont accrocheuses ; on se surprend souvent, minimalement, à dodeliner de la tête, ou même à danser sur place. Des sons caractéristiques sont omniprésents, comme celui du tic-tac d’un réveil matin.

Mais le petit coup de génie de ce projet est assurément celui de confier une grande partie de la narration à une toute jeune comédienne au prénom prédestiné, Alice Simard-Drolet, qui assure le doublage en direct des scènes parlées. Et si ses collègues sur scène la secondent dans cette tâche, entre autres lors de la scène de l’heure du thé avec le Chapelier, c’est avec surprise qu’on découvre qu’elle ne fait pas que la voix de la jeune fille rêveuse, mais aussi d’autres personnages. S’acquittant parfaitement du travail qu’on lui demande, elle devient alors ce lien précieux qui se crée entre le jeune public et le band.

Même si le spectacle était, au moment d’écrire ces lignes, toujours en cours de création (en work in progress), la proposition est déjà plutôt claire et, oui, brillante. Malgré plusieurs longueurs, où la troupe étire trop certaines scènes pour créer un effet hallucinatoire (comme celui où Alice tombe durant plusieurs minutes dans le terrier du lapin blanc), devenant, du coup, totalement absurde, on s’amuse beaucoup avec Rude Ingénierie à revisiter les nombreuses incarnations d’Alice à l’écran, replongeant dans des questionnements et des thèmes à propos, dont la quête puis l’affirmation de soi. Un ciné-concert indiscipliné, disait-on ? Alors vive l’indiscipline !

26-01-2019

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